[CRITIQUE] : Attaque à Mumbai
Réalisateur : Anthony Maras
Acteurs : Dev Patel, Armie Hammer, Jason Isaacs,...
Distributeur : e-Cinema
Budget : -
Genre : Thriller, Drame
Nationalité : Australien, Indien, Américain.
Durée : 2h05min
Synopsis :
Inspiré de faits réels.
Novembre 2008, une série d’attaques terroristes a lieu dans la ville de Mumbai. Durant trois jours, des hommes armés prennent d’assaut le légendaire Taj Mahal Palace Hôtel en retenant les clients et les employés qui s’y trouvent. Au milieu de ce chaos, le Chef du restaurant et un serveur vont risquer leur vie pour protéger leurs clients. Parmi eux, un couple va tout faire pour protéger leur nouveau-né. Alors que le monde entier découvre ces évènements tragiques, ce qui se déroule à l’intérieur dépasse l’inimaginable. L'histoire vraie des attaques terroristes qui se sont déroulées à Bombay en novembre 2008.
Critique :
En catapultant son auditoire au ❤ des attentats du 26 novembre 2008 perpétrés à Mumbai, tout en prenant le parti pris de ne jamais en édulcorer la violence, #AttaqueAMumbai incarne odyssée brutale et perturbante, un survival épouvant qui n'épargne rien, qui a rebuter et épuiser pic.twitter.com/a3rzkCo1rw— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 11 juillet 2019
Avant même que l'on se donne l'idée d'appuyer sur le bouton play et de démarrer le film, gageons que le bien nommé Attaque à Mumbaï d'Anthony Maras, dont c'est le premier long (on a trouvé sujet plus facile comme premier essai...), est de ces rares péloches qui ont tout en elle, pour créer un profond malaise dans la psyché de son auditoire.
En effet, la péloche retrace les attentats du 26 novembre 2008 à Mubay (Bombay), un massacre inhumain coordonné en 10 attaques simultanées et ou pendant trois jours, dix militants islamistes ont maintenu le siège et assassiné rien de moins que 188 personnes, notamment dans au Taj Hotel qui sert ici de cadre principal au film.
Un sujet furieusement cinématographique tout autant qu'il est profondément amoral, et dont on peut éternellement discuter la légitimité, surtout que le wannabe cinéaste n'y va clairement pas de main morte pour catapulter son auditoire, au coeur d'un massacre proprement insoutenable.
Démarrant gentiment mais très maladroitement (une courte introduction au montage bancal) avant de plonger tête baissé dans l'horreur, au sein d'une tension douloureusement constante et terrifiante, Hotel Mumbai en v.o, est un survival tétanisant à la limite de l'insoutenable, tant il place constamment son spectateur comme un témoin impuissant d'une pluie de mises à mort glaciales pendant plus de deux heures.
Un parti pris qui a de quoi dérouter puisque Maras ne parvient jamais réellement à rendre convaincant son point de vue, à la différence d'un Gus Van Sant par exemple, pour le formidable Elephant (vision hors du temps d'une tragédie qui pointe tout du long son nez tel un orage menaçant, avant d'exploser avec violence au visage du spectateur).
Cherche t-il à nous proposer une oeuvre cathartique visant à nous faire ressentir de plein fouet l'horreur que peut créer la folie et la noirceur de l'âme humaine, pour mieux nous faire réagir ?
Nous interroger dans notre rapport au voyeurisme et à la violence à l'écran ?
Nous rappeler à une horreur bien réelle (ce qui n'aidera considérablement pas le processus de guérison des victimes et de leurs proches), de plus en plus présente dans l'actualité, où les tueries terribles sont devenus légion ?
Un pari partiellement réussi tant Attaque à Mumbai est un film éprouvant, brutal et perturbant à tous les niveaux, une péloche certainement louable sur le fond (prendre le parti des victimes, ici toutes empathiques et incarnés avec justesse, et rendre hommage aux employés de l'hôtel restés pour sauver la clientèle, mais aussi la volonté ne jamais édulcorer la violence, même à son paroxysme) et émotionnellement puissante, mais dont la légitimité/nécessité et les bonnes intentions seront constamment remises en doute par sa volonté outrancière et gênante de choquer le public pour mieux marquer son esprit et le forcer à garder en mémoire cet horrible évènement.
Le problème de tout film - ou presque - prenant pour toile de fond un tel sujet, et offrant des plongées aussi réalistes en enfer...
Jonathan Chevrier