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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #114. Red Heat

© 1988 Carolco Pictures. All rights reserved

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !




#114. Double Détente de Walter Hill (1988)

Contre toute attente, gageons que Red Heat a subtilement gagné sa place dans les livres d'histoire sur le septième art - mais pas que - en tant que premier film entièrement produit aux États-Unis à avoir été autorisé à filmer en URSS en pleine Guerre Froide (plus sur sa fin, c'est vrai), même si le travail de localisation se limitait essentiellement à établir quelques plans du Kremlin sur la place Rouge - le reste des bobines furent usées entre Budapest et Chicago.
Voulu comme un potentiel hit qui allait remettre le vénéré Walter Hill au firmament après le bide injuste de son bouillant (et sans doute meilleur film) Extreme Prejudice, avec l'union férocement badass entre le papa de The Warriors, le chêne autrichien Arnold Schwarzenegger (au milieu d'un casting d'habitués du cinéaste) et feu la firme Carolco, Double Détente en VF, qui n'a pas forcément rencontré son public plus que cela en salles (injustice bis), transpire pourtant toute la série B que l'on aime, sorte de mélange hybride entre le buddy movie décomplexé et fandard, le western urbain et le polar hard boiled rugueux et violent, n'épargnant rien ni personne. 

© 1988 Carolco Pictures. All rights reserved


Passé une ouverture dantesque dans un sauna en pleine Sibérie, ou un Schwarzie salement in shape (et le mot est faible) et seulement vêtu d'une serviette, met une branlée à une bande de voyous tout aussi musclés et quasiment à poil, Hill ressort exactement le même road book que pour son 48Hrs (ça tombe bien, il fera encore une fois la même chose deux ans plus tard avec 48Hrs de Plus), et égraine une intrigue prétexte mais plaisante à suivre, ou un flic ruscoff discipliné et très protocole - le capitaine Ivan Danko -, traverse l'Atlantique pour coffrer un trafiquant de drogues géorgien qu'il n'a pas pu coffrer en Russie (et qui, parce qu'il faut de la tension intime, à cravater son coéquipier et seul ami), Viktor Rosta, et qui deal désormais avec les gangs blacks de Chicago, histoire d'inonder encore un peu plus l'Amérique de cocaïne.
Alors qu'il est censé l'extrader sans problème, tout ne va pas se passer comme prévu et il va devoir faire équipe avec son parfait opposé, Art Ridzik, flic/loser bedonnant et grande gueule, qui a un souci sérieux avec l'autorité.
Catapulté dans les bas fonds craspec de la cité de Bulls tout sauf accueillante (ah Capitalisme...), Danko, pur soldat à la volonté de fer, va tout faire pour choper Viktor, qu'il soit mort ou vif...
Bouillant comme une bouteille de vodka qu'on se vide cul sec dans le gosier, gonflé aux fusillades/emplafonnades gratuites - donc géniales - et porté par un ton politiquement incorrect férocement jouissif (un pur film républicain, et qui ne s'excuse même pas de l'être), qui ferait frémir le Magnum 44 de Dirty Harry, Red Heat ne fait jamais dans la dentelle, s'amuse de sa dynamique des contraires avec délice (Schwarzenegger est monolithique comme dans un Terminator, John Belushi cabotine comme un sagouin et Ed O'Ross, vraiment impressionnant, campe un solide et diabolique vilain majeur) tout en ayant totalement conscience du manque d'alchimie entre ses deux héros titre (mal assortis, aucun ne fait forcément quelque chose non plus pour changer la donne), et incarne un solide divertissement bourrin et peu aimable, une ode à la brutalité et à la masculinité qui n'a jamais peur de la redite; même dans les sonorités si identifiables de James Horner (qui les a recyclés à outrance dans la quasi-intégralité des B movies des 80's dont il s'est occupé).

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Un film d'un autre temps (et qui n'a, sans doute, aucune chance de voir le jour aujourd'hui ou tout est quasiment lissé à outrance, même dans le cinéma populaire), au capital sympathie énorme pour tous les amateurs d'actionners biberonnés au cinéma de l'époque, une vraie madeleine de Proust made in vidéo club qui ne fait peut-être pas partie du haut du panier du genre, mais qui se savoure sans faim... et surtout sans modération.


Jonathan Chevrier 

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