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[CRITIQUE] : Maléfique : Le Pouvoir du Mal


Réalisateur : Joachim Rønning
Acteurs : Angelina Jolie, Michelle Pfeiffer, Elle Fanning, Harris Dickinson, Chiwetel Ejiofor, Sam Riley, Ed Skrein,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Fantastique, Aventure.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h59min.

Synopsis :
Plusieurs années après avoir découvert pourquoi la plus célèbre méchante Disney avait un cœur si dur et ce qui l’avait conduit à jeter un terrible sort à la princesse Aurore, Maléfique : Le Pouvoir du Mal continue d’explorer les relations complexes entre la sorcière et la future reine, alors qu’elles nouent d’autres alliances et affrontent de nouveaux adversaires dans leur combat pour protéger leurs terres et les créatures magiques qui les peuplent.



Critique :



Force est d'avouer qu'à la différence de beaucoup, nous étions sortis plutôt conquis de Maléfique premier du nom.
Bien loin du simple prequel pensé, la péloche s'imposait in fine bien plus comme une extension de l'univers du conte crée par Charles Perrault (un peu comme le mal aimé Blanche-Neige et le Chasseur de Rupert Sanders), qu'une quelconque reprise faiblarde, totalement vouée à son héroïne.


Exit donc le caprice d'une sorcière non-invitée à un baptême royale, le film tendait à se pencher sur les vraies raisons du passage du coté obscur de la force de la fameuse Maléfique, dont la nature de sa colère est bien plus profonde qu'on ne le pense (elle n'est qu'une victime douloureuse de plus, de la violence des hommes).
Un désir d'humanisation malin articulé autour d'un background imposant et une importance totale au coeur de l'intrigue (le tout avec en filigrane son histoire d'amour impossible d'avec Stefan, véritable moteur des actions du film), fascinant dans son premier tiers avant de devenir assez casse-gueule sur la longueur, devenant clairement un handicap pour le développement naturel du récit.
Une ambition scénaristique certes parfois bancale mais fort louable, qui apporte une consistance (voir même une justification) salvatrice à la vengeance de la redoutable sorcière - qui implique sa fameuse malédiction de la descendance du Roi Stefan, Aurore -, puisque c'est la trahison de cet homme envers lequel elle aura légué toute sa confiance et son amour, qui fera que la souffrance l'a consumera (presque) irrémédiablement.
Soit une méchante qui n'en est pas réellement une mais qui a, justement, toutes les raisons logique de l'être.





Reste que, grâce à l'abattage fou d'une Angelina Jolie totalement habitée, les aventures " jamais vu ni connu " de Maléfique dans un univers follement poétique et gothique, se plaçait dans forcer à plusieurs coudées devant nombreux des remakes live concoctés par la firme aux grandes oreilles.
Carton maousse costaud oblige, une suite s'est vite imposée et c'est sans doute la pire chose qui pouvait lui arriver, tant l'amateurisme/je-m'en-foutisme qui caractérise cette séquelle, en dit long sur la manière dont Disney considère son spectateur et sa croyance en sa faculté de consommer aveuglément toutes ses productions.
Recyclant sa tambouille sans sourciller une seule seconde, cette suite non plus signée Robert Stromberg mais bien le yes man Joachim Rønning (qui avait déjà laissé son ambition au vestiaire sur le dernier Pirates des Caraïbes), ne s'embarasse que vainement d'un script prétexte aux incohérences béantes, Maléfique : Le Pouvoir du Mal ressemble à s'y méprendre à un épisode de Plus Belle la Vie tourné à l'aveuglette dans un hangar aux fonds verts rarement aussi peu affutés.
On y suit avec un intérêt proprement pantouflard les aléas d'une guerre des apparences bancale et désincarnée (on a l'impression d'entendre le même air de flûte qu'il y a cinq ans... en plus atterrant), faussement animée par des comédiens prestigieux aussi convaincants et impliqués que tous les participants d'une émission de télé-réalité quelconque (seul Pfeiffer semble s'éclater comme une dingue), flanqués de personnages unilatéralement croqués avec les pieds et de rebondissements sans le moindre punch.



