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[CRITIQUE] : Jusqu’au Déclin


Réalisateur : Patrice Laliberté
Acteurs : Guillaume Laurin, Marie-Évelyne Lessard, Réal Bossé, Marc Beaupré, ...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller
Nationalité : Québécois
Durée : 1h23min

Synopsis :
Un jeune homme, Antoine, désire suivre une formation en survivalisme dans un coin reculé de la forêt dans le nord québécois.



Critique :


Netflix continue de dévoiler un catalogue qui sied parfaitement à la conjecture actuelle. Après La Plateforme de Galder Gaztelu-Urrutia et Chez Moi de David et Alex Pastor, Netflix continue de sonder l’âme humaine, et ce qu’elle est capable de faire quand elle est poussée à bout avec Jusqu’au Déclin de Patrice Laliberté, un Netflix original québécois disponible depuis le 27 mars sur la plateforme. Première production pour le Québec de la part de Netflix, qui décide de filmer des paysages enneigés, pour un film qui louche sur le thriller et le survival.

Copyright Netflix


Le film de Patrice Laliberté, scénarisé par lui-même ainsi que Nicolas Krief et Charles Dionne, a été tourné bien avant les débuts de la pandémie du Covid-19. Pourtant, le récit du film nous semble terriblement actuel et explore la peur d’un ennemi invisible, auquel quelques uns essayent pourtant de se prémunir. Dans la région Laurentides, au nord de Montréal, Antoine, un père de famille vient assister à une formation survivaliste, pour se préparer à une éventuelle crise politique, sociale ou naturelle, qui pourrait créer un désastre et le mettre en danger, ainsi que sa famille. Laquelle se prête au jeu, comme nous le montre le début du film, où ils se préparent en pleine nuit à la va-vite, un exercice habituel, comme on le comprend aisément. Il est invité, avec quelques autres personnes à suivre Alain, qui a créé sa ferme indépendante, pour pouvoir survivre seul. Ils ne se voilent pas la face, face aux images que leur renvoient le monde et la société et décident de prendre le taureau par les cornes : autant prendre les devants et être fin prêt à toute éventualité. La bande se livre à des leçons quotidiennes, pour protéger son terrain, créer un garde-manger, afin de ne compter sur personne, même le gouvernement. Alain, le formateur, est heureux de pouvoir transmettre son savoir à des personnes qui partagent son point de vue, mais le spectateur, ainsi que ses élèves comprennent bien vite qu’il serait prêt à tout pour garder ce qu’il a passé des années à construire.

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Nous le savons maintenant, les situations de crise font ressortir les pires instincts de l’espèce humaine. C’est ce que vont vite comprendre Antoine et ses compagnons, quand un simple accident va transformer la formation en cauchemar. Pour un survival, Jusqu’au Déclin décide de rester réaliste, n’hésitant pas à lorgner du côté de la violence sanglante, amenée d’une manière cohérente par le récit. Les personnages vont devoir survivre, non pas à cause d’une pandémie ou d’une crise naturelle, mais bien à cause du comportement humain, qui quand il est mis en situation de stress, peut agir d’une façon irrationnelle. C’est parce qu’on ne sait jamais comment les personnes nous entourant vont réagir, qu’une situation catastrophique peut devenir véritablement dangereuse.

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Le film prend pourtant son temps, de ses une heure vingt, pour nous présenter le caractère de chaque personnage, des indices capitaux qui serviront à comprendre leur réaction plus tard. Paradoxalement, Jusqu’au Déclin ne s'intéresse pas beaucoup à ses personnages, qui ne sont que des entités qui doivent subir une action . Le film se concentre principalement à se créer une identité propre, grâce à une mise en scène fluide, qui s’autorise de long mouvement de caméra sur les actions et les paysages. Qui du coup, laisse la place à la violence et aux images sanglantes. Cette façon de faire empêche aux scénaristes de devoir écrire une tonne de discussion pour introduire les personnages, mais supprime par la même occasion toute émotion. Nous pouvons être portés par le rythme qui s’intensifie, mais en aucun cas, leur sort nous importe.

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Le métrage porte en lui cependant des idées excellentes, qui un peu plus exploitées auraient donné un film un peu plus consistant. La fluidité de la caméra amorce celle du récit, qui déroule son postulat rapidement pour mieux nous immerger dans l’action. Quel dommage donc que de n’avoir que peu d’action au final, avec un climax qui rend pas compte de la tension présente tout le long. Le décor et l’ambiance que le climat et la blancheur de la neige peuvent amener (on pense notamment à Wind River de Taylor Sheridan) ne sont pas assez utilisés. Le sentiment d'oppression manque pour se sentir scotché sur son siège/canapé.

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Si Jusqu’au Déclin sort à point nommé, prenant de la force dans notre actualité, avec un propos intelligent sur la menace (qui viendrait des hommes et non de la nature), il ne se démarque pas d’un autre film survival. La faute à un souci d'efficacité qui prend le pas sur les personnages, l’élément humain étant très peu présent au final, laissant la place uniquement à l’action du récit.


Laura Enjolvy 



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