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[CRITIQUE] : Un Homme très Recherché


Réalisateur : Anton Corbijn
Acteurs : Philip Seymour Hoffman, Robin Wright, Rachel McAdams, Daniel Brühl, Willem Defoe, Grigoriy Dobrygin,...
Distributeur : Mars Distribution
Budget : -
Genre : Thriller, Espionnage.
Nationalité : Américain, Britannique, Allemand.
Durée : 2h02min.

Synopsis :
Plus de dix ans après les attentats du 11 Septembre 2001, la ville de Hambourg a du mal à se remettre d’avoir abrité une importante cellule terroriste à l’origine des attaques contre le World Trade Center. Lorsqu’un immigré d’origine russo-tchétchène, ayant subi de terribles sévices, débarque dans la communauté musulmane de Hambourg pour récupérer la fortune mal acquise de son père, les services secrets allemands et américains sont en alerte. Une course contre la montre s’engage alors pour identifier cet homme très recherché : s’agit-il d’une victime ou d’un extrémiste aux intentions destructrices ?



Critique :

Chercher à adapter avec fidélité l'un des romans de l'excellent John Le Carré, c'est s'assurer sans l'ombre d'un doute, l'attention de la majorité des cinéphiles les plus endurcis, encore bercés par la réussite sans phare du sublime La Taupe de Tomas Alfredson.

S'adjuger un casting de talents à la hauteur de ses ambitions, dominé par feu le regretté Philip Seymour Hoffman - dans l'un de ses derniers rôles -, ce n'est plus attirer leur attention, c'est littéralement les faire baver d'impatience, encore attristé par l'absence irrémédiable sur nos grands écrans, de l'un des seconds couteaux les plus inestimables de l'histoire du cinéma ricain.

Bref, Anton Corbijn avait toutes les cartes en main pour réaliser un thriller d'espionnage mémorable, et difficile d'admettre que le bonhomme, loin d'être manchot, n'a pas failli à la tâche, bien au contraire...


Plus de dix ans après les attentats du 11 septembre 2001, la ville de Hambourg a du mal à se remettre d'avoir abrité une importante cellule terroriste à l'origine des attaques du World Trade Center.
Lorsqu'un immigré d'origine russo-tchétchène ayant subi de terribles sévices, débarque dans la communauté musulmane d'Hambourg pour récupérer la fortune mal acquise de son père, les services secrets allemands et américains sont en alerte.

Une course contre la montre s'engage alors pour identifier cette homme très recherché : s'agit-il d'une victime ou d'un extrémiste aux intentions destructrices ?

Après son ambitieux Control et son nettement plus décevant The American - défaut que l'on imputera à l'implication un poil trop marqué de sa vedette George Clooney -, Anton Corbijn, ex-photographe aussi doué avec sa caméra que son appareil photo, avait l'intention de se racheter auprès des cinéphiles avec A Most Wanted Man, ceux-ci bien conscient du potentiel de grand cinéaste du bonhomme (on attend d'ailleurs avec une impatience non-feinte son Life avec Robert Pattinson et Dane DeHaan).

Et dès les premières bobines, Corbijn convainc tout son monde avec cette passionnante et désenchantée radiographie du monde des services de renseignements post 9/11.



Adaptation tout aussi brillante et fidèle que La Taupe signée Alfredson - même si son point de vue diffère du roman -, Un Homme Très Recherché est un thriller d'espionnage savamment classique et pertinent, un drame psychologique privilégiant la complexité de ses personnages à l'action - un anti-Jason Bourne dans tous les sens du terme -, dit personnages à l’ambiguïté  troublante, peuplant le monde inhumain (épier et trahir sont des sports pratiqués par tous ou presque) et emplit de solitude, de la bureaucratie internationale.

Une mise en abîme maitrisée au sein de la guerre qui anime les services secrets mondiaux et leurs agents, à la discrétion les faisant littéralement devenir des fantômes vivants, une vision intérieur également doublée d'un subtile parallèle entre espions et présumés djihadistes, deux vies de mensonges motivées par des ambitions contraires - sécurité nationale pour les uns, terrorismes pour les autres - mais indiscutablement complémentaires.

Citant bien évidemment son ainé La Taupe, mais aussi clairement la précieuse série Lifetime Homeland, l'intrigue habile et retorse, évoluant constamment entre complot et paranoïa, est scripté et dialogué à la perfection, le tout magnifié par une photographie joliment glacial et blafarde - jouant sur les teintes jaunâtres et ternes, comme Denis Villeneuve dans le vénéneux et tout récent Enemy -, et des acteurs aux performances exceptionnelles.

Si les seconds couteaux de prestige (Robin Wright surtout, mais également Rachel McAdams, Willem Defoe et Daniel Brühl pour ne citer que) font admirablement le boulot dans le peu de scènes qui leur est donné, la caméra de Corbijn n'a surtout d'yeux que pour le regretté Philip Seymour Hoffman, il est encore une fois (la dernière...) exceptionnel.


En agent rabougri e taux nombreuses fêlures, consumé par l'alcool et un métier qui le ronge tout autant, il illumine la péloche de sa présence charismatique, mutique et bouleversante.
Si l'immense Gary Oldman avait porté par sa puissance le métrage d'Alfredson dans la peau de George Smiley, Hoffman lui, en fait magnifiquement de même en Günther Bachmann, espion jusqu'au bout des ongles.

Difficile d'ailleurs de ne pas être méchamment frappé par l'émotion dans son climax remplit de désillusion, ou Bachmann tire sa révérence au loin, sortie de scène rappelant trop douloureusement la dure réalité de la disparition du comédien, trop proche encore dans le temps et nous laissant tous orphelins pour l'éternité.

Froid, immersif, anti-spectaculaire et plastiquement élaguant et irréprochable, Un Homme très recherché est un polar d'espoinnage comme on les aime, un moment de cinéma contrit et généreux à la fois.

Un au-revoir quatre étoiles et tragique à un grand bonhomme dont on ne pourra jamais exprimer combien il va manquer au cinéma...
Merci l'artiste, et adieu.


Jonathan Chevrier


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