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[CRITIQUE] : Le Prince Oublié


Réalisateur : Michel Hazanavicius
Acteurs : Omar Sy, Bérénice Bejo, François Damiens, Sarah Gaye,...
Distributeur : Pathé
Budget : -
Genre : Aventure, Comédie, Fantastique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h41min.


Synopsis :
Sofia, 8 ans, vit seule avec son père. Tous les soirs, il lui invente une histoire pour l’endormir. Ses récits extraordinaires prennent vie dans un monde imaginaire où l’héroïne est toujours la princesse Sofia, et son père, le Prince courageux. Mais trois ans plus tard, quand Sofia rentre au collège, elle n’a plus besoin de ces histoires. Désarmé, son père va devoir accepter que sa fille grandisse et s’éloigne de lui. Dans leur Monde imaginaire, le Prince va alors devoir affronter la plus épique de toutes ses aventures pour conserver une place dans l’histoire.




Critique :



On avait laissé le brillant faiseur de rêves Michel Hazanavicius avec une expérience en demi-teinte (oui), Le Redoutable, quasi-film à sketchs façon mise en abîme réjouissante mais manquant de peps et de maitrise, sur une période charnière de la vie du grand Jean-Luc Godard : le tournage puis la réception de La Chinoise porté la femme qu'il aime, Anne Wiazemsky, de 20 ans sa cadette, le tout avec mai 68 en toile de fond.
Esthétiquement remarquable mais totalement tronqué par une vision fragile (le cinéaste ne va jamais réellement au fond de son sujet, autant dans le fond que dans la forme, lui qui semble vouloir aborder toute les facettes d'un homme dont il ne fait qu'effleurer l'aura fascinante), on attendait donc l'arrivée de son prochain projet pour le voir corriger un brin le tir.



Accouché dans la douleur - trois ans -, semblant tirer son essence d'une " Adam Sandlerie " made in Disney - Histoires Enchantées d'Adam Shankman -, dont la comparaison est plus qu'évidente avec sa (très) maladroite campagne promo, Le Prince Oublié porté par le génial - mais pas toujours habile dans ses choix ciné - Omar Sy, Bérénice Bejo ou encore François Damiens, n'incarnera malheureusement pas le film de la réconciliation pour le bonhomme, qui s'aventure fébrilement pour la première fois dans le giron du bon gros divertissement familial.
L'envie de se renouveler après deux opus résolument plus singuliers - et boudés, avec plus ou moins de justice -, était on ne peut plus louable, celle même de draguer un public plus large se rappelant avec nostalgie, ses belles heures passées (les deux premiers OSS 117), l'était peut-être encore plus, mais encore faut-il y mettre les formes et les moyens, et plus qu'un manque d'ambition, c'est un vrai souci d'implication devant et derrière la caméra, qui plombe ce nouvel essai pour pétri de promesses.
Si les thèmes majeurs sont bien là (l'angoisse d'être oublié qui hante sa filmographie, l'amour père/fille, l'imaginaire autant comme refuge face à la dureté de la vie que comme un ciment puissant d'une relation, la nostalgirme du temps qui passe,...), et l'idée d'aborder le giron plutôt fertile du conte onirique - même pour le pervertir un poil -, était judicieux, jamais pourtant Hazanavicius ne laisse transparaître son mojo si délectable, ce petit je-ne-sais-quoi de si reconnaissable (entre irrévérence et références subtilement choisies) qui aurait donné suffisament de peps à cette histoire alternant réalité et imaginaire bien trop lisse, prévisible et qui se cherche tout du long, d'un père devant encaisser le fait de ne plus être celui qui fait rêver son adolescente de fille.



Esthétiquement séduisant et plutôt bien interprété dans l'ensemble (Omar Sy porte le film sur ses larges épaules), mais manquant cruellement de relief (un comble pour une oeuvre alternant réalité et imaginaire) et de force, ne rendant jamais vraiment justice au beau score d'Howard Shore tout en citant clairement le bijou Vice-Versa de Pete Docter (notamment dans son premier tiers décortiquant le monde onirique créé par Djibi et sa fille), Le Prince Oublié est un conte familial plaisant mais manquant cruellement de corps et de dynamisme, ou Hazanavicius n'apporte ni sa patte ni même son savoir-faire (jadis) indéniable.
Une déception avant toute chose.


Jonathan Chevrier 

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