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[CRITIQUE] : La Belle et la Meute


Réalisateur : Kaouther Ben Hania
Acteurs : Mariam Al Ferjani, Ghanem Zrelli, Noomane Hamda,...
Distributeur : Jour2Fête
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Suédois, Norvégien, Suisse, Libanais, Tunisien, Qatarien.
Durée : 1h40min.

Synopsis :
Lors d'une fête étudiante, Mariam, jeune Tunisienne, croise le regard de Youssef.
Quelques heures plus tard, Mariam erre dans la rue en état de choc.
Commence pour elle une longue nuit durant laquelle elle va devoir lutter pour le respect de ses droits et de sa dignité. Mais comment peut-on obtenir justice quand celle-ci se trouve du côté des bourreaux ?



Critique :



Au milieu d'un mois d'octobre particulièrement chargé autant en belles péloches qu'en gros divertissements populaires, La Belle et la Meute ne semble pas forcément à sa place ou plutôt, aurait sans doute mérité (là encore, pouvait-il faire autrement ?) une exposition en salles mettant bien plus en valeur l'incroyable nécessité pour tout spectateur un minimum avertit, de se laisser totalement embarquer par cette descente aux enfers à la féroce allure d'un uppercut dans les gencives; pointant gravement du bout de la pellicule les diktats des états (pas uniquement ceux du Moyen Orient), banalisant honteusement - pour être poli - les actes horribles de l'âme humaine.



Véritable anti-conte de fées découpé en neuf épisodes et inspirée d'une douloureuse histoire vraie (le film est une adaptation libre de l’ouvrage Coupable d’avoir été violée de Meriem Ben Mohamed), ou une belle et innocente jeune femme suit naïvement le diabolique lapin dans son terrier, ou elle y perdra lors d'une nuit d'horreur, autant son innocence qu'une partie d'elle-même, marquée au fer rouge par une douleur définitivement inguérissable; La Belle et la Meute est un petit chef-d'oeuvre anxiogène qui prend aux tripes, un thriller d'une apprêté rare (le film est filmé en plan-séquence) prenant fabuleusement la forme d'une puissance charge contre les errances écoeurantes d'une société contemporaine rétrograde, brutale, inhumaine et machiste à outrance.
Femme victime d’un viol par des policiers à la sortie d’une soirée, qui va devoir arpenter un véritable chemin de croix pour faire valoir ses droits (elle devra se justifier auprès de policiers qui se moquent complètement d'elle, tout autant que surmonter le traumatisme de son agression), Mariam - formidable Mariam Al Ferjani -, véritable belle seule face à la meute (le monde entier, faussement compatissant dans sa généralité) va découvrir " à la dure " l'envers d'une réalité révoltante, ou règne en maître l'inconsidération, les intimidations diverses, le mépris et la cruauté de l'autre.



Beau brûlot contre le machisme, le déni des respects de l'être humain, les " garants de l'ordre " et de la condition de la femme tout autant qu'il est un drame cruel et poignant à la fois, La Belle et la Meute de Kaouther Ben Hania est un diamant noir d'une nécessité incroyable.
La séance immanquable du mois avec Detroit, et le mot est faible.

Jonathan Chevrier





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