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[CRITIQUE] : L'Ombre d'Emily


Réalisateur : Paul Feig
Acteurs : Anna Kendrick, Blake Lively, Henry Golding, Andrew Rannells,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Policier, Thriller, Comédie.
Nationalité : Américain
Durée : 1h58min

Synopsis :
Stephanie cherche à découvrir la vérité sur la soudaine disparition de sa meilleure amie Emily.



Critique :


Paul Feig, le réalisateur américain au délicieux style anglais nous revient en 2018 avec L’Ombre d’Emily. Une sacrée surprise quand on sait ce qui s’est passé avec son dernier film, SOS Fantômes, le fameux reboot 100% féminin, qui a subi le tollé du siècle (sans extrapolation). Le voir donc de retour si tôt, avec un casting d’une telle qualité est une chance incroyable. Et cette fois, il décide de changer de style. Plus d’humour potache, gras. Plus de scène d’action. Il pose sa caméra dans la banlieue de New York et met en lumière cette fois deux mères, différentes mais qui se lient d’amitié jusqu’au moment où l’une d’elle disparaît mystérieusement.
C’est un exercice compliqué d’écrire une critique sur L’Ombre d’Emily tant il serait dommage de dévoiler quoi que ce soit de l’intrigue. Pour une fois, la promotion a bien fait les choses et ne révèle absolument rien. Donc si vous me lisez, courez voir le film avant de lire plus loin. 


Stephanie, jouée par Anna Kendrick est une maman parfaite. Impliquée, douce, gentille, serviable. Encore plus parfaite que Bree Van de Kamp (et oui c’était possible en fait). Veuve, sa vie tourne autour de son enfant et de son blog de conseil aux mamans. Quand, elle rencontre Emily, sa vie prend un tournant inattendu. Cette maman classe, vulgaire et je m’en foutiste est à l’opposé de Stephanie. Elle dégage aussi un charme dévastateur (pas étonnant d’avoir donné le rôle à Blake Lively), difficile de ne pas tomber dedans. Une amitié, malsaine et bancale mais forte bizarrement se forme autour de martini corsé et de petit secret échangé. S’il n’est pas étonnant de la part d’Emily d’avoir des secrets, la part sombre de Stephanie est tordue (mais assez révélatrice de sa personnalité finalement).
Comme on peut le voir dans Desperate Housewives, L’Ombre d’Emily montre les faux semblant de la banlieue riche. Si tout parait chic et parfait, les mensonges pèsent sur le film. Les flash-backs sont les seules images réelles, pendant que l’oratrice parle et ne dit pas toute la vérité, les images corrige le tir et nous la montre. Mais le script, qui se veut tordu et empli de twist, n’est pas à la hauteur. Adapté d’un roman, l’histoire frôle le très connu Gone Girl dans ses péripéties sans arriver à la cheville de ce très bon thriller policier. L’enquête, simplifiée au maximum, est sans grande tension car le dénouement est facile à trouver (pas besoin de s’appeler Hercule Poirot, promis). 


Si vous êtes venu voir un thriller, passez votre chemin. par contre, là où le film est réussi c’est dans son ambiance malsaine et surtout dans sa direction d’actrice. Le cinéma de Paul Feig fait la part belle aux femmes, au départ timides ou sans confiance en ses capacités qui découvrent des talents et se révèlent enfin. Ici, nous retrouvons cela dans le personnage de Anna Kendrick, le véritable point fort du film. Le célèbre humour gras du réalisateur laisse à la place à du comique de situation et fait confiance au jeu de l’actrice. Stepahnie est maladroite, naïve mais Anna Kendrick joue finement et ne la rend jamais idiote. Tout est dans la gestuelle et le rire. Blake Lively a aussi sa part, même si elle disparaît la moitié du film. Impossible d’oublier pourtant la façon dont elle arrache le col de son smoking au début du film ou de servir des martinis. Un haussement de sourcil et nous voilà envoûté.
L’Ombre d’Emily est jazzy, fun et drôle. Il n’est ni mystérieux, ni très profond mais il vous fera passer un excellent moment avec deux actrices talentueuses qui portent des costumes sublimes. 


Laura Enjolvy




On avait laissé Paul Feig en 2016, passablement chahuté - pour être poli - par l'accueil glacial de son reboot 100% féminin de Ghostbusters, pas aussi mauvais qu'on a pu le dire (malgré de grosses faiblesses difficilement oubliables), mais qui a gentiment suffi à entacher son statut d'artisan habile - et majoritairement gras - de l'humour made in US.
En 2018, le bonhomme change clairement de fusil d'épaule (enfin, pas tant que ça) et nous revient avec un polar comico-Hitchockien en diable, l'Ombre d'Emily, bande férocement mystérieuse et trouble dominée par un couple vedette au charme ravageur, les sublimes Anna Kendrick et Blake Lively.
Articulée autour du jeu de pistes prenant - mais simpliste - d'une jeune femme enquêtant sur la disparition soudaine de sa meilleure amie, A Simple Favor en v.o, s'avère autant un thriller passablement nébuleux qu'une jolie comédie policière, un mélange des genres plus ou moins habile sur la longueur, mais porté par une vraie envie de bien faire.


Esthétiquement (très) élégant et aux personnages gentiment extravagants et attachants (sensiblement différents, et décrit avec une certaine justesse), incarnant un hommage à peine masqué au maître du genre, king Alfred Hitchcock, auquel il injecte un humour volontairement impertinent pour mieux masquer les failles ou le manque criant d'originalité d'un scénario de prime abord captivant, mais qui se laisse pourtant volontairement aller à une certaine prévisibilité - twists ampoulés en prime -, dans un dernier tiers sensiblement étiré et moins maitrisé ou les facilités se font nettement plus lisibles.
Rafraichissant et plein de panache autant qu'il est ludique et étonnamment modeste, interprété à la perfection (que ce soit Anna Kendrick en mère de famille aussi pétillante qu'elle est coincée et un brin tordue, où Blake Lively plus femme fatale hypnotique que jamais, qui vampirise totalement l'attention) mais réalisé sans grande inspiration malgré un soin du détail remarquable (l'excellent John Schwartzman à la photo), l'Ombre d'Emily ne pète pas dans la soie de l'exception ni de l'originalité, mais vend suffisamment de savoir-faire pour divertir un spectateur qui se laissera séduire, sans trop forcer, par le charme incandescent de son duo vedette, qui vaut définitivement son pesant de popcorn.


Jonathan Chevrier