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[CRITIQUE] : The Old Man and The Gun

 

Réalisateur : David Lowery
Acteur : Robert Redford, Casey Affleck, Sissy Spacek, Tika Sumpter, Tom Waits, Danny Glover,...
Distributeur : Amazon Prime Video
Budget : -
Genre : Drame, Biopic, Comédie, Policier.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h33min.

Synopsis :
L'histoire vraie d'un braqueur de banques âgé de 78 ans qui n'a toujours pas renoncé à sa passion pour les hold-ups...



Critique :

All is Lost aurait pu, dû être le dernier long-métrage en tant que comédien, de la légende Robert Redford.
Avec ses nombreux niveaux de compréhensions passionnants, on pouvait y voir un cinéaste, Redford, fondateur de Sundance, luttant seul contre l'immensité et l'hyper puissance brutale d'Hollywood la putain, une critique maline du capitalisme ambiant ou même une certaine étude de l'instinct de vie et de mort chez monsieur tout le monde - et encore plus le comédien -, soit un écrin parfait pour permettre au bonhomme - juste prodigieux -, d'offrir ni plus ni moins que l'une de ses plus imposantes performances depuis son époque bénit des 70's.
Profondément humain et naturel, ne trichant jamais face à une caméra qui le scrute sous tous les angles et retrouvant de facto, une pureté insoupçonné dans son jeu, il offrait un au-revoir parfait à un septième art qui n'aurait jamais été aussi beau sans lui.



Mais le comédien en avait décidé autrement, repoussant temporairement l'inéluctable, un peu comme Clint Eastwood depuis Gran Torino, jusqu'à The Old Man and The Gun de David Lowery, qui lui avait déjà offert un joli rôle dans le non moins joli Peter et Eliott le Dragon.
Un mal pour un bien, vraiment.
Sommet de mélancolie tout droit sorti des 70's/80's et inspiré d'une étonnante histoire vraie, le quatrième long-métrage de David Lowery survole de tout son long les frasques d'un vieil homme hors-la-loi (autre parallèle fascinant avec Eastwood, dont le dernier film La Mule, est actuellement en salles), Forrest Tucker, gentleman braqueur qui ne sait pas s'arrêter parce qu'il décide de jouir de la vie et du peu de liberté d'action qui lui reste, en faisant ce qui le fait vibrer : braver la loi, sans haine ni violence, et tomber amoureux en s'engageant dans une romance impossible.
Un vrai/faux gentil criminel séduisant mais manipulateur, pour qui la retraite et la vieillesse ne doit pas rimer avec repos, car ce serait un refus complet de vivre; un véritable antihéros qui embrasse le romanesque par les deux bouts et auquel il est difficile de ne pas s'attacher... même dans ses travers indéfendable.
De manière moins contemplative que pour son merveilleux A Ghost Story, le cinéaste théorise à nouveau avec passion sur le temps qui passe au sein d'un cocon hors du temps, désinvolte, romantique et enchanteur façon lettre d'amour assumée et passionnée à son idole Redford - merveilleux et charismatique en diable -, à tel point que tout le film tourné autour de sa personne et délaisse lourdement ses personnages secondaires.



Un formidable et généreux exercice de style, une ultime et touchante épopée sur pellicule dans l'Amérique de la grande époque, d'un héros éternel à la révérence actée mais dont la flamme du septième art brille toujours de mille feux dans les yeux : il se confronte à ses adieux face au spectateur, avec un calme et une sagesse inaltérable, les larmes ne sont jamais loin, pour lui comme pour nous.
Comme Eastwood, il était l'un des derniers grands rois du cinéma ricain, encore fièrement debout au combat...


Jonathan Chevrier