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[CRITIQUE] : Love


Réalisateur : Gaspard Noé
Acteurs : Karl Glusman, Aomi Muyock, Klara Kristin,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Érotique.
Nationalité : Français.
Durée : 2h14min.

Interdit aux moins de 16 ans avec avertissement
Ce film est présenté en séance de minuit au Festival de Cannes 2015.

Synopsis :
Un 1er janvier au matin, le téléphone sonne. Murphy, 25 ans, se réveille entouré de sa jeune femme et de son enfant de deux ans. Il écoute son répondeur. Sur le message, la mère d'Electra lui demande, très inquiète, s'il n'a pas eu de nouvelle de sa fille disparue depuis longtemps. Elle craint qu'il lui soit arrivé un accident grave.
Au cours d'une longue journée pluvieuse, Murphy va se retrouver seul dans son appartement à se remémorer sa plus grande histoire d'amour, deux ans avec Electra. Une passion contenant toutes sortes de promesses, de jeux, d'excès et d'erreurs...

Critique :


On ne va décemment pas se répéter mais Gaspard Noé est sans conteste l'un des metteurs en scènes les plus bouillants et imposants du septième art hexagonales depuis plus de deux décennies, un artisan à part dont le cinéma divise férocement les cinéphiles endurcis que nous sommes.

Si pour certains ces films sont synonymes de révulsion et même d'un profond dégout, pour d'autres - dont moi -, ils incarnent des expériences inoubliables, certes controversées mais tellement dérangeante et jusqu'au-boutiste qu'elles en deviendrait presque nécessaire dans une production française chérissant très mal la différence et les sales gosses qui la défendent.


De Seul contre Tous en passant par Irréversible, sans oublier Enter The Void, Noé est un faiseur provocant et furieux de trips uniques qui laissent sur le carreau la majorité de ses spectateurs, et c'est bien pour cela que son Love, bien aidé par une campagne promotionnelle aussi cul que foutrement (c'est bien le mot) maline, a fait l'événement durant le dernier Festival de Cannes, le tapis rouge cannois étant d'ailleurs - un peu - sa seconde maison.

Présenté comme une love story intense façon porno en 3D, le film avait tout pour incarner LE scandale de la Croisette 2015, même si au final une fois le soufflé retombé, il a plus accumulé les déçus que les franchement convaincus.
Car Love n'est pas aussi trash ni sulfureux qu'attendu et ne se revendique pas comme le frangin made in France du Nymphomaniac de tonton Von Trier.

Et ce n'est pas plus mal, tant il incarne une merveilleuse et puissante chronique sur la mélancolie amoureuse et la désintégration d'un couple sous fond d'amour gâché et de passé fantasmé.


Citant son Enter The Void et structuré comme son über subversif Irréversible, partant du présent avec une vengeance froide et implacable pour s'acheminer au final sur l'événement déclencheur de cette amas de violence tout aussi insoutenable (et même plus, le viol du personnage de Monica Bellucci), le film suit l'histoire de Murphy, 25 ans, un jeune américain qui se réveille entouré de sa jeune femme et de son enfant de deux ans.

Il écoute son répondeur. Sur le message, la mère d’Electra lui demande, très inquiète, s’il n’a pas eu de nouvelles de sa fille disparue depuis longtemps.
Elle craint qu’il lui soit arrivé un grave accident.
Au cours d’une longue journée pluvieuse, Murphy va se retrouver seul dans son appartement à se remémorer sa plus grande histoire d’amour, deux ans avec Electra.

Une passion contenant toutes sortes de promesses, de jeux, d’excès et d’erreurs...


Comme toutes ses péloches, Love est une péloche qui mise sur les sensations, qui prend aux tripes et aux couilles, excite tout autant qu'il émerveille par la beauté de ses plans, un film bandant mais avant tout et surtout méchamment badant.
Dès une introduction qui donne sérieusement le ton, Noé en total introspection de son art, dégueule sur la surenchère du mauvais gout et privilégie la vérité viscérale, frontale à chacune de ses scènes.

Notamment avec une sexualité explicite ou les corps s'animent et s'emboitent dans une chorégraphie (trop ?) bien huilée, et qui appuie un récit véritablement romantique sur la perte sentimentale d'un homme vide, brisé et épuisé par un quotidien désolé que le cinéaste décrit avec une tristesse confondante; comme un cauchemar qui hante un esprit, un cœur meurtri.

Traitant de thèmes assez lourd mais si rare dans le cinéma hexagonale (la paternité non-désirée, la haine de soi et de l'autre, l'impossibilité de trouver sa place de conjoint et de père) et porté par une bande son démente, le Gaspard filme ses bonds dans le passé, ses ébats amers comme des souvenirs envahissant un présent désenchanté, entre une femme aimée (Electra) et une que l'on hait (Omi), une époque ou l'amour était passionnée et vivant, à celle ou il est brisé voir même inexistant; le tout jusqu'à un final aussi surprenant qu'il est bouleversant.


Alors tant pis si il a toujours autant la fâcheuse habitude à tirer un peu trop sur la longueur, qu'il est d'une misogynie assumée et que sa 3D peine à justifier sa légitimité; Love, poétique, tendu et d'un réalisme cru, aborde la relation amoureuse destructrice sur tous ses angles et sur toutes ses failles - ou presque -, et délivre une renversante chronique sur l'alliance de deux âmes tourmentées ou la violence n'est plus physique (une première chez le cinéaste) mais bel et bien charnelle et verbale.

Il n'empêche que malgré toutes ses qualités, la nouvelle cuvée Noé incarne un assez conséquent bon en arrière d'un point de vue qualitatif, comparé aux indécents chefs d’œuvres de son si singulier metteur en scène.

Mais dans un mois de juillet particulièrement riche en péloches de qualités, il trouvera décemment sa place dans les agendas des cinéphiles les plus avertis.


Jonathan Chevrier



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