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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #71. Tequila Sunrise

Copyright D.R.
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !




#71. Tequila Sunrise de Robert Towne (1989)

Sur le papier, Tequila Sunrise de Robert Towne aurait presque des allures d'occasion manquée, tant l'idée d'avoir en son casting vedette rien de moins que Martin Riggs/Max Rockatansky et Snake Plissken/Gabriel Cash, laisserait présager à tout amoureux du cinéma d'action viril des 80's, la possibilité d'une rencontre au sommet à coups de gunfights jouissifs et de punchlines bien senties.
Ce que n'est évidemment pas la seconde réalisation du fantastique scénariste américain, à l'imaginaire tellement foisonnant qu'il en est proprement indéchiffrable.
Une complexisté qui se ressent dans quasiment tous ses écrits, où les intrigues défilent et s'enfilent dans l'inconnue, n'ayant jamais peur de contredire toutes les potentielles certitudes que l'on peut avoir, d'une scène à l'autre (Chinatown de Roman Polanski, est sans doute son script qui définit le plus justement cette vérité).
L'exemple du magicien à qui il ne faut absolument pas faire confiance, tant il est capable de nous sortir un second lapin de son chapeau à peine une seconde après nous avoir dévoilé le premier, le genre de plume fantasque qui nous en dit plus sur les personnages et leurs caractères, quand ils ne sont pas à l'écran.

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Labyrinthique, Tequila Sunrise l'est décemment moins que Chinatown, La Firme ou Frantic, ce qui ne joue pas pourtant sur sa potentielle appréciation, et encore moins sur ses qualités premières, lui qui incarne un prenant polar teinté d'une romance à trois coeurs, ou les sous-intrigues sournoires viennent continuellement draguer une histoire simpliste, mais à l'efficacité redoutable.
Le long-métrage, catapultée en salles en pleine hype du néo-noir à Hollywood, suit les aléas Dale McKussic, sans doute le plus gentil trafiquant de drogue de l'histoire du septième art, vivant au bord de la plage à L.A. avec un fils dont il a peur de perdre la garde.
C'est un dealer repenti, passablement à la retraite (sans que le métier lui est laissé des séquelles sérieuses), qui n'a plus le train de vie de son passé (ce qui, dans un sens, peut justement lui couter la garde de son fils, parce qu'il n'a plus l'argent pour verser sa pension à une ex-femme cupide), mais qui ne demande qu'à rester dans le droit chemin de la légalité, même si son passé semble peu à peu empoisonné son présent.
Et c'est bien là, la grande question véhiculée tout au long du film : a t-il réellement laissé la drogue de côté ?
Une question qui prendra encore plus d'importance le jour ou il tombe amoureux de la belle Jo Ann Vallenari (sublime Michelle Pfeiffer), propriétaire d'un restaurant italien, qui elle-même fait craquer son meilleur ami, Nick Frescia, agent des stups qui voit dans le retour en ville du baron de la drogue Escalante - ami proche de Dale -, la preuve que son BFF n'en a pas vraiment fini avec le milieu...
Plus intéressé par sa romance à trois voies que la question d'un trafic de drogue qui gangrène la côte Ouest, Towne tisse une toile trouble enchevêtrée autour de ses personnages au point que l'on ne sache - volontairement - jamais vraiment ce qu'il se passe, bousculant autant les certitudes (les notres et celles des héros eux-mêmes) qu'une chronologie souvent fragile, jusqu'à un final qui lui-même, laisse pleinement le mystère sur les intentions et la personnalité de Dale McKussic.


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Porté par une atmosphère ensoleillée volontairement étouffante et des scènes de tensions suintantes qui font un effet boeuf - tous commes les dialogues, dynamiques et intelligent -, le film suit des personnages qui ne semblent exister que dans leur propre Los Angeles, complètement à l’abri de la métropole animée et écrasante, un monde dans le grand monde uniquement peuplé par leurs propres problèmes et leurs conflits de plus en plus croissants, des pièges dont ils semblent incapable de se défaire, quoiqu'ils fassent.
Jamais vraiment clair - et c'est ce qui en fait sa plus grande force -, pas avare en rebondissements (même improbables) et incarné à la perfection (un trio Gibson/Pfeiffer/Russell solide, auquel s'ajoute un feu Faul Julia qui cachetonne joyeusement), Tequila Sunrise - qui tient encore admirablement bien la route aujourd'hui - laisse perplexe, fascine autant qu'il séduit, et incarnee une de ses petites bandes malines et trompeuses qui demandent pleinement à son auditoire de s'abandonner à elle, pour qu'elle se joue habilement de lui.



Jonathan Chevrier

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