[CRITIQUE] : Nicky Larson et le Parfum de Cupidon
Réalisateur : Philippe Lacheau
Acteurs : Philippe Lacheau, Elodie Fontan, Tarek Boudali, Julien Arruti, Didier Bourdon, Pamela Anderson,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Comédie, Policier.
Nationalité : Français.
Durée : 1h30min.
Synopsis :
Nicky Larson est le meilleur des gardes du corps, un détective privé hors-pair. Il est appelé pour une mission à hauts risques : récupérer le parfum de Cupidon, un parfum qui rendrait irrésistible celui qui l’utilise…
Critique :
Loin de la catastrophe atomique redoutée, @PhilippeLacheau fait de son #NickyLarson un bon divertissement, autant un hommage sincère et respectueux au manga d'origine qu'une vraie comédie potache ciblée en-dessous de la ceinture, dans la droite lignée de ses précédents films pic.twitter.com/9GRgOgsdL9— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 14 décembre 2018
Il faut avouer que par chez nous en France, la comédie potache ce n'est pas vraiment notre fort, et c'est peu le cas de le dire.
Rappelez-vous, pour concurrencer les ricains et leurs American Pie et Cie, on avait lancé dans l'arène des salles obscures, les piteux Sexy Boys, Lol, ou encore le passable - pour être poli - Les Beaux Gosses.
Autant le dire tout de suite, même si les efforts étaient louables, tout cet amas de pellicule était très loin d'incarner une concurrence des plus attractives.
Mais l'arrivée de la Bande à Fifi sur grand écran a sensiblement changé la donne, avec des comédies pillant intelligemment leurs cousins d'outre-Atlantique, pour mieux leur apporter la touche si savoureusement irrévérencieuse qui faisait le sel de leurs pastilles sur feu Le Grand Journal de Michel Denisot.
Et si la lune de miel avait sensiblement durée sur les trois premiers essais de Philippe Lacheau (Babysitting et sa suite, Alibi.com), mais commençait un poil a s'effriter avec la première réalisation de Tarek Boudali (le divertissant mais très lourd Épouse-Moi Mon Pote), elle était appelée à clairement se finir en catastrophe avec l'arrivée de la cinquième péloche de la team - la quatrième de Lacheau derrière la caméra -, l'adaptation live du manga Nicky Larson de Tsukasa Hōjō, dont le bashing mignon depuis l'annonce de sa production, était presque sans nul pareil dans l'hexagone.
Monument des dessins animés nippons des 90's ayant peuplé la grille de la vénéré émission culte Club Dorothée, City Hunter, dont la base de fans dans l'hexagone est plutôt conséquente, avait déjà été salopé sur grand écran par Jackie Chan et Jing Wong en 1993, avant qu'une adaptation totalement passé inaperçue ne rectifie le tir trois ans plus tard - Mr Mumble de Jun-Man Yuen et Michael Chow Man-Kin.
Et la question était donc de savoir si notre bon vieux cinoche hexagonal était foutu de pouvoir réussir un minimum une telle adaptation, quand on tient pour certitude la fâcheuse manie qu'elle a de piller avec un manque de respect évident, son propre héritage culturel - et celui de nos voisins belges -, en salopant la moindre bande dessinée populaire qui lui tombe sous la main.
Sur une échelle de 0 à 10, 0 correspondant à Spirou et Fantasio voire, pour être plus proche du thème manga, au merveilleux Dragon Ball Evolution de James Wong, et 10 correspondant à Astérix : Mission Cléopâtre (si on poussait le bouchon jusqu'à l'animation, on rajouterait évidemment Tintin et le Secret de la Licorne de Steven Spielberg), ce Nicky Larson et le Parfum de Cupidon se situe étonnement dans la tranche haute, entre le premier Largo Winch et Le Marsupilami de Chabat.
Respectant avec une sincérité rare, son matériau d'origine auquel il offre un hommage émouvant (on ne pourra jamais reproché à Philippe Lacheau d'aimer sincèrement le manga, ni sa volonté de bien faire à l'écran) et une pluie de clin d'oeil amusés, le film est une comédie d'action plutôt solide (les scènes d'action sont entraînante et les fights bien charpentés) autant qu'un vrai film de potes plus ou moins bien rythmé et ciblé en dessous de la ceinture, alignant les gags à la pelle (souvent gras mais assez drôle), au moins autant que les caméos de malade - plus encore que pour Alibi - et les clichés faciles (et pas toujours obligatoire, notamment sur l'homosexualité dans un running gag certes moins gênant que pour Épouse-Moi Mon Pote), dans un gros délire WTF-esque totalement assumé (même dans ses travers sexiste, difficile à juger quand le matériau d'origine l'est limite plus) et bordélique, sérieux tout en donnant l'impression de ne pas l'être.
Bien moins solide que les précédents films de la bande - même s'il s'inscrit dans leur continuité -, mais au moins tout aussi potache et drôle, zasthétiquement cheap (un choix volontaire) et majoritairement bien interprété par des comédies totalement voués à sa cause (Lacheau n'est pas si mauvais que cela en Nicky, on en dira pas autant d'Elodie Fontan en Laura) tout en étant, une nouvelle fois, pas exempt de quelques grosses longueurs/lourdeurs (l'écriture est facile, les dialogues encore plus); Nicky Larson et Le Parfum de Cupidon, loin du tâcheron atomique redouté (même s'il irritera sûrement les fans ultimes du détective badass), est une comédie qui ose, trébuche souvent mais mérite décemment son pesant de popcorn et que l'on réhabilite en grande partie l'initiative louable de Philippe Lacheau d'avoir voulu se réapproprier son manga culte à lui, sans plonger tête la première dans la parodie gerbante.
Jonathan Chevrier