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[CRITIQUE] : Scary Stories


Réalisateur : André Øvredal
Acteurs : Zoe Margaret Colletti, Michael Garza, Gabriel Rush,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Épouvante-Horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h51min.

Synopsis :

Dans un manoir abandonné, un groupe de jeunes trouve un livre qui raconte des histoires terrifiantes. Mais cette trouvaille n’est pas sans conséquence : la lecture du livre permet à ses effroyables créatures de prendre vie… La petite ville va alors faire face à une vague de morts particulièrement atroces, et chacun devra affronter ses pires peurs pour sauver les habitants et arrêter ce carnage.




Critique :



Petite anecdote ironique - ou pas -, avant de devenir la nouvelle réalisation horrifique du norvégien André Øvredal, papa du très réussi et old school The Jane Doe Identity, Scary Stories était une anthologie hispanique éponyme, sortie un peu trop dans l'anonymat des radars cinéphiles il y a douze ans, une vraie pépite composée de plusieurs bandes cornaquées par la fine fleur des jeunes artisans du cinéma fantastique espagnol de l'époque (Balaguero, de la Iglesia, Plaza,...) auxquels s'était greffé pour l'occasion, le vétéran Narciso Ibanez Serrador.
Fin de l'anecdote et retour au présent donc, avec la "version" 2019, qui n'a évidemment de commun que le titre (puisqu'il s'attaque au recueil de nouvelles Scary Stories to tell in the dark d’Alvin Schwartz), coproduit et coécrit par un Guillermo Del Toro dont la figure tutélaire s'est montré plus qu'imposante dans la campagne promotionnelle (majoritairement, si ce n'est pas totalement axé sur son nom), et qui joue pleinement la filiation avec Les Contes de la Crypte et une épouvante old school, via un cauchemar sur pellicule profondément sombre et baroque, mais qui laisse néanmoins son auditoire un poil sur sa faim dans sa volonté de ne jamais dépasser le frisson conventionnel.



Catapultant quatre adolescents inconscients face à un livre démoniaque, qui leur fera payer leur naïveté en les soumettant à leurs peurs les plus profondes via des histoires terrifiantes - pour être raccord avec le titre -, Scary Stories, loin d'être un vulgaire shocker, manie avec autant d'efficacité que de modestie les ficelles du genre, conscient qu'il n'atteindra jamais la maestria ses illustres aînés.
Se rêvant garant d'un fantastique aussi complexe que sincère, en embrassant la face sombre de la puissance des écrits tout en la confrontant au mal d'une époque (la guerre du Vietnam), comme avait su le faire Del Toro sur son diptyque L'Échine du Diable/Le Labyrinthe de Pan (on sent l'implication évidente de la plume du bonhomme au scénario), le film d'Øvredal, au bestiaire proprement imposant et à l'ambiance envoûtante (entre épouvante et nostalgie d'une horreur volontairement old school), croque son initiation à la dure du passage à l'âge adulte, avec une application certaine, non sans taper au passage sur la politique de Nixon (un pays de tous les possibles où la notion de liberté ne voudra bientôt plus dire grand chose).
Le hic, c'est qu'au lieu de franchement décoller les papiers peints avec une horreur frénétique et violente, comportant son lot non-négligeable de moments de flippes, la péloche se prend souvent les pieds dans son voeu de chasteté et d'une horreur " tout public ", influencée mais jamais vraiment radicale.
Un vrai film de studio, glauque et (très) divertissant, oubliant parfois ses personnages en cours de route (quitte à plomber toute potentielle identification pour certains) et se terminant sur un climax évidemment ouvert, appelant inéluctablement à une suite (qui arrivera, vu son succès d'estime outre-Atlantique), et n'ayant pour seul vrai défaut que de ne pas aller au fond des choses, et de son envie de glacer le sang.



Sans surprise donc - ce qui n'est pas fondamentalement un souci, et encore moins ici -, mais efficace, convaincant et un brin méchant, sublimé par une mise en scène diaboliquement efficace et élégante (qui ne remette jamais en doute le talent de son cinéaste), Scary Stories transpire le fantastique au coeur d'un film d'épouvante à l'ancienne, au rythme prenant et au trouillomètre certes sensiblement fragile, mais qui parvient sans peine à se hisser bien au-dessus des productions de genre du moment.


Jonathan Chevrier