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[CRITIQUE] : Assassination Nation


Réalisateur : Sam Levinson
Acteurs : Odessa Young, Suki Waterhouse, Hari Nef, Abra, Bella Thorne, Maude Apatow, Bill Skarsgård, ...
Distributeur : Apollo Films
Budget : -
Genre : Thriller, Drame
Nationalité : Américain
Durée : 1h50min

Synopsis :
Comme partout ailleurs, Lily, élève de terminale, et son cercle d’amis évoluent constamment dans un univers de textos, selfies, tchats et autres « posts » sur les réseaux sociaux. Quand un hacker se met à publier des détails personnels et compromettants sur les habitants de leur petite ville, celle-ci sombre rapidement dans la folie pure. Lily et ses camarades survivront-elles à cette nuit infernale?



Critique :

Les monstres n’ont pas forcément des traits affreux à la Frankenstein. Ils sont parmi nous, que ce soit physiquement ou virtuellement, dans les réseaux sociaux, et attendent la moindre incartade pour venir nous dévorer. C’est ce que veut nous démontrer le deuxième film de Sam Levinson (si le nom de famille vous dit quelque chose, c’est le fils de Barry Levinson, réalisateur de Good Morning Vietnam et Rain Man notamment). Si vous voulez du film choc, extrême, qui autopsie avec précision notre société moderne et les réseaux sociaux, vous sonnez à la bonne porte.
La voix off de Lily, l'héroïne principale nous met en garde dès le début, dans le film nous aurons droit à du harcèlement scolaire, de l’alcool, du sexe, de l’homophobie, de la transphobie, de male gaze, du sexisme, de violence sur les femmes, de la torture, du gore et des égos masculins fragiles. Nous sommes donc prévenus.



Assassination Nation est calibré de façon chirurgicale, rien n’est laissé au hasard. Si la mise en scène du début fait très pop et clipesque c’est pour montrer l’hypocrisie, cette fausse réalité où les filles sont dénudées, fun. Tout ceci est factice et cache le culte du corps parfait, renforcé par les réseaux, le côté voyeur et juge et la peur, la paranoïa globale. Avoir choisi Salem comme ville est donc tout sauf anodin comme choix. Nos quatre héroïnes sont des sorcières modernes. Trop sûres d’elles, trop provocantes. Bien que les hommes aiment leur corps et le charme sensuel qu’elles dégagent, leur assurance fait peur. Elles osent demander des cunnilingus, osent envoyer des nudes, osent les sextos et sont maîtresses de leur sexualité. Ce qui met le feux au poudre : un hacker pirate les données de la moitié de la ville et les publie sur internet. Les petits secrets sont révélés : le maire, dont sa politique est anti-LGBT, qui couche avec des hommes, le proviseur du lycée qui garde des photos de sa fille de six ans nue dans son bain sur son téléphone, les nudes qu’envoient des filles, etc…
Une peur apparaît chez le spectateur, quand il s’aperçoit que Levinson filme ses personnages de manière sexiste, avec des plans suintant le male gaze à plein nez. Mais c’est pour mieux critiquer la société occidentale. Il ne laisse rien au hasard et dresse un portrait déprimant de l’utilisation des réseaux sociaux, du sexisme ambiant, de la violence de l’homophobie, de la transphobie et de du harcèlement virtuel. La deuxième partie du film se transforme en allégorie, en cauchemar gore et violent.



Le scénario résonne dans notre société. Bien que les hommes et les femmes soient autant attaqués par le hacker, nous voyons bien que ce sont les femmes qui prennent le plus, qui sont jugées de “salope”. Les hommes faisant parti de minorité sont également plus attaqués. Et quand les habitants veulent trouver le coupable, c’est aux femmes et surtout aux quatre héroïnes qu’ils vont s’en prendre, sans chercher plus loin.
Assassination Nation est soignée dans sa réalisation, avec des travelling, du montage dynamique et une photo aux accent pop, saturée qui rappelle les clips. Ce flot d’image et de style perd le spectateur, qui ne sait plus où regarder. Si on peut penser directement à Spring Breakers, le film de Harmony Korine, c’est plutôt aux sukebans que Sam Levinson a voulu rendre hommage. Ce sont des gangs d’adolescentes japonaises, qui sont devenues assez populaire dans les années 70. Levinson reprend même leur façon de s’habiller que dans le film Delinquent Girl Boss : Worthless to confess, avec les fameux cirés rouges sang. On peut quand même voir quelque fausses notes: le fait que le film mette du temps à basculer dans l’apocalypse ou le fait que le dénouement final est très abrupte, qui dénote face à l’énergie folle dégagée tout le long du film.



Assassination Nation est un portrait maladif et ambitieux sur une Amérique hypocrite, prête à mettre au pilori les femmes. Un bon gros coup de pied dans les valseuses de notre société patriarcale.


Laura Enjolvy

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