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[CRITIQUE] : Get On Up


Réalisateur : Tate Taylor
Acteurs : Chadwick Boseman, Nelsan Ellis, Viola Davis, Dan Aykroyd, Octavia Spencer,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : 55 000 000 $
Genre : Biopic, Musical, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h19min.

Synopsis :
Vous le connaissez sous de nombreux pseudonymes: «Monsieur dynamite», «Le parrain de la soul», «Le travailleur le plus acharné du show business». Préparez-vous à découvrir l’homme derrière la légende. Né dans une grande pauvreté en Caroline du Sud, au beau milieu de la grande dépression, en 1933, James Brown a survécu à une jeunesse émaillée d’abandon, d’abus sexuel, d’écoles de redressement et de prison. Personne ne lui a jamais appris les règles du jeu. Il était destiné à les briser. De son expérience de boxeur amateur ou de chanteur de rue, il a su canaliser chaque coup dur en un rythme qui se fit l’écho de sa rage de vivre. Il est devenu un des interprètes les plus influents qui marquèrent la scène soul ou funk, et l’artiste le plus samplé de l’histoire continue d’inspirer la plupart des artistes reconnus aujourd’hui.


Critique :

Qu'on se le dise, à l'instar de notre Yves Saint Laurent national, qui se paye cette semaine son second biopic de l'année - Saint Laurent de Bertrand Bonello, après le Yves Saint Laurent de Jalil Lespert donc -, l'immense James Brown et ses multiples vies (du putain de pain bénit pour les scénaristes, soit dit en passant) ne pouvait qu'amplement mérité un film totalement dévoué à sa personne, tôt ou tard.

Signé Tate " La Couleur des Sentiments " Taylor - too bad for Spike Lee -, et déjà taillé pour les prochains oscars ou il aura fort à faire face à deux autres péloches inspirées d'histoires vraies - l'attendu Foxcatcher de Benneth Miller et Imitation Game de Morten Tyldum -, ce premier biopic sur le Godfather of Soul  décédé en 2006, aura tout de même été accouché dans la douleur, la faute aux héritiers du bonhomme se déchirant à propos de son testament.

Campé par un Chadwick Boseman - déjà du biopic de Jackie Robinson, premier joueur de baseball afro-américain, 42 - visiblement impliqué, Get On Up attisait donc aussi bien la curiosité que la crainte de cinéphiles se demandant bien comment en l'espace de deux petites heures, le Taylor allait bien pouvoir revenir sur la vie et l’œuvre on ne peut plus chargée du Minister of New New Super Heavy Funk.


Figure sulfureuse, géniale, mégalo, incontrôlable, imprévisible, électrique, parti de rien et revenu de tout, ayant tâté de la case prison et incarnant à la fois un showman sans égal, l'un des symboles majeurs de la communauté afro-américaine et l'artiste le plus samplé de l'histoire de l'industrie musicale, James Brown a tout vécu et tout connu.

A l'écran, Taylor, bien avisé, traitera évidemment de tous ces événements et passages obligés, mais avec suffisamment de malice pour ne pas bêtement tomber dans les méandres de l'accumulation des clichés de base qu'incarne tout œuvre sur pellicule classique façon hagiographie Wikipédia.

Get On Up, c'est une péloche en constante évolution qui élude ce qui doit l'être, s'intéresse à tout sans ne jamais trop s'y attarder, qui se joue des codes et de la linéarité de son récit (la temporalité est joliment bousculée, on saute entre les événements marquants et les époques avec une dextérité folle), pour incarner in fine une bande déjanté, sophistiqué et à l’énergie méchamment communicative.

Kaléidoscope fantastique bourré jusqu'à la gueule de parallèles fascinants (Brown et son public, la relation fraternelle et complexe entre le chanteur et son ami de toujours Bobby Bird, mais surtout le destin du bonhomme et l'histoire américaine) et de scènes musicales démentes servant merveilleusement la narration - la preuve avec le montage sur Sex Machine -, le métrage est un biopic appliqué et élégant tout autant qu'inspiré et divertissant.


Mieux, là ou l'on aurait - à tord - penser que Tate Taylor (sensiblement le gros point faible de la production, sur le papier) aurait plombé le tout avec une mise en scène aussi sirupeuse que sur son sympatoche mais remplit de guimauve La Couleur des Sentiments, il n'en est finalement rien, puisqu'il dynamite sa réalisation - en tout point remarquable - pour redonner vie à la légende Brown sur grand écran.

Dans de telles bonnes conditions, l'encore trop peu connu (mais cela risque de très vite changer) Chadwick Boseman se donne les moyens de livrer ni plus ni moins que LA performance de sa carrière - on le voit mal faire plus époustouflant, c'est dire -, brillant de mille feux dans le costume pourtant casse-gueule du parrain de la soul.

Électrisant, grandiloquent, flirtant constamment sur le fil ténu su surjeu dans ne jamais se vautré, il capte à merveille l'énergie et la personnalité d'un génie borderline, habité par la foi inébranlable d'être invincible et immortel.

Ce qu'il est d'une certaine manière dans le fond, lui qui, enfant mort-né puis réanimé par une sage femme, aura finalement brûlé excessivement la vie par les deux bouts pour finalement être intronisé au panthéon du culte des artistes les plus marquants du vingtième siècle.


Si beaucoup lui trouveront plus d'un défaut - comme tout bon biopic, après tout -, difficile pourtant de ne pas admettre que Get On Up est une franche et étonnante réussite, un divertissement follement groovy magnifié par une direction artistique et un casting remarquable.

Bref, vivement les biopics de Jimi Hendrix et Marvin Gaye, que l'on espère aussi inspirés...


Jonathan Chevrier

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