[CRITIQUE] : I Feel Good
Réalisateur : Benoît Delépine et Gustave Kervern
Acteurs : Jean Dujardin, Yolande Moreau, Joseph Dahan,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français
Durée : 1h43min
Synopsis :
Monique dirige une communauté Emmaüs près de Pau. Après plusieurs années d’absence, elle voit débarquer son frère, Jacques, un bon à rien qui n’a qu’une obsession : trouver l’idée qui le rendra riche. Plus que des retrouvailles familiales, ce sont deux visions du monde qui s’affrontent.
Critique :
Vraie réflexion sur le monde qui nous entoure captée par le prisme de deux modes de vie totalement opposés et incarnés par un duo Dujardin/Moreau exceptionnel, #IFeelGood est un film irrévérencieux, original et rythmé signé par deux cinéastes au meilleur de leur forme (@oggy_atm) pic.twitter.com/E3YAtOsz57— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 25 septembre 2018
I Feel Good est un film irrévérencieux, original et rythmé; Kervern et Delépine au meilleur de leur forme, en fait.
En prime, c'est une critique acerbe du libéralisme et plus particulièrement du mythe du self-made-man : que demander de plus ?
Jacques, un Jean Dujardin claironnant - clairement bipolaire et sincèrement obsédé par l'idée de devenir riche sans trop se fouler toutefois - débarque dans une communauté Emmaüs où vit sa soeur (Yolande Moreau, sur le fil). Le choc est immédiat malgré l'amour profond que les frangins semblent se porter : plus qu'un film sur la maladie (d’ailleurs, Jacques est-il vraiment malade ou souffre-t-il seulement de l'esprit de son siècle ?), Kervern et Delépine filment un conflit entre les modes de vie. Le parti-pris est tangible, et on sent une réelle admiration mêlée de fascination pour la communauté Emmaüs dans le regard des réalisateurs. Après Mammuth ou Le Grand Soir, I Feel Good est finalement un pas de plus dans leur étude des marginaux. Les réalisateurs touchent même le documentaire lorsque la caméra s’éloigne quelques instants des protagonistes principaux et se pose sur les membres de la communauté, qui eux ne sont pas des acteurs.
S’il ne faillait retenir qu’une chose, c’est d’ailleurs que l’avenir - la solution - se trouve dans la communauté; et peu importe s'il faut aller jusqu'au fin fond de la Bulgarie pour le prouver. Il est d'ailleurs délicieusement ironique que Jacques choisisse Buzludja, monument à la gloire du communisme bulgare comme unique point d'intérêt touristique de son pack "I Feel Good" et que ce soit précisément dans le lieux “saint” du modèle alternatif au capitalisme libéral qu’il se voie administrer une magistrale leçon d'humilité par sa soeur.
I Feel Good mérite votre intérêt dans le sens où il est à la fois un divertissement - certes susceptible de vous égarer, mais réalisé avec talent - et un début de réflexion sur le monde qui nous entoure ; il ne manquera pas en tous cas de vous faire rire… ou au moins grincer les dents si vous êtes plus du genre start-up nation et méritocratie.
Augustin Pietron