[CRITIQUE] : Fyre
Réalisateur : Chris Smith
Acteurs : -
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h37min.
Synopsis :
Le festival Fyre était censé offrir une expérience musicale fabuleuse sur une île paradisiaque, mais l'organisateur sans scrupule a en fait orchestré l'arnaque du siècle.
Critique :
Pensé au départ comme un concurrent de poids à Coachella avant d'incarner finalement un fiasco sans nom, #Fyre de Chris Smith revient sur les coulisses d'un échec cuisant et risible au sein d'un documentaire aussi complet et riche qu'il est incroyablement passionant (@miilaure) pic.twitter.com/dpYc9flvpy— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 23 janvier 2019
En ce moment, on peut trouver facilement des tas de documentaires expliquant à quel point notre monde va mal, mais ça fait du bien d’en découvrir un qui s’attarde un peu sur POURQUOI notre monde va mal.
Le Fyre Festival, c’est LE GROS ÉVÉNEMENT qui a bien fait rire Twitter en 2017. Des gens emplis de joie et d’espoir avaient prévu de se retrouver sur une île pour écouter de la bonne musique et faire la fête. La réalité n’était pas à la hauteur de leurs espérances.
Le film, très documenté et complet, brasse l’ensemble des raisons qui font du Fyre Festival un échec mémorable et cuisant.
Derrière le Fyre festival, il y a deux hommes : Billy McFarland, petit génie de la tech, “l’homme qui murmure à l’oreille des investisseurs”, ainsi que Ja Rule, un rappeur désireux de s'insérer sur le marché du booking 2.0.
C’est ainsi que durant l’année 2017, des équipes de communicants, de constructeurs et d’employés divers ont fait l’impossible pour rendre leur vision du festival réaliste.
SPOILER ALERT : rien ne s’est passé comme prévu.
L’arnaque révélée sur les réseaux sociaux (on peut parler de “sandwich-gate”) rendra ce non-festival légendaire, un peu comme un anti-Woodstock.
Du non-remboursement des investisseurs, traités comme des vaches à lait, au non-paiement des constructeurs, exploités comme des bêtes de somme, le documentaire n’oublie personne et montre ce qu’il y a derrière le rêve et les filtres.
Vous vous identifierez à ces personnes qui se senties flouées, blessées et surtout exploitées. La chronologie du documentaire, alternant des plans de McFarland en train de faire du jet-ski avec des mannequins sur les bords de l’île de Pablo Escobar et les plans de McFarland fuyant les journalistes pour éviter de répondre à des questions embarrassantes, vous projettera en plein dans cette tempête annoncée. Si vous n’aimez pas la Start-Up Nation, ce film est fait pour vous.
Et je peux vous promettre que cet after-movie ne vous fera pas regretter de ne pas avoir mis les pieds là-bas, vous n’avez aucun FOMO (Fear of missing out : La peur de rater quelque chose) à craindre.
La richesse à laquelle nous aspirons majoritairement, n’est pas accessible à tous. Et le Fyre Festival promettait cette apparente richesse à ses festivaliers ; promesse séduisante qui les a finalement amenés à errer sur une île, ivres de tequila en se battant pour un matelas, au coeur de la nuit.
A mon sens, ce film parle autant de l’exploitation des travailleurs, que des miroirs aux alouettes. Il faut vendre du rêve aux gens pour qu’ils continuent à travailler si dur. Je vous parle en connaissance de cause lorsque je vous dit qu’on se compromet rapidement lorsque l’on croit travailler pour quelque chose de juste et de passionnant, lorsque l’on croit que nos efforts seront toujours récompensés.
Mais dans un système inégalitaire, les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
Marie-Laure