[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #69. Scream 2
© 1997 - Dimension Films |
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !
#69. Scream 2 de Wes Craven (1997)
Comment faire suite à un chef-d'oeuvre du cinéma de genre, qui s'amusait justement à le prendre en grippe pour mieux renouveler ses codes, quand le dit film se suffit justement à lui-même, et n'appelle pas forcément... une suite ?
C'est toute la mission compliquée et quasiment impossible, qu'à tenté de relever le tandem Kevin Williamson/Wes Craven après le succès monstrueux et inattendu de Scream, qui a fait du premier l'une des coqueluches attirées d'Hollywood, et qui a gentiment redoré le blason du second dans le business, après une longue décennie de désillusion au box-office (mais pas du tout d'un point de vue qualitatif).
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Compliqué, dans le sens où au-delà même du fait de devoir tutoyer du bout de la pellicule, la perfection de son illustre aîné, cette séquelle produite - ou plutôt exigée, contrats à l'appui - par les frangins Weinstein dans la foulée du premier (pour qu'il sorte pile poil un an après lui, méthode reprise à la saga Halloween, et qui sera elle-même copiée par Lionsgate quelques années plus tard avec la franchise Saw), fut tellement attendue au tournant par les fans, qu'elle aura une production on ne peut plus chaotique, en grande partie... à cause d'eux.
Quelques jours après le début des prises de vues, le script du film débarquera directement sur la toile, obligeant Williamson a tout revoir à la dernière minute, quitte à salement tailler dans le gras (notamment du côté du personnage d'Hallie, la coloc de Sidney, était à l'origine la complice de Mme Loomis, et avait une présence importante au coeur de l'intrigue), mais surtout à diminuer l'aspect traumatisant d'un climax qui ne s'en sera jamais vraiment remis.
Impossible car même avec la meilleure volonté du monde, et une concordance des éléments proprement miraculeuses - comme le premier -, il était presque écrit que le tandem ne pouvait pas faire mieux que leur revival du slasher tendu à craquer, férocement ludique et étonnamment humain que fut Scream.
Totalement conscient de ce constat (ce serait les insulter que d'infirmer le contraire), ils vont donc y aller franco dans leur exploration du genre (exit les lycées, bonjour les facs et l'hommage à peine masqué à The House of The Sorority Row et Black Christmas), autant que dans le prolongement de la trame originale, et des fantasmes de son cinéaste.
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Plus que de simplement dépeindre comment chacun des survivants de la tuerie de Woodsboro, encaisse leurs séquelles un an plus tard, Scream 2 renforce considérablement la richesse et la complexité de ses personnages, d'une Gale résolument plus ambiguë (tiraillée entre son attachement à la bande et son métier de journaliste à buzz), à un Randy littéralement transformé - physiquement et psychologiquement -, passant du simili-geek loser à un jeune adulte plus sur de lui et résolument cynique (et dont l'intimité avec Sidney, qu'il aime désespérément, en fait clairement un personnage pivot de l'intrigue).
Mieux, si sa diatribe sur l'intérêt relatif des suites à Hollywood manque férocement de consistance, sa mise en abîme elle, jouant tout autant la carte méta, s'avère sensiblement plus juste et jouissive possible, et ce dès son prologue magistral : dans une salle de cinéma, Stab (film inspiré des événements de Woodsboro) rejoue le prologue de Scream premier du nom, tandis qu'une victime se fait tuer sous les yeux de tout le monde, et mêle ses cris à ceux de l'autre victime - fictive - à l'écran, tandis que son tueur est tout simplement, l'un des spectateurs de la salle.
Un choc total, moins tétanisant que le calvaire vécu par Drew Barrymore, mais savoureusement voyeuriste et malsain, qui permet à Craven de toucher encore plus distinctement, aux thèmes qu'il avait abordés sur le grisant Freddy sort de la nuit.
Sans totalement en faire une profession de foi - plus une note d'intention qui sera parfois zappée -, le tandem laisse planer tout du long ce sentiment de redite volontaire qui ne sera au final plombé que par son climax (fragile comparé à celui, grandiose, du premier film) et un humour bien trop superficielle pour convaincre, là ou ses envolées horrifiques pures elle, brillent par leur brutalité (la mort de Randy, de loin la plus traumatisante de la saga).
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Porté par un vieux routard de l'horreur, capable de faire grimper nos palpitants jusqu'à l'extrême dans des séquences tendues et taillées à la serpe (le prologue, la mort de Randy, le jeu de cache-cache entrr Gale et Ghostface dans le studio d'enregistrement, la répétition théâtrale avec Sidney,...), et incarnant un flasher pur et dur qui célèbre le genre dans les cris et le sang, Scream 2 est une solide suite, inférieure à son illustre aîné mais décemment plus recommandable que sa propre suite confuse et étonnamment prude et peu imaginative, là ou elle était pensée au départ par Williamson, comme un put*** de coup de boule dans les valseuses (une confrérie de meurtriers voulant un culte à Ghostface, qui sera refusée par des Weinstein ayant trop peur que le film soit rattaché à la dure réalité de l'époque, placée peu de temps après le massacre estudiantin de Columbine).
Mais à l'instar de Sylvester Stallone pour ses bébés John Rambo et Rocky Balboa, un ultime opus - à l'époque -, viendra corriger ses mauvaises notes finale, pour clôturer de manière positive la saga, avant qu'elle ne revienne, inéluctablement, sur le devant de la scène un de ces quatre... comme d'ici quelques mois.
Fuck you Hollywood...
Jonathan Chevrier