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[CRITIQUE] : Arctic



Réalisateur : Joe Penna
Acteur : Mads Mikkelsen, Maria Thelma.
Distributeur : Les Bookmakers/The Jokers
Budget : -
Genre : Thriller, Aventure.
Nationalité : Islandais.
Durée : 1h37min.

Synopsis :
En Arctique, la température peut descendre jusqu’à moins –70°C. Dans ce désert hostile, glacial et loin de tout, un homme lutte pour sa survie. Autour de lui, l’immensité blanche, et une carcasse d’avion dans laquelle il s’est réfugié, signe d’un accident déjà lointain. Avec le temps, l’homme a appris à combattre le froid et les tempêtes, à se méfier des ours polaires, à chasser pour se nourrir… Un événement inattendu va l’obliger à partir pour une longue et périlleuse expédition pour sa survie. Mais sur ces terres gelées, aucune erreur n’est permise…



Critique :

Qu'on se le dise, on ne reviendra jamais assez sur le cadeau démesuré offert par le vénéré Nicolas Winding Refn au amoureux du septième art : la découverte et la mise en lumière du merveilleux Mads Mikkelsen, véritable roc venu du froid, performeur aux multiples facettes et visages (Hannibal Lecter Forever ❤), dont le charisme animal est aussi savoureusement hypnotique qu'unique.
Un comédien qui nous fait déplacer en salles sans même que l'on ne connaisse ni d'Adam ni d'Eve, par la simple force de son nom et de son talent.
S'il dézingue actuellement de l'assassin international du côté de Netflix - le sympathique B movie Polar -, il reste toujours au coeur d'une météo loin d'être clémente avec Arctic, premier long-métrage de Joe Penna, qui se veut comme un survival extrême dans le Grand Nord. 


Dénué de tout artifice inutile et putassier (zéro flashback, ni même d'accumulation de dialogues ou de voix-off), le premier essai du cinéaste brésilien est un drame épuré qui se vit savoureusement au présent, ne donnant que peu de détails - ou presque - sur son unique personnage, convoquant dès lors avec force et malice, l'imaginaire du spectateur comme rarement ce fut le cas en salles ces dernières années.
Aussi simple qu'il en à l'air, Arctic est pourtant une pure et implacable invitation de cinéma dans ce qu'il a de plus pur, un appel frontale et direct comme on en fait plus, refusant tout spectaculaire et s'évertuant constamment à étonner son spectateur.
À l'instar du chef-d'oeuvre All is Lost de J.C. Chandor, le film retranscrit avec maestria l'intime dans ce qu'il a de plus banale et gigantesque à la fois, l'adversité dans ce qu'elle a de plus bouleversante et incontrôlable, par la force de deux héros qui se confrontent à leur mortalité avec un calme et une sagesse inaltérable - sans ne jamais baisser les bras -, poussant fortement à la fascination et du même coup, à l'admiration.
Voyage spirituel éprouvant en plein enfer majestueux de beauté - dans une sorte de croisée des chemins entre le Seul au Monde de Robert Zemeckis et le Le Territoire des Loups de Joe Carnahan -, filmé comme une péloche catastrophe à la fois intime et effrayante (même si la réalisation de Penna, premier essai oblige, souffre parfois d'un manque criant de maîtrise), le métrage est un huis clos à ciel ouvert à la lisière du documentaire aussi douloureux qu'il est poétique, glissant peu à peu vers un sommet de tension totalement contrebalancé par une gestion des rebondissements et du rythme admirable.


Profondément naturel et humain, écrin parfait pour permettre à un Mads Mikkelsen, absolument prodigieux, d'offrir ni plus ni moins que l'une de ses plus imposantes performances (une implication sans bornes couplée à un jeu tout en nuances d'une justesse incroyable, scruté sous tous les angles et retrouvant de facto, une pureté insoupçonné dans son jeu, il incarne un héros anonyme empathique et à l'énergie étonnante), Arctic ne renouvelle certes pas le genre qu'il aborde avec un respect des codes franchement louable, mais il incarne un excellent moment de cinéma, complet et dépaysant.
Un beau drame humain autant qu'il est un thriller tendu et un survival douloureux, éprouvant aussi bien physiquement que psychologiquement, mais surtout jamais victime de son unité de lieu et d'action limitées.
Une séance hautement recommandable, tout simplement.


Jonathan Chevrier