[CRITIQUE] : Rosie Davis
Réalisateur : Paddy Breathnach
Acteurs : Sarah Greene, Moe Dunford, Ellie O’Halloran, Ruby Dunne,...
Distributeur : KMBO
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Irlandais
Durée : 1h26min
Synopsis :
Rosie Davis et son mari forment avec leurs quatre jeunes enfants une famille modeste mais heureuse. Le jour où leur propriétaire décide de vendre leur maison, leur vie bascule dans la précarité. Trouver une chambre à Dublin, même pour une nuit, est un défi quotidien. Les parents affrontent cette épreuve avec courage en tentant de préserver leurs enfants.
Critique :
L'idée de Rosie Davis est arrivée au scénariste Roddy Doyle quand il a écouté un témoignage radiophonique sur la difficulté d'une femme à loger sa famille après la perte de leur maison. Et il est vrai que la situation en Irlande devient préoccupante, notamment à Dublin. La ville fait face à une énorme inflation du prix des loyers, alors que les logements n'ont jamais été aussi peu nombreux. Beaucoup de famille, au seuil de la précarité se retrouve à la rue, malgré leur salaire. La femme de la radio racontait avec précision et sans émotion sa course à la chambre d'hôtel la journée (la mairie ayant prévu une aide pour ces nombreuses familles à la rue). C'est justement le point de départ de Rosie Davis, où le spectateur va être témoin du combat de cette femme, de son compagnon et leur quatre enfants pour trouver un logement, une chambre pour la nuit tout en gardant une certaine dignité, une certaine fierté.
Dès les premières minutes du film, après une présentation de la situation en Irlande, Paddy Breathnach nous plonge directement dans le lieu où la famille se retrouvera le plus, la voiture. Et il est clair que le film ne tendra pas vers un pathos lourd, mais plutôt vers un portrait très réaliste de la situation sociale de Rosie et ses enfants. Le réalisateur s'intéresse au détail de leur organisation pour mieux capter leur réalité. Où font-ils leur lessive ? Où vont-ils au toilette ? Comment trouver une chambre d'hôtel ? Il n'en fallait pas plus pour susciter une indignation toute naturelle devant autant d'injustice. Car l'histoire de Rosie nous semble injuste, terriblement. Cette famille se retrouve à la rue après que leur propriétaire ait décidé de vendre sa maison. Le prix est beaucoup trop cher pour eux. Mais après moult recherche, ils sont dans l'obligation de quitter leur domicile. Pourtant, nous voyons bien que cette famille ne flirte pas avec la pauvreté extrême. Mais la pénurie de logement fait passer leur situation passagère en véritable problème à long terme.
On peut évidemment penser à Ken Loach devant Rosie Davis, surtout après l'exercice du drame poignant que nous avait proposé le réalisateur avec Moi, Daniel Blake. Le film mélange également subtilement le drame avec des touches d'espoir, et sert en premier lieu à une dénonciation d'une situation sociale très préoccupante. Rosie Davis brosse le portrait glaçant d'une femme qui essaye de s'en sortir par tous les moyens mis en œuvre par son gouvernement (et surtout voir à quel point les solutions sont moindres...). Paddy Breathnach s'assure de ne jamais juger ses personnages, leur choix. Le réalisateur ne fait que montrer. Et il a en plus l'intelligence de s’intéresser sur les effets sur les enfants. La plus grande qui préfère se réfugier chez une amie plutôt que de faire face. Les plus petits qui ne comprennent pas pourquoi ils n'ont plus de maison. Les moqueries à l'école.
Le réalisateur va au plus proche de ses personnes pour capter leur détresse. En caméra épaule, elle suit le visage de Rosie et ne le lâche jamais. On peut cependant regretter la trop grande distanciation qui se met en place petit à petit. À force de vouloir être le plus réaliste possible, de peur de tomber dans le misérabilisme facile, Breathnach oublie toute émotion et se contente de relater les faits (comme la mère à la radio à l'origine du film). Mais on lui pardonne ce petit travers tant la fin est glaçante. Car si nous pensions voir une famille se battre pour s'en sortir, au contraire nous étions entrain de voir une famille sombrer dans une société précaire et injuste. La fin nous donne peu d'espoir, et nous laisse pantois. Car nous pourrions aisément être à la place du personnage principal. Et ce constat est terrifiant.
