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[CRITIQUE] : American Nightmare 4 : Les Origines


Réalisateur : Gerald McMurray
Acteurs : Y'lan Noel, Lex Scott Davis, Joivan Wade, Marisa Tomei,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Thriller, Épouvante-Horreur.
Nationalité : Americain.
Durée : 1h38min.

Synopsis :
Pour faire passer le taux de criminalité en-dessous de 1% le reste de l’année, les « Nouveaux Pères Fondateurs » testent une théorie sociale qui permettrait d’évacuer la violence durant une nuit dans une ville isolée. Mais lorsque l’agressivité des tyrans rencontre la rage de communautés marginalisées, le phénomène va s’étendre au-delà des frontières de la ville test jusqu’à atteindre la nation entière.



Critique :


American Nightmare est le parfait exemple de la franchise qui aurait pu être bien si, mais qui ne l’est en définitive jamais. "Ça aurait pu être bien", parce que James DeMonaco est loin d’avoir de mauvaises idées. Son concept de base, la Purge, bien qu’inspirée d’événements historiques, était prometteur. Il n’a simplement pas la capacité de donner de la profondeur à ses ébauches d’idées, de les emmener plus loin. En bref, et surtout, il est payé pour réaliser des blockbusters. Toutefois, il abandonne la caméra et ses gimmicks pour ce quatrième chapitre - qui est le premier chronologiquement, vous n’êtes évidemment pas sans savoir que la Purge a été abolie dans AN3… - mais s’accroche au scénario : il ne reconnaît qu’une partie de ses limites.



L'aspect politique et social, qui commençait à émerger dans le second puis dans le troisième volet (le premier faisait une impasse quasi-absolue, commettait l’erreur originelle et magistrale de ce concentrer sur un huis-clos alors que toute une société aux abois été a découvrir) est toujours présent en filigrane ; du moins, les personnages font toujours semblant de dénoncer les inégalités socio-économiques. Ils les dénoncent, et ça ne va pas plus loin.
Le scénario, genre oblige, n’échappe pas à son lot d'incohérences tandis la réalisation adopte un style tantôt brouillon (aaaaah-il-y-a-de-l’action-la-caméra-bouge-dans-tous-les-sens-aaaaaah) tantôt clipesque : le tout forme un ensemble très tape à l’oeil. Les personnages sont, en plus d’être pauvrement interprétés, ridiculement conventionnel s(clichés) et ahuris ; leurs réactions toujours prévisibles. Pariez donc sur ceux qui vont mourir au cours de la séance, pour voir.



De toute façon, l’issue est évidente : étant donné que les victimes de la purge sont les populations défavorisées et racisées (le 2 et le 3 se sont tués à vous le dire), ces dernières ne s’entre-déchireront forcément pas assez vite au goût des puissants qui devront se mettre à purger eux-mêmes. Le mythe est lancé ; espérons que ce prequel n’ait pas de suite.
Le film s’échine, comme ses prédécesseurs, à essayer de dénoncer le paradoxe du pouvoir, de la prise de décision politique sans pourtant ne jamais réussir à formuler quelque chose de clair. Pour ce que ça vaut une fois projeté sur l’écran d’un multiplexe, on est proche de la dissertation de philosophie d’un terminale S. N’espérez pas comprendre ou simplement discerner les origines (le sous-titre du film, pourtant) idéologiques de la Purge: l’action prime, et personne dans l’équipe n’y a de toute façon véritablement réfléchi.



American Nightmare - le 4 tout autant que ses prédécesseurs - est un film de divertissement. De façon quasi irrémédiable, dès que l’on s’approche du sujet, dès que l’on discerne ou parfois énonce - parfois - le problème, on “désamorce“, on passe à autre chose (que cela soit de l’action brute et décérébrée ou une situation supposément drôle ou émouvante qui n’a rien de crédible). Le film (une production Blumhouse) est encore catégorisé comme un film d’horreur, il fera au mieux sourire à cause de ses accents franchement nanardesques. Il est définitivement l’élément le plus dispensable d’une série qui a toujours fait laborieusement l’impasse sur le fond en privilégiant une forme tapageuse.
En plus, il n’y a même plus Frank Grillo pour faire du racisme passif/agressif.



* Une série TV, toujours scénarisée par DeMonaco, annoncée pour septembre aux US se concentrera sur la vie de ses personnages pendant les 364 jours “normaux“ de l’année après les avoir filmés pendant la Purge. Le filon n’est toujours pas épuisé, les oeuvres American Nightmare sont sans doute en passe d’exercer la même fonction de contrôle social que la Purge. La dichotomie riches/pauvres est incroyablement proche de celle producteurs/spectateurs, non ?


Augustin Pietron