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[CRITIQUE] : 3 jours à Quiberon


Réalisateur : Emily Atef
Acteurs : Marie Bäumer, Birgit Minichmayr, Charly Hübner, Robert Gwisdek, ...
Distributeur : Sophie Dulac Distribution
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Allemand, Autrichien, Français
Durée : 1h55min

Synopsis:
 
1981. Pour une interview exceptionnelle et inédite sur l'ensemble de sa carrière, Romy Schneider accepte de passer quelques jours avec le photographe Robert Lebeck et le journaliste Michael Jürgs, du magazine allemand "Stern" pendant sa cure à Quiberon. Cette rencontre va se révéler éprouvante pour la comédienne qui se livre sur ses souffrances de mère et d'actrice, mais trouve aussi dans sa relation affectueuse avec Lebeck une forme d'espoir et d'apaisement.



Critique :



Romy Schneider, une des plus grandes actrices de son époque. Son charme envoûtant qui parfois dévoilait une fragilité enfantine, parfois sulfureuse, parfois brisée, elle a su tout jouer. Elle a atteint le succès grâce aux films sur Sissi l’Impératrice, rôle qui la suivra toute sa vie (pour son plus grand malheur). Sa vie est tourmentée par plusieurs scandales qui défrayaient la chronique à l’époque: mariage, divorce, fausse couche. Elle était une des cibles préférées de la presse à scandale. Pourtant, ce n’est pas ces histoires qui sont racontées dans 3 jours à Quiberon. Le film revient sur l’interview de l’actrice par le journaliste du magazine Stern, Michael Jürgs et le photographe Robert Lebeck. 



Il existe plusieurs formes de biopic: ceux qui veulent tout raconter de la vie des protagonistes et ceux qui préfèrent se concentrer juste sur une partie. 3 jours à Quiberon appartient à la deuxième catégorie. La réalisatrice nous plonge dans la vie de la grande Romy Schneider pour 3 petits jours, suffisant pour en faire un portrait émouvant d’une femme au bout du rouleau. Nous sommes en avril 1981, l’actrice de 42 ans est en instance de divorce, se remet du suicide de son ex-mari (le père de son fils David). Son pays, qui l’a voit encore sous les traits de la gentille (parfois impétueuse) et naïve Sissi est choqué de ses agissements. Ses fans ont vu comme une trahison son départ pour la France, ses divorces. Nous avons à faire à une femme en proie à ses démons, fragilisée par des prises de médicaments. Cette fragilité, le journaliste du Stern va s’en servir (il est d’ailleurs très difficile d’aimer ce personnage, manipulateur et sans filtre). Cette interview est devenue connue car Romy Schneider se dévoile. Elle fait part de ses doutes à être une bonne mère, de son enfance (avec une mère envahissante et qui la pousse dans le métier),de son amour pour les tournages mais en même temps de sa lassitude.




Cependant, nous n’avons pas à faire à une actrice qui se plaint et se pose en victime. Cette femme, qui vit une crise existentielle majeure à un tournant de sa vie n’en est pas moins attachante. On l’a voit adorable avec ses fans, danser, croquer la vie à pleine dents. Un combat interne est l’enjeu de ce film: se laisser aller ou faire bonne figure ? Ce combat est montré par les personnages de Hilde, l’amie de l’actrice, qui essaye de la protéger au mieux et du journaliste qui utilise des méthodes discutables pour faire un article à sensation. Le photographe est pris entre les deux: d’un côté faire un bon papier qui sera en une, de l’autre protéger une femme qu’il adore (et dont l’affection est partagée).
Emily Atef a sans discuter un réel talent pour écrire un personnage si fort et si complexe, mais ce talent est largement égalée par l’actrice qui incarne Romy: Marie Bäumer. Sans l’imiter, l’actrice se glisse dans les traits de la légende, reprenant ses expressions, ses gestes à la perfection.




La réalisatrice a décidé de tourner son film en noir et blanc, ce qui donne un aspect plus épurée à l’oeuvre et entoure le film d’une couche de sobriété, donnant ainsi plus de place au jeu d’acteur et à l’émotion. On peut y voir aussi un hommage aux photos prises par Lebeck pendant ces trois jours.
3 jours à Quiberon est un très beau film sur une femme malheureuse, mais qui voulait vivre, avec une force rayonnante. Plus qu’une actrice, plus qu’une star. Une femme tout simplement.



Laura Enjolvy