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[CRITIQUE] : Yves

 

Réalisateur : Benoît Forgeard
Acteurs : William Lebghil, Doria Tillier, Philippe Katherine, Alka Balbir...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h47min

Synopsis :
Jérem s'installe dans la maison de sa mémé pour y composer son premier disque. Il y fait la rencontre de So, mystérieuse enquêtrice pour le compte de la start-up Digital Cool. Elle le persuade de prendre à l'essai Yves, un réfrigérateur intelligent, censé lui simplifier la vie…



Critique :


La Quinzaine des Réalisateurs cuvée 2019 s'est ouverte cette année sur le génial Le Daim de Quentin Dupieux pour in fine se cloturer sur Yves de Benoiît Forgeard, une douce coïncidence de voir deux productions made in France volontairement absurdes, démarrer et clore les débats dans l'une des sections phares de la Mecque du septième art mondial.
Mais si le dernier né de la filmographie du Dupieux est un enième millésime d'exception, difficile en revanche, d'être aussi enthousiaste face au nouveau délire sur pellicule du papa de Gaz de France, satire politico-barrée du pouvoir, dont le concept peinait à tenir sur un tout petit peu moins de quatre-vingt dix minutes.
Un mal que l'on retrouve à la vision de Yves donc, sorte de fusion maladroite mais pétri de bonnes intentions, entre le cinéma poétique et foutraque du grand Michel Gondry, et la folie fantastico-rétro de la comédie US des 80's/90's, ou tout était possible, même les bandes les plus improbables. 



Articulée autour d'un pitch prétexte prometteur (un wannabe rappeur s'installe chez sa grand-mère pour composer, et par un concours de circonstance, se voit proposer d'essayer un réfrigérateur intelligent, nommé Yves) mais étiré plus que de raison, le nouveau long de Forgeard, gros délire référencé et volontairement kitsch/ringard, fascine tout autant qu'il peine tout du long à impliquer et à pleinement embarquer son spectateur au sein d'un univers rafraîchissant et merveilleusement inventif, mais à la redondance parfois frustrante.
Si l'on adore l'idée qu'il pousse son humour brut et pas toujours finaud (et faisant partiellement mouche) ainsi que son absurdité jusqu'à leur paroxysme, bien aidé par un casting totalement acquis à sa cause (et jouant magnifiquement des nuances de leurs jeux, Lebghil et Katherine en tête), on reste sensiblement sur notre faim quand il opère des sorties de routes indéfendables (sa romance ampoulée qui plombe son étude loufoque de l'IA et sa satire du monde musicale), et ne semble plus vraiment maîtriser une loufoquerie croulant bien trop sous son cahier des charges un brin imposant.
En résulte un OFNI fun, cartoonesque et attachant mais inégal et au cool un brin forcé, qui avait pourtant tout en lui pour être vraiment génial.


Jonathan Chevrier





Un humour très personnel mais aussi très brut : on a l’impression que tout est issu d’un premier jet et que rien n’a été approfondi ou même discuté. Le postulat de départ n’est pas forcément original (une sorte d’épisode de Black Mirror low-cost, en  fait)  :  un  frigo  intelligent  qui  devient trop  intelligent,  le  traitement  sous  forme  de  comédie  romantique  un  peu graveleuse l’est un peu plus...  Même si certaines blagues sont franchement lourdes.
Au niveau des acteurs, Doria Tillier et William Legbil habitent le film ; Philippe Katerine vient faire du Philippe Katerine dans un rôle sans saveur.



Malheureusement,  le  film  va  trop  loin  se  torpille  en  faisant  siéger  son  frigo  au  tribunal  où  un  juge  le  considère comme un témoin normal : ainsi, ce frigo « vivant » n’est plus décalé dans son univers puisque ce dernier l’a accepté, ce qui donne  une  suite  de  scènes  extrêmement  maladroites  et  une  conclusion  interminable  qui  ne  fait  pas  honneur  au  reste  du film.
« Maladroit » est sûrement l’adjectif le plus approprié pour décrire ce film : tout part effectivement d’une bonne intention, mais le passage à l’acte est souvent laborieux.


Augustin Pietron