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[FUCKING SERIES] : You saison 1 : Gossip Dexter


(Critique - avec spoilers - de la saison 1)


Vous reprendrez bien un dernier show Netflix au pitch alléchant/ambiguë avant de finir l'année non ?
Entre deux raclettes et autres joyeusetés difficiles à digérer, la plateforme s'est donc dit que ce ne serait pas du luxe de surcharger nos palais - d'une façon plus intellectuel cette fois - avec une ultime production/acquistion, You (un temps diffusée sur la chaîne US Lifetime), inspirée du roman éponyme de Caroline Kepnes, sorte d'étude (très) sombre des relations sentimentales dans un mash-up improbable entre Dexter et les shows sentimentaux aussi vite consommés qu'oubliés.



Dit comme ça, force est d'admettre que la série ne vend absolument pas du rêve et ne donne franchement pas envie d'être privilégié à un bon téléfilm de noël made in TNT savoureusement régressif...
Il faut dire que voir un psychopathe gentiment dérangé - pour être poli -, s'exprimant avec une voix-off un poil creapy (Penn Badgley, convaincant et nettement moins agaçant que dans Gossip Girl), s'amourachant d'une belle étudiante et aspirante écrivaine, et voulant la coincer dans une love-story malade orchestrée par ses pervers soins, c'est pas forcément le binge-watching parfait pour les fêtes.
Carrément pas même... et pourtant, l'ultime bébé 2018 de Netflix mérite quand-même décemment son petit coup d'oeil malgré sa maladresse, son aspect férocement malsain et la pluie de clichés qu'il accumule avec une frénésie presque maladive.



En s'amusant des codes de la comédie romantique faussement féérique, dans un cadre lumineux (la Grosse Pomme, scruter sous toutes ses coutures) se transformant peu à peu en cauchemar étouffant articulée autour du mensonge multiple et d'une obsession à sens unique avec, il est vrai, un bon ventre mou bien gras à mi-parcours, You croque un thriller romantique glaçant, étonnamment couillu et rarement ennuyant, brassant une multitude de références diverses - sans forcément bien les digérer - avec la volonté plutot louable au fond, de décortiquer les méandres d'une figure psychotique et de sa manière systématique de faire tomber dans le panneau chacune de ses proies.
Derrière sa façade proprette de prince charmant/gendre idéal, Joe - dont le point de vue est l'unique proposé par les dix premiers episodes - est un véritable Dexter sentimental, un Captain Stalker allergique à toute forme de frustration, au mode opératoire obsessionnel à la limite de la religion, un " héros " malsain à la complexité plutôt bienvenue (et avec une ouie proche d'être aussi super héroïque que celle de Matt Murdock), que ĺe show embrasse avec une telle fougue qu'elle laisse en suspens son auditoire avec la tordue et horriblement ambiguë question du : et si c'était finalement lui, l'homme parfait pour Beck ?


Très facile dans son écriture (les incohérences sont légion, le personnage de Beck est trop longtemps relégué au statut d'objet de désir ultime et non de femme forte et intéressante à suivre) même si riche en rebondissements - souvent prévisibles cela dit -, anti-conte de fée assumant tout du long son parti pris (un point de vue omniscient... et donc parfois limité) et déglutinant sa morale comme un rototo pas toujours bien maîtrisé (le culte de l'apparence et du paraître de la société moderne, toujours se méfier des apparences et des réseaux sociaux etc), You est un thriller hypnotique pervers et violent dans son propos, qui en dit long autant sur l'image contemporaine que l'on peut se faire de l'amour (souvent obsessionnel et toxique, et appuyé par notre dépendance à la technologie 2.0) et de la femme, que notre fascination perverse justement, à nous passionner pour des personnages dont on ne cautionne absolument pas les actes et dont on ne souhaiterait jamais croiser la route.



Une série angoissante et subversive parce que trop réelle, même si elle aurait pu bien plus briller avec une plus grande ambition scénaristique, un jeu d'acteurs moins barbant et une volonté de ne pas tomber dans une folie ridicule lors d'un dernier virage définitivement dispensable et téléphoné.
Vivement la saison 2... ou pas.


Jonathan Chevrier

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