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[CRITIQUE] : Forgiven


Réalisateur : Roland Joffé
Acteurs : Forest Whitaker, Eric Bana, Jeff Gum, Morne Visser, ...
Distributeur : Saje Distribution
Budget : -
Genre : Thriller, Drame
Nationalité : Sud-Africain
Durée : 1h55min

Synopsis :
En 1994, à la fin de l’Apartheid , Nelson Mandela nomme L’archevêque Desmond Tutu président de la commission Vérité et réconciliation : aveux contre rédemption. Il se heurte le plus souvent au silence d'anciens tortionnaires. Jusqu'au jour où il est mis à l’épreuve par Piet Blomfield , un assassin condamné à perpétuité. Desmond Tutu se bat alors pour retenir un pays qui menace de se déchirer une nouvelle fois …



Critique :



L’Apartheid et les années qui ont suivi en Afrique du Sud ont été un sujet vaste et complexe pour le cinéma. Que soit sur la politique du “développement séparé” en elle-même, sur Nelson Mandela, le premier président élu après l’Apartheid avec des élections libres pour tout le monde ou sur la Commission de la Vérité et de la Réconciliation, menée par Desmond Tutu. C’est sur cette période que le réalisateur Roland Joffé a voulu revenir dans Forgiven. Le scénario est coécrit par le réalisateur et par Michael Ashton, l’auteur d’une pièce de théâtre qui a inspiré le film. Il oppose l’archevêque Desmond Tutu, à qui Mandela a confié la lourde tâche de faire amende du passé et de pardonner aux blancs la cruauté de l’ancien régime et le tueur Piet Blomfeld.



Si vous connaissez mal ce moment de l’histoire de l’Afrique du Sud et les premiers temps très tendus du nouveau gouvernement de Mandela, Roland Joffé nous en parle avec deux ou trois cartons pour nous résumer toute l’histoire. Un choix qui nous paraît abrupte, car le réalisateur nous introduit directement l’archevêque Desmond Tutu, dans son combat pour faire remonter la vérité et trouver le courage de pardonner. Un rôle éminemment difficile pour ce vieux monsieur en pleine guérison d’un cancer. Par contre, Joffé met un soin particulier à contextualiser le passé du détestable Blomfield avec un flash-back (qui reviendra plusieurs fois dans le film). C’est ce face à face, entre deux êtres que tout oppose qui intéresse le réalisateur, mettant tout son talent dans leur confrontation, leur dialogue, leur combat moral. Il est alors dommage de s’apercevoir que ces séquences ne durent au final pas plus de dix minutes au total dans Forgiven. Le face à face se passe en plusieurs fois et il est ponctué par d’un côté une enquête policière très superficielle, de l’autre de la violence carcérale superficielle également, amenant un ennui poli. La rédemption de Blomfeld est très (trop) facile, le suspens autour se voit à des kilomètres.



Le choix discutable d’affubler l’acteur Forest Whitaker d’un faux nez grotesque n’est pas la seule chose qui ne fonctionne pas dans l’arc narratif de Desmond Tutu. Le personnage ne possède aucun relief. Homme de foi, le spectateur le voit toujours souriant, compréhensif, bienveillant. Malgré le fait qu’il exprime très brièvement ses doutes, à sa femme notamment, il n’existe aucune épreuve pour lui, aucune remise en question de sa foi, presque aucun ébranlement après les confrontations avec le personnage de Blomfeld. Celui-ci d’ailleurs possède un arc narratif beaucoup trop manichéen. Du méchant pas beau raciste, il redevient bon, allant même jusqu’à prendre un jeune noir maltraité sous son aile. Tout cela en un peu moins de deux heures.



Nous sommes bien loin des œuvres phares de Roland Joffé, comme Mission en 1986. Forgiven passe à côté de son sujet, avec une mise en scène fade, sans l’essence du réalisateur, sans l’émotion et sans le recul indispensable pour ce genre d’histoire complexe. Le spectateur sentira la volonté de bien faire, mais cela ne suffit pas.


Laura Enjolvy



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