[CRITIQUE] : Yves
Réalisateur : Benoît Forgeard
Acteurs : William Lebghil, Doria Tillier, Philippe Katherine, Alka Balbir...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h47min
Synopsis :
Jérem s'installe dans la maison de sa mémé pour y composer son premier disque. Il y fait la rencontre de So, mystérieuse enquêtrice pour le compte de la start-up Digital Cool. Elle le persuade de prendre à l'essai Yves, un réfrigérateur intelligent, censé lui simplifier la vie…
Critique :
Si l'on adore l'idée qu'il pousse son humour brut et son absurdité jusqu'à leur paroxysme, bien aidé par un cast acquis à sa cause, on reste un peu sur notre faim à la vision de #Yves, un OFNI fun et attachant mais inégal, qui avait pourtant tout en lui pour être vraiment génial pic.twitter.com/fHvRJlRNjt— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) June 8, 2019
La Quinzaine des Réalisateurs cuvée 2019 s'est ouverte cette année sur le génial Le Daim de Quentin Dupieux pour in fine se cloturer sur Yves de Benoiît Forgeard, une douce coïncidence de voir deux productions made in France volontairement absurdes, démarrer et clore les débats dans l'une des sections phares de la Mecque du septième art mondial.
Mais si le dernier né de la filmographie du Dupieux est un enième millésime d'exception, difficile en revanche, d'être aussi enthousiaste face au nouveau délire sur pellicule du papa de Gaz de France, satire politico-barrée du pouvoir, dont le concept peinait à tenir sur un tout petit peu moins de quatre-vingt dix minutes.
Un mal que l'on retrouve à la vision de Yves donc, sorte de fusion maladroite mais pétri de bonnes intentions, entre le cinéma poétique et foutraque du grand Michel Gondry, et la folie fantastico-rétro de la comédie US des 80's/90's, ou tout était possible, même les bandes les plus improbables.
Si l'on adore l'idée qu'il pousse son humour brut et pas toujours finaud (et faisant partiellement mouche) ainsi que son absurdité jusqu'à leur paroxysme, bien aidé par un casting totalement acquis à sa cause (et jouant magnifiquement des nuances de leurs jeux, Lebghil et Katherine en tête), on reste sensiblement sur notre faim quand il opère des sorties de routes indéfendables (sa romance ampoulée qui plombe son étude loufoque de l'IA et sa satire du monde musicale), et ne semble plus vraiment maîtriser une loufoquerie croulant bien trop sous son cahier des charges un brin imposant.
En résulte un OFNI fun, cartoonesque et attachant mais inégal et au cool un brin forcé, qui avait pourtant tout en lui pour être vraiment génial.
Jonathan Chevrier
Au niveau des acteurs, Doria Tillier et William Legbil habitent le film ; Philippe Katerine vient faire du Philippe Katerine dans un rôle sans saveur.
Malheureusement, le film va trop loin se torpille en faisant siéger son frigo au tribunal où un juge le considère comme un témoin normal : ainsi, ce frigo « vivant » n’est plus décalé dans son univers puisque ce dernier l’a accepté, ce qui donne une suite de scènes extrêmement maladroites et une conclusion interminable qui ne fait pas honneur au reste du film.
« Maladroit » est sûrement l’adjectif le plus approprié pour décrire ce film : tout part effectivement d’une bonne intention, mais le passage à l’acte est souvent laborieux.
Augustin Pietron