[CRITIQUE] : Une Affaire de Famille
Réalisateur : Hirokazu Kore-Eda
Acteurs : Lily Franky, Sosuke Ikematsu, Sakura Ando,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Japonais.
Durée : 2h01min.
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2018
Synopsis :
Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même. D’abord réticente à l’idée d’abriter l’enfant pour la nuit, la femme d’Osamu accepte de s’occuper d’elle lorsqu‘elle comprend que ses parents la maltraitent. En dépit de leur pauvreté, survivant de petites rapines qui complètent leurs maigres salaires, les membres de cette famille semblent vivre heureux – jusqu’à ce qu’un incident révèle brutalement leurs plus terribles secrets…
Critique :
Intime, pudique et d'une simplicité percutante avant de tendre vers une profondeur tragique déchirante dans son dernier tiers, #UneAffairedeFamille fait passer son spectateur durant 2 (trop) courtes heures par tous les sentiments possible, avec une justesse remarquable. Sublime pic.twitter.com/iako8cmSt0— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 20 mai 2018
Si depuis le sublime Nobody Knows, le metteur en scène nippon Kore-Eda Hirokazu faisait partie des cinéastes asiatiques que je suivais avec un intérêt certain, c'est véritablement avec le prodigieux I Wish, que celui-ci a réellement su conquérir pour de bon, mon cœur dur - mais fragile également - de cinéphile endurci.
Narrant la bouleversante histoire de deux frères séparés par le divorce de leurs parents, et qui faisaient tout pour se retrouver, le film s'imposait comme l'une des grosses claques de l'année ciné 2011, mais surtout comme l'un des plus beaux films sur l'enfance depuis très, très longtemps.
S'affirmant, logiquement, comme l'un des seuls metteurs en scènes capable aujourd'hui, de filmer avec grâce, l'insouciance - souvent bafouée et violée par la dureté de la vie - de l'enfance, le voilà déjà de retour sur la Croisette deux mois à peine après son bouillant The Third Murder (qui lui avait fait quitter les drames familiaux pour le terrain plus tortueux du thriller psychologique complexe), avec Une Affaire de Famille, qui lui permet de retrouver sa zone de confort : la chronique familiale.
On pourrait tiquer sur ce retour aux sources aussi rapide, si le cinéaste n'était pas un maître absolu dans l'art de narrer la vie dans ce qu'elle a de plus pure, simple et vraie.
Jamais juge ni bourreau, et prenant pour sujet les affres d'une famille recomposée, les Osamu (incarnation parfaite d'une famille entre tradition et modernité, à contre-courant de la culture oppressante nippone), Kore-Eda croque par la force d'un script en béton armé (et pourtant sans intrigue propre), une étude de personnage poignante d'une densité et d'une rigueur affolante, un drame épuré et mélancolique sur la pluralité et la complexité du sentiment parental, comme rarement nous avons eu la chance d'en mirer en salles, avec autant de justesse, de retenue et de tact; le tout porté par un casting au naturel indécent (Lily Franky et Sakura Ando en tête).
Intime, pudique, beau à en crever et d'une simplicité percutante avant de tendre vers une profondeur tragique déchirante dans son dernier tiers, Une Affaire de Famille fait passer son spectateur durant deux (trop) courtes heures, par tous les sentiments possible, avec une justesse remarquable, prouvant que peu importe les aléas qui sont lot d'une vie, seul l'amour inconditionnel pour sa famille compte réellement.
Une claque purement magique mais point étonnante dans le fond, pour qui s'est déjà laissé bercer par la beauté du cinéma du cinéaste nippon.
Difficile de ne pas dire que l'on aimerait bien pouvoir être transpercé avec autant de pureté et d'humanité, chaque semaines dans les salles obscures...
Jonathan Chevrier