Bavard, cheap et étrangement violent pour une bande estampillée tout public, la bande se paye même le luxe de se perdre visuellement sous un amas de références pompées avec un irrespect total, de la poésie pure d'un Legend à la bioluminescence d'Avatar, en passant par la beauté médiéval du Seigneur des Anneaux ou encore la féerié farfelu d'Oz - voire même du peu défendable Alice aux Pays des Merveilles -; le tout salement englué une pluie d'effets numériques fleurant bon l'orgie sans saveur qui brûle la rétine.
Sorti il y a maintenant cinq ans et demi, le premier film racontait son histoire avec dix fois plus de maîtrise et de subtilité que ce pâle calque pelliculé au bestiaire dépressif, qui s'est même ôté son plus bel atout de manière totalement incompréhensible (James Newton Howard au score, remplacé par la partition fantomatique de Geoff Zanelli, déjà à l'oeuvre sur le dernier... Pirates des Caraïbes de Rønning).
Allez, pas d'ambiguïté : Maléfique : Le Pouvoir du Mal est un film dénué de charme et raté dans les grandes largeurs, tout simplement.


Jonathan Chevrier




Une ombre menaçante, des cornes, un rire démoniaque, Maléfique venait au baptême de la petite princesse blonde, Aurore et lui lançait une malédiction par pure méchanceté, parce que personne ne l’avait invité. A seize ans, Aurore se piquera le doigt et plongera dans un profond sommeil, elle ne pourra se réveiller qu’avec un baiser d’un amour véritable. Mais Maléfique n’a pas eu de chance, la princesse a rencontré un prince deux jours avant, Philippe, qui arrivera à la fois à libérer Aurore d’un baiser, et à l’affronter dans sa forme encore plus maléfique, un dragon.



Qui n’a pas frissonner devant cette version de la méchante la plus connue du studio Disney réalisé en 1959 par Clyde Geronimi ? Dans sa phase de reboot, la firme aux grandes oreilles avait en 2014 eu une idée un peu bizarre. S’intéresser uniquement à Maléfique, réécrire son histoire pour comprendre pourquoi elle a glissé vers le mal. Nous n’avions pas besoin de comprendre pourquoi cette fée démoniaque avait ce besoin de s’en prendre à une princesse virginale innocence.
La surprise fut de taille, Maléfique était plus profond que prévu. Nous étions face à un film à l’univers riche et foisonnant, à une histoire de vengeance d’une femme qui a vécu le pire, face à l'égoïsme des hommes. Une suite n’était pas nécessaire. Pourtant cinq ans plus tard, Angelina Jolie remet ses cornes et reprend du service. Pour le meilleur ou pour le pire ?



Nous avions laissé Maléfique et Aurore en paix, dans un lien mère/fille fort. Cinq ans après, la paix n’est plus vraiment là. Des lutins et des fées disparaissent des Landes et des gardes, du royaume des humains. Mais l’humeur n’est pas aux doutes, mais à la joie. Philippe vient de demander la main de Aurore. Une union entre deux personnes, mais aussi entre deux royaumes. Un problème subsiste : la marraine de Aurore, qui ne voit pas ce mariage d’un bon œil. Il est vrai que Maléfique se méfie des humains, à raison. Elle fait cependant un effort et rencontre la famille du prince Philippe, dont la mère de celle-ci la reine Ingrith. On le voit évidemment venir, tout ne va pas se passer comme prévu. Une guerre va faire rage entre le monde magique et le monde humain.



Nous replongeons dans cet univers riche, coloré, plein de petites créatures mignonnes en effet spéciaux. Un univers baroque imposant, une dualité de la lumière et de l’ombre, qui rappelle la dualité entre les fées et les humains. Ce motif manichéen porte le film : le bien contre le mal, la reine blanche contre la reine noire. Une partie d’échec qui décidera qui a raison : Ingrith qui pense que la magie est responsable de sa vie misérable ou Maléfique qui voit les humains comme des être égoïstes et malfaisants. Les deux ont tort, et Maléfique, le pouvoir du mal montre l’importance du vivre ensemble. Que l’identité se construit surtout par nos choix, et surtout que la haine et la vengeance ne résoudront rien. Une question nous vient en tête : ce n’était pas ce que nous disait déjà la premier Maléfique ? Oui. Et c’est là où cette suite ne mérite aucune louange : elle n’apporte rien de plus. Disney a du mal à cacher le vrai motif du film : l’argent. Un scénario creux, naïf. Des personnages stéréotypés, lisse. Un ennui poli.




Maléfique, le pouvoir du mal a du mal à convaincre. Sentant le réchauffé, il ne convainc pas totalement, voir pas du tout. Il vaut mieux se contenter du premier, qui réunit tout ce qu’on attend d’un bon film Disney.


Laura Enjolvy