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[CRITIQUE] : Brightburn - L’Enfant du Mal


Réalisateur : David Yarovesky
Acteurs : Elizabeth Banks, David Denman, Jackson A. Dunn, Matt L. Jones, ...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Epouvante-Horreur
Nationalité : Américain
Durée : 1h30min

Synopsis :
Tori Breyer a perdu tout espoir de devenir mère un jour, quand arrive dans sa vie un mystérieux bébé. Le petit Brandon est tout ce dont elle et son mari, Kyle, ont toujours rêvé : c’est un petit garçon éveillé, doué et curieux de tout. Mais à l’approche de la puberté, quelque chose d’aussi puissant que sinistre se manifeste chez lui. Tori nourrit bientôt d’atroces doutes sur son fils. Désormais, Brandon n’agit plus que pour satisfaire ses terribles besoins, et même ses proches sont en grave danger alors que l’enfant miraculeux se transforme en un redoutable prédateur qui se déchaîne sur leur petite ville sans histoire...



Critique :

Sur le papier, Brightburn - L'Enfant du Mal, a tout de la petite bande horrifique qui a tout compris pour aguicher son cinéphile : une version totalement sombre et pervertie du mythe de Superman, avec un rejeton semi-Dieu semi-Damien qui décide non plus de protéger l'humanité mais bien de se retourner contre elle; le tout né de la cervelle totalement géniale de la famille Gunn - James à la production, ses frangins au scénario - se rappelant au bon souvenir de son début de carrière chez la firme bénie de Lloyd Kaufman (Troma <3).



L'innocence de l'enfance et les affres de la puberté confrontés à la découverte d'un nouveau soi et de facto, de la monstruosité d'un pouvoir extraterrestre démesuré, qui se transforme peu à peu un gamin déjà angoissant en véritable arme de destruction massive sous l'oeil apeuré et désemparé du couple de fermiers infertiles made in Kansas (sûrement des cousins pas si lointain des Kent) l'ayant recueilli, dont l'amour sans bornes à son égard - enfin surtout du côté maternel - ne peut inéluctablement pas le faire surmonter sa folie conquérante (à la différence de Kal-El/Clark); sans forcer, le film de David Yarovesky récite habilement son petit lexique du fanboy ultime de l'Homme d'Acier pour mieux se l'approprier sans pour autant le transcender (on est sur une évolution prévisible donc un brin artificielle, là oú on aurait clairement pu avoir une chronique adolescente intime doublé d'un discours pertinent sur la violence scolaire et la revanche d'un paria), dans ce qui est un excellent film super-héroïque horrifique, assumant tout du long ses faiblesses autant que ses partis-pris cullottés.
Accumulant avec une frénésie gourmande les parallèles avec le personnage créé par ‎Jerry Siegel‎ et ‎Joe Shuster au sein d'une première partie mécanique et sans la moindre nuance, prenant sensiblement son temps pour préparer son inéluctable cauchemar (entre arrivée de l'adolescence et de la puberté, doutes parentaux et carrément de toute une ville, découvertes des premiers pouvoirs... le scénario patine gentiment dans la semoule et flaire bon le déjà-vu sans valeur ajoutée); la péloche laisse in fine véritablement exploser tout son potentiel à l'aube de sa seconde moitié, plus décomplexée et rythmée au couteau, une fois le passage du côté obscur totalement amorcé.



Croisade vengeresse accumulant les mises à mort gores et explicites, Brightburn délaisse dès lors sans remords sa pédale de frein et épouse un suspense mais surtout une violence jusqu'au-boutiste et sans concessions, semblant tout droit sortie à la fois des plus belles heures des productions bis transalpines des années 70.
Apologie diabolique et bricolée du chaos, entre nihilisme puissant (une utilisation du thème de l'infanticide dans ce qu'il a de plus terrible) et effroit calculé au plan près malgré quelques approximations (certains plans, iconiques, font vraiment mouche tandis que d'autres prêtes à rire), jamais plombé par un happy end facile (le film refuse tout conformisme gerbant, et franchement ça fait du bien), ce petit jeu de massacre orchestré avec une méchanceté irrésistible relève grandement l'appréciation d'un B movie horrifique dans toute sa splendeur, frustrant et jouissif à la fois, qui souffre au final des mêmes soucis rencontrés par les premières péloches de Gunn - Horribilis en tête - : un concept absolument génial et passionnant, ne tenant pourtant jamais vraiment la durée sur un tout petit peu plus d'une heure et demie (on ne peut pas simplement tricoter une intrigue autour de chouettes scènes pensées en amont).



Il n'empêche que dans une proposition estivale boursouflée en production super-héroïque - mais pas que -, un tel petit plaisir coupable trash, généreux, solidement emballé et incarné, ne peut qu'incarner une alternative salvatrice pour tout amateur de cinéma débordant d'amour et de nostalgie pour le genre horrifique...


Jonathan Chevrier