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[CRITIQUE] : Anna



Réalisateur : Luc Besson
Acteurs : Sasha Luss, Helen Mirren, Luke Evans, Cillian Murphy,...
Distributeur : Pathé
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h59min

Synopsis :
Les Matriochka sont des poupées russes qui s’emboîtent les unes dans les autres. Chaque poupée en cache une autre. Anna est une jolie femme de 24 ans, mais qui est-elle vraiment et combien de femmes se cachent en elle ? Est-ce une simple vendeuse de poupées sur le marché de Moscou ? Un top model qui défile à Paris ? Une tueuse qui ensanglante Milan ? Un flic corrompu ? Un agent double ? Ou tout simplement une redoutable joueuse d’échecs ? Il faudra attendre la fin de la partie pour savoir qui est vraiment ANNA et qui est “échec et mat”.



Critique :


C’est deux ans après sa tentative un peu foireuse d’adapter la bande dessinée de science-fiction " Valerian et Laureline " dont la réussite formelle niveau visuel n’avait d’égale que son absence abyssale de profondeur, et toujours sous le coup d’accusations sur sa personne suite au mouvement #metoo, que Luc Besson fait son retour sur grand écran avec Anna, thriller d’espionnage qui nous emmènera dans les années 90 suivre les pérégrinations de ladite Anna qui tentera de se dépatouiller entre le KGB et la CIA pour retrouver sa liberté. Et c’était loin d’être nécessaire.
Une fois passé sur l’évidente ringardise aux relents misogynes du film sur laquelle ce serait enfoncer une porte ouverte que de m’appesantir, il est intéressant de noter à quel point il use d’artifices ridicules et redondants qui finiront irrémédiablement par lasser le spectateur. C’est le problème majeur d’Anna, le film passe son temps à omettre des éléments de scénario dans un premier temps pour tromper le publique sur ce qu’il est en train de regarder, pour mieux revenir créer la surprise plus tard. Et ça pourrait être une idée vaguement intéressante si déjà le film n’avait pas recours de par quatre fois à ce petit tour de passe-passe (oui c’est beaucoup), mais surtout s’il y avait avec une vraie rigueur dans l’exécution, une vraie finesse dans l’écriture !



C’est d’une lourdeur pachydermique et d’un manque absolu de maitrise. Le film affiche un montage charcuté salement avec un couteau à beurre, et à partir de là soit on comprend que c’est parce que le film va à nouveau revenir sur les événements qu’il est en train de nous conter pour changer leur sens, ce qui va inévitablement amener le spectateur à s’ennuyer fermement en attendant la vraie version des faits, soit on ne comprend pas et on assiste impuissant à une véritable boucherie. Au final c’est un artifice qui devient parfois involontairement hilarant, mais aussi apporte énormément de longueur à un film qui n’avait pas besoin de ça. Puisque le film raconte, du coup, la même chose deux fois. C’est certes un peu plus rapide la seconde fois, mais ça parait dix fois plus long, faites-moi confiance.
Anna souffre beaucoup de la comparaison avec Red Sparrow, film infiniment plus intéressant et réussi sur les désirs d’émancipation d’une belle jeune femme espionne prisonnière de ses obligations. Là où Red Sparrow comprenait les enjeux psychologiques et sociaux complexes du personnage incarné par Jennifer Lawrence, et lui écrivait un parcours et une évolution assez brillante et pertinente qui te faisait facilement oublier le rythme lent du film, le film de Besson se torche avec les enjeux et la psychologie de son personnage éponyme qui n’évolue pas le moins du monde tout du long du métrage. C’est une poupée de chiffon qui, si on regarde au-delà des scènes où on essaie de la faire passer pour une icône féministe, aime et éprouve de la reconnaissance pour ceux qui tentent de la contrôler et la posséder. Malgré les nombreuses exactions commises, Anna finit le film sur une scène de dialogue d’une niaiserie indécente qui parachève le naufrage de son écriture. En plus de ça, Sasha Luss est très loin d’offrir une performance mémorable, mais je n’ai pas envie de la blâmer car même des acteurs expérimentés et que j’affectionne comme Luke Evans ou Cillian Murphy peine à être convaincants. Seule Helen Mirren, assez jouissive, sort du lot dans son rôle de matriarche du KGB.



Si on ne cherche pas à y voir plus qu’un plaisir outrageusement régressif, qu’on arrive à rire de l’artificialité grotesque de ses effets et qu’on est prêt à passer sur une bonne dose de misogynie sous-jacente, c’est deux heures qui peuvent ne pas être trop désagréables.
Anna est au final, pas si loin d’être un bon nanar. C’est une qualité en soi.


Kevin



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