[CRITIQUE] : Au Revoir Là-Haut
Réalisateur : Albert Dupontel
Acteurs : Albert Dupontel, Nahuel Perez Biscayart, Laurent Lafitte, Niels Arelstrup, Emilie Dequenne, Mélanie Thierry,...
Distributeur : Gaumont Distribution
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h57min.
Synopsis :
Novembre 1919. Deux rescapés des tranchées, l'un dessinateur de génie, l'autre modeste comptable, décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des années folles, l'entreprise va se révéler aussi dangereuse que spectaculaire...
Critique :
Personnel, virtuose et férocement généreux, #AuRevoirLaHaut est un sommet de cinéma abouti, touchant et poétique. A.Dupontel à son meilleur— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) September 21, 2017
Qu'on se le dise, une nouvelle péloche estampillée Albert Dupontel, qu'elle soit l'une de ses réalisations ou qu'il y figure simplement en tant que comédien, incarne inéluctablement un événement dans un septième art français manquant de plus en plus de panache.
Plus qu'un simple coup de viagra salvateur, la touche de l'insaisissable Dupontel s'est surtout imposée comme l'une des plus affutées, créatives et trash de la comédie hexagonale, notamment grâce au délirant Bernie.
Bref, un rendez-vous immanquable pour tous les cinéphiles amateurs de mauvais (et donc bon) gout, que le cinéaste-acteur manie avec perfection.
En élève assumé et fidèle du cinéma de Terry Gilliam (et dans une moindre mesure, de mon avis, également de Sam Raimi), le bonhomme nous revient donc en ce mois d'octobre assez chargé, avec un nouveau beau bébé ambitieux et plein de promesses dans sa besace, Au Revoir Là-Haut; adaptation fidèle du livre éponyme de Pierre Lemaître - Prix Goncourt en 2013.
En amoureux des belles histoires qu'il est, Dupontel met les petits plats dans les grands et fait de cette épopée touchante de deux vétérans de la Grande Guerre au sein du Paris des années folles (difficile dans dire plus sous peine de déflorer l'intrigue), un sommet de poésie engagée au réalisme et à la beauté enivrante.
Véritable OFNI au sein de la distribution annuelle (en même temps, les chiens ne font pas des chats), encore plus imprégné de l'influence tutélaire de Gilliam, Au Revoir Là-Haut est une fresque historique esthétiquement renversante (la reconstitution historique opérée est absolument grandiose) et d'une complexité incroyable, dans laquelle le cinéaste semble se sublimer comme jamais.
Scénaristiquement solide (de l'intrigue aux dialogues ciselés, tout droit sortie d'une comédie de boulevard), usant des thèmes qui lui sont chers tout autant que de son penchant maniaque pour les plans parfaits (sa mise en scène n'a jamais paru aussi vivante), Dupontel laisse exploser toute sa créativité et sa maestria dans un déluge d'images fantasques au ton toujours aussi savoureusement décalé et moderne, ainsi qu'au jeu d'acteur d'une infinie justesse (Laurent Laffite et la révélation Nahuel Perez Biscayar en tête).
Personnel - et le mot est faible -, virtuose (le film mélange les genres et les références avec une habileté folle), touchant et férocement abouti, Au Revoir Là-Haut est de loin le meilleur film d'un Albert Dupontel finalement toujours aussi génial même quand il n'adapte pas ses propres écrits.
Qu'on se le dise, la grosse claque made in France de cette fin d'année - voir même de l'année tout court - est bien là.
Jonathan Chevrier