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[CRITIQUE] : Hercule


Réalisateur : Brett Ratner
Acteurs : Dwayne Johnson, Rufus Sewell, Ian McShane, Aksel Hennie, Ingrid Bolso Berdal, John Hurt, Joseph Fiennes, Peter Mullan, Irina Shayk,...
Distributeur : Paramount France
Budget : 100 000 000 $
Genre : Péplum, Fantastique, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h38min.

Synopsis :
Mi-homme mi-légende, Hercule prend la tête d’un groupe de mercenaires pour mettre un terme à la sanglante guerre civile qui sévit au royaume de Thrace et replacer le roi légitime sur le trône. Âme tourmentée depuis la naissance, Hercule a la force d’un dieu mais ressent aussi les peines et les souffrances d’un mortel.
Sa puissance légendaire sera mise à l’épreuve par des forces obscures.


Critique :


Dire que cet Hercule était attendu au tournant par les cinéphiles est un doux euphémisme tant celui-ci catalysait plus d'une curiosité pour tout spectateur un minimum averti.

Certains étaient curieux de voir si cette version couteuse serait bien meilleure que celle pauvrette et dopé aux fonds vert de Renny " je faisais des bons films, mais ça, c'était avant " Harlin (le pitoyable et soporifique La Légende d'Hercule), mais surtout si le génial Dwayne Johnson incarnerait un semi-Dieu grec convaincant, ou au moins aussi impressionnant que la taille franchement exponentielle de ses biscottos ses derniers mois.

D'autre, résolument plus taquin, se préparait d'avance à lapider comme il se doit Brett Ratner, officiellement l'un des cinéastes les plus conspués d'Hollywood, parce qu'il le vaut bien, tant il se sera évertué, à mesure de ses films, à se mettre volontairement les fans de septième art à dos.


Dans tous les cas, attendu ou pas, outre-Atlantique The Thracian Wars c'est méchamment cassé la binette aux box-office, la faute à une polémique justifiée (le fait que feu Steve Moore, auteur du comics, n’a pas été consulté par le studio à l’origine de la production, ni par l'éditeur de la BD Radical Comics, et que par conséquent, il n’aurait pas touché un centime de droit d’auteur sur sa propre création) mais également à une pluie de critiques négatives - et le mot est faible.

Gros gadin certes, mais pas au point d'égaler les bides monumentaux d'Expendables 3 et de Sin City : J'ai Tué Pour Elle (surtout, pauvre Rob Rodriguez), mais tout de même de quoi égratigner l'aura triomphante du " viagra des franchises " The Rock, à la popularité et au statut bankable jusqu'ici indiscutable.

Porté par une bande annonce méchamment aguichante et un casting assez sympathique, est-ce que ce second Hercule de 2014 mérite t-il réellement toute la mauvaise publicité qu'on lui fait depuis sa sortie ?

Malheureusement, il est difficile de ne pas répondre positivement à cette question, tant le film, aussi chiche dans l'action que dans la fantaisie, est littéralement bousillé par les parties pris de ses scénaristes et de son metteur en scène qui n'aura pas trouvé là, matière à se réconcilier avec les cinéphiles, réconciliation qui partie comme c'est partie, n'arrivera vraisemblablement jamais...


The Thracian Wars ou l'histoire mythique d'Hercule, mi-homme mi-légende, qui prend ici la tête d’un groupe de mercenaires ayant pour but de mettre un terme à la sanglante guerre civile qui sévit au royaume de Thrace, ainsi que de replacer le roi légitime sur le trône.
Âme tourmentée depuis la naissance, Hercule a la force d’un dieu mais ressent aussi les peines et les souffrances d’un mortel.

Son immense puissance légendaire sera donc de nouveau mise à l’épreuve face à des forces obscures...

Enterrant le mythe plus qu'il ne le revisite en zappant volontairement tout l'aspect mythologique de l'épopée d'Hercule, Ratner calque (ou presque) la même démarche de démystification cynique usé par Terry Gilliam (mais en mieux) sur Les Frères Grimm - à savoir rendre le héros le plus mortel possible et qui tient sa réputation aux traditions orales et à la loyauté sans borne de ses acolytes.
Un choix d'humanisation et de réalisme hautement discutable, surtout qu'il est rapidement suivi par une dissolution de toute la violence, la barbarie et la noirceur qui faisait le charme du matériau d'origine (pas d'effets gores et un fils de Zeus bon et moral là ou il massacrait sans remords femmes et enfants dans le comics).

Bye-bye le demi-Dieu et encore plus le surhomme, bonjour le mercenaire/leader incontesté au grand cœur plombé par le remord et rongé par l’assassinat de sa famille, un quasi-Roi Arthur dénué de toute la sauvagerie qui faisait justement, sa légende, et accompagné de ses chevaliers de la Table Ronde sympathique et cabotins mais pas plus charismatiques et malins les uns que les autres.


Une différence de ton majeur donc, accentuée par un manque de psychologie et de fantaisie constant - les bandants douze travaux sont chiés en un flashback d'introduction d'à peine deux minutes, bonjour l'arnaque vu qu'ils incarnaient la majeure partie des images de la bande annonce -, une absence de tout effet barbare à la 300, une sous-exploitation de ces quelques bonnes idées mais également par une cruelle pénurie d'enjeux et d'action.
Un comble pour un blockbuster estival estimé à 100 millions de dollars, dont l’abatage technique (3D inutile par ailleurs) et verbale n'arrive pas pleinement à détourner le spectateur de sa piètre qualité...

Excepté scènes de batailles débridées et un affrontement final certes convaincant, Hercule n'a pas réellement l'opportunité de montrer toute sa force brute, et ne peut que se noyer dans un amas de dialogue d'un ridicule confondant, quand il n'assène pas face caméra, des regards faussement profond.
Dans ce sens, cette figure sans vrai charisme cinématographique à l'écran, rappelle étrangement le Conan de Marcus Nispel, qui souffrait lui aussi d'un réel manque de savoir-faire et de puissance iconique.

Lourdaud, impersonnel, ennuyeux, bavard, manquant d'ambition et plombé par un montage malhabile et une durée trop expéditive - à peine une heure et demie, pas un mal en même temps -, Hercule est un péplum creux et sans saveur, produit trop calibré et au script beaucoup trop faiblard pour ne serait-ce que tutoyer du bout des doigts ses glorieuses références (Gladiator et Conan le Barbare en tête), sans compter une réalisation transparente, sans envergure et peu inspirée de la part d'un bonhomme visiblement ici simplement pour toucher grassement son chèque, de quoi nous faire amèrement regