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[CRITIQUE] : Togo


Réalisateur : Ericson Core
Acteurs : Willem Dafoe, Julianne Nicholson, Christopher Heyerdahl, Michael McElhatton, Richard Dormer, Zahn McClarnon, Nive Nielson,...
Distributeur : Disney Plus France
Budget : -
Genre : Aventure, Famille, Historique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h53min

Synopsis :
Quand une épidémie de diphtérie ravage un village isolé d'Alaska durant l'hiver 1925, rendant gravement malades d'innombrables enfants, la population est en émoi car l'antitoxine nécessaire à leur guérison se trouve à des centaines de kilomètres de là, au-devant de terrains difficiles à traverser et alors qu'une tempête gigantesque se profile à l'horizon. Les responsables du village s'en remettent alors au seul homme capable de les sauver, Leonhard Seppala, accompagné de son chien de traîneau, Togo.
Adapté de faits réels.



Critique :

Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux comme le disait si bien Baloo, et force est d'avouer que c'est l'impression enthousiasmante que nous fait ressentir Togo sur le papier : plein de chiens de traîneau tout beau, l'immense Willem Dafoe en vedette et un cadre enneigé littéralement à tomber.
Que demander de plus, même si la chose est mise en boîte par Ericson Core, à jamais dans la blacklist des cinéphiles, pour avoir vainement tenté de cornaquer un remake (au demeurant horrible, mal incarné et mal torché) au sacro-saint Point Break de Queen Kathryn Bigelow.
Car comme dit plus haut, la majeur partie du beau plaisir coupable qu'incarne Togo, réside en grande partie de la simple joie de regarder Dafoe interagir avec des chiens, au-delà même de la belle histoire importante qui est narrée derrière l'amitié unique - et complexe - entre un maître et son compagnon à quatre pattes : la course du sérum - plus précisément de l'antitoxine diphtérique, et nommé la Grande Course de la Miséricorde - en 1925, pour sauver le village de Nome, en Alaska, d'une grave épidémie, couplé donc au destin d'une chienne considérée par la plupart comme trop petite et trop faible pour mener une course aussi intense.


Copyright Disney +

Épique même dans ses dialogues (Dafoe, charismatique comme rarement, verrouille même une version abrégée du discours de la Saint-Crispin d'Henry V de William Shakespeare), gentiment dépouillé - toute l'intrigue est resserrée sur le héros et ses chiens -, le film se veut comme un bel hommage à Togo et son musher/meneur de chiens Leonhard Seppala, un couple courageux un brin éclipsé par l'épopée du chien Balto, le chien de tête dans la dernière ligne droite de la course (bien, bien plus célèbre, entre une statue à Central Park et une franchise d'animation du côté de chez Dreamworks), alors qu'ils ont parcouru la parcelle la plus longue - le double de tous les autres participants - et la plus dangereuse de la course.
Avec une certaine ampleur et une dévotion sincère, Ericson Core leur offre le petit quart d'heure de lumière qu'ils méritent, privilégiant leur relation dans la difficulté (une course exténuante qui fera des ravages sur la santé de la courageuse chienne) plus que l'importante humaine et scientifique de leur acte, notamment via des flashbacks (aux couleurs chaudes, tranchant avec la froideur du quotidien) détaillant leur relation conflictuelle (Seppala ne voulait pas garder Togo pour son bien, autant pour son caractère que pour son apparente fragilité physique, avant de réaliser qu'elle est une leader née et une chienne de traîneau parfaite), mais aimante.


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Privilégiant intelligemment des cadres réalistes - superbe photo de Core, qui multiplie les casquettes - et des animaux plus vrais que nature (coucou L'appel de la Forêt) autant que son exploration intime et juste de la fascination humaine pour les chiens (on veut tous notre Togo à la fin du film), Togo fonctionne tout du long grâce à l'émotion puissante qu'il suscite, et sa propension étonnante à rendre palpitante une course faussement monotone, en en faisant un merveilleux tableau plein de vie.
Bref, Dafoe aime ses chiens mignons et courageux, ses chiens l'aiment, et nous on aime Togo, vraiment.


Jonathan Chevrier