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[CRITIQUE] : La Rage au Ventre


Réalisateur : Antoine Fuqua
Acteurs : Jake Gyllenhaal, Rachel McAdams, Forest Whitaker, Oona Laurence, Naomie Harris, Curtis " 50 Cent " Jackson,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h03min.

Synopsis :
Champion du monde de boxe, Billy Hope mène une existence fastueuse avec sa superbe femme et sa fille qu’il aime plus que tout. Lorsque sa femme est tuée, son monde s’écroule, jusqu’à perdre sa maison et sa fortune. Pire, la garde de sa fille lui est retirée, la justice estimant son comportement incompatible avec son rôle de père. Au plus bas, il trouve une aide précieuse en la personne de Tick Willis, un ancien boxeur avec lequel il reprend l’entrainement. Billy va devoir se battre pour trouver la voie de la rédemption et regagner ainsi la garde de sa fille.


Critique :



Est-ce que Jake Gyllenhaal chercherait-il à démontrer à Hollywood la putain qu'il est un des talents les plus indispensables de ces dix dernières années ?

La question se pose bien là, tant le bonhomme semble choisir ses rôles avec minutie depuis le four monumental d'un Prince of Persia au potentiel énorme, mais violé dans les grandes largeurs par une major aux grandes oreilles (Disney quoi) n'ayant rien capter à la richesse du matériau vidéoludique original, si ce n'est le mot succès qui lui colle aux basques depuis son premier volume.


Dans tous les cas depuis cinq ans - on aurait presque même envie de dire depuis toujours -, le culte Donnie Darko fait mal à chacune de ses apparitions sur grand écran, que ce soit chez David Ayer (le nerveux End of Watch), de jeunes cinéastes prometteur (Night Call signé par Dan Gilroy) ou chez son nouveau BFF Denis Villeneuve (les magistraux Prisoners et Enemy), démontrant une implication aussi bien physique que psychologique proprement fascinante.

Alors le voir s'attacher à la foutrement bandante mais agitée production Southpaw porté par Antoine Fuqua, louchant aussi bien sur le culte Raging Bull de Marty Scorcese (toujours plus classe malheureusement de cité De Niro que Stallone) que sur le douloureux Million Dollar Baby du grand Eastwood (boxeur à l'âge plus qu'avancé et big twist dramatique en prime), le tout avec une bande originale du tonnerre concocté par Eminem himself (un temps voulu pour le rôle); avait de quoi nous foutre une bonne trique.

Surtout que le bonhomme en bon performeur de l'extrême qu'il est (Il n'a rien a envier à Christian Bale et Matthew McConaughey), s'est une nouvelle fois évertué à créer le buzz autour de sa personne, arborant une musculature des plus volumineuses et probante là ou il faisait littéralement flippé il y a à peine quelques mois, en incarnant le cadavérique Lou Bloom dans Night Call.


Du sang, du muscle, des larmes et du charme (Rachel McAdams quoi...), voilà comment on peut décemment caractérisé Southpaw aka La Rage au Ventre sur le papier, ou l'histoire de Billy Hope, champion du monde de boxe à l'âge avancé qui mène une existence fastueuse avec sa superbe femme et sa fille qu’il aime plus que tout.
Le bonhomme est invaincu dans sa catégorie et aligne les victoires alors que sa femme ne désire qu'une seule chose, qu'il raccroche les gants.

Mais lorsque celle-ci est tuée lors d'un dramatique diner de gala, son monde s’écroule, jusqu’à perdre sa maison et sa fortune.
Pire, la garde de sa fille lui est retirée, la justice estimant son comportement incompatible avec son rôle de père.
Au plus bas, il trouve une aide précieuse en la personne de Tick Willis, un ancien boxeur avec lequel il reprend l’entrainement.

Billy va devoir se battre pour trouver la voie de la rédemption et regagner ainsi la garde de sa fille...