Laura Enjolvy
Critique :
#RosieDavis ne tombe jamais dans le misérabilisme et suit au plus près une famille désœuvrée mais solidaire. Il n'oublie pas de souligner le poids de la situation chez les enfants, mais reste très distant niveau émotion, presque froid. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/zDbu1XAbfJ— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 14 mars 2019
L'idée de Rosie Davis est arrivée au scénariste Roddy Doyle quand il a écouté un témoignage radiophonique sur la difficulté d'une femme à loger sa famille après la perte de leur maison. Et il est vrai que la situation en Irlande devient préoccupante, notamment à Dublin. La ville fait face à une énorme inflation du prix des loyers, alors que les logements n'ont jamais été aussi peu nombreux. Beaucoup de famille, au seuil de la précarité se retrouve à la rue, malgré leur salaire. La femme de la radio racontait avec précision et sans émotion sa course à la chambre d'hôtel la journée (la mairie ayant prévu une aide pour ces nombreuses familles à la rue). C'est justement le point de départ de Rosie Davis, où le spectateur va être témoin du combat de cette femme, de son compagnon et leur quatre enfants pour trouver un logement, une chambre pour la nuit tout en gardant une certaine dignité, une certaine fierté.
Dès les premières minutes du film, après une présentation de la situation en Irlande, Paddy Breathnach nous plonge directement dans le lieu où la famille se retrouvera le plus, la voiture. Et il est clair que le film ne tendra pas vers un pathos lourd, mais plutôt vers un portrait très réaliste de la situation sociale de Rosie et ses enfants. Le réalisateur s'intéresse au détail de leur organisation pour mieux capter leur réalité. Où font-ils leur lessive ? Où vont-ils au toilette ? Comment trouver une chambre d'hôtel ? Il n'en fallait pas plus pour susciter une indignation toute naturelle devant autant d'injustice. Car l'histoire de Rosie nous semble injuste, terriblement. Cette famille se retrouve à la rue après que leur propriétaire ait décidé de vendre sa maison. Le prix est beaucoup trop cher pour eux. Mais après moult recherche, ils sont dans l'obligation de quitter leur domicile. Pourtant, nous voyons bien que cette famille ne flirte pas avec la pauvreté extrême. Mais la pénurie de logement fait passer leur situation passagère en véritable problème à long terme.
On peut évidemment penser à Ken Loach devant Rosie Davis, surtout après l'exercice du drame poignant que nous avait proposé le réalisateur avec Moi, Daniel Blake. Le film mélange également subtilement le drame avec des touches d'espoir, et sert en premier lieu à une dénonciation d'une situation sociale très préoccupante. Rosie Davis brosse le portrait glaçant d'une femme qui essaye de s'en sortir par tous les moyens mis en œuvre par son gouvernement (et surtout voir à quel point les solutions sont moindres...). Paddy Breathnach s'assure de ne jamais juger ses personnages, leur choix. Le réalisateur ne fait que montrer. Et il a en plus l'intelligence de s’intéresser sur les effets sur les enfants. La plus grande qui préfère se réfugier chez une amie plutôt que de faire face. Les plus petits qui ne comprennent pas pourquoi ils n'ont plus de maison. Les moqueries à l'école.
Le réalisateur va au plus proche de ses personnes pour capter leur détresse. En caméra épaule, elle suit le visage de Rosie et ne le lâche jamais. On peut cependant regretter la trop grande distanciation qui se met en place petit à petit. À force de vouloir être le plus réaliste possible, de peur de tomber dans le misérabilisme facile, Breathnach oublie toute émotion et se contente de relater les faits (comme la mère à la radio à l'origine du film). Mais on lui pardonne ce petit travers tant la fin est glaçante. Car si nous pensions voir une famille se battre pour s'en sortir, au contraire nous étions entrain de voir une famille sombrer dans une société précaire et injuste. La fin nous donne peu d'espoir, et nous laisse pantois. Car nous pourrions aisément être à la place du personnage principal. Et ce constat est terrifiant.
Laura Enjolvy