Force est d'admettre depuis la magistrale saga Rocky (qui filme mieux la boxe que Sly, really ?), qui alliait drame et action avec une maestria indécente tout en incarnant une radiologie personnelle et vibrante de la carrière de son acteur principal; seul les Fighter et Million Dollar Baby de David O. Russell et Clint Eastwood - pourtant bien différents -ainsi que le mésestimé Warrior de Gavin O'Connor (axé sur la rivalité de deux frères sous fond de MMA) ont réellement su marquer la rétine des spectateurs amateurs d'un genre ayant déjà offert ses plus belles œuvres.

Puissant, tendu et avec des affrontements possédant une réelle ampleur et une vraie crédibilité sur grand écran, Warrior pouvait même décemment être considéré comme le digne successeur des aventures de Rocky Balboa, chez qui émotion rime toujours avec des valeurs aussi profondes qu'universelles (l'importance de la famille et de ses proches, de se battre pour leur survie mais également pour vivre tout simplement).

Face à héritage aussi pesant - et le mot est faible -, le duo Antoine Fuqua/Jake Gyllenhaal avait décemment fort à faire pour monter sur le ring et nous mettre k.o de la plus belle des manières.


Trop peut-être puisque la péloche, captivante mais bancale souffre un brin de sa volonté à loucher un peu trop grossièrement dans le drame familiale à grands renforts d'un pathos de supermarché pas toujours du bon effet (à la différence de Warrior, qui lisait au plus près le cœur des hommes intimement brisés cherchant à se reconstruire par la famille), et à un ultime combat dans la finalité/utilité scénaristique laisse un chouia de marbre.

Lourd, certes déséquilibré mais touchant et réaliste, le script de Kurt Sutter se focalise sur l'attendrissante relation père-fille au point de, parfois, délaisser la boxe pourtant filmé avec efficacité par le papa du récent Equalizer, là ou, imposante figure tutélaire oblige, Rocky arrivait sans peine à brasser moult thèmes avec intelligence et finesse tout en rendant le noble art le plus divertissant et nécessaire à l'intrigue possible.

Dommage, car dans ce drame douloureux façon conquête de rédemption/paternité perdue, Gyllenhaal agrippe avec ses tripes la caméra pour ne plus jamais la lâcher, Fuqua s'évertuant même a retranscrire avec maitrise toute la tension et la nervosité constituant le quotidien sur et en-dehors du ring d'un Hope qui n'aura de cesse durant deux heures, d'encaisser des coups tous plus violents les uns que les autres.


Possédé comme jamais, le Jake morfle mais en impose tout du long, impressionnant de densité et tout en justesse, il porte le film sur ses larges épaules et offre une nouvelle fois une interprétation magistrale, se fondant à la perfection dans le corps musclé mais meurtri du boxeur Billy Hope, avec qui il ne fait qu'un.
Tout en puissance et en fêlure (à l'instar de Tom Hardy dans Warrior) tel un lion prêt à bondir de sa cage, il lui suffit d'un simple regard (qu'il soit plein de rage ou dévasté) face à la caméra pour emporter l'adhésion de chaque spectateur.

Autre grande force du métrage, c'est la capacité des seconds couteaux à mettre les gants pour rendre les coups.

D'une Rachel McAdams absolument somptueuse dans la peau de la femme courage et forte de Billy Hope, Maureen (sa présence est limitée mais essentielle, et difficile de ne pas succomber à sa beauté incendiaire), à l'inestimable Forest Whitaker, intense dans la peau certes un brin caricatural de l'entraineur de Hope, qui nous rappelle que le bonhomme n'est jamais aussi bon que lorsqu'il est bien encadré par un cinéaste talentueux.


Mieux, l'une des ultimes compositions du regretté James Horner ajouté à la photographie appliquée Mauro Fiore, concluent avec panache une péloche puissante et prenante, que l'on aurait aimé plus vibrante et percutant mais qui incarne décemment un beau et bouleversant drame sportif porté par un furieux Jake Gyllenhaal réellement capable de tout jouer.

La Rage au Ventre ou un uppercut qui ne met certes pas k.o., mais qui fait du bien au cœur et aux tripes.


Jonathan Chevrier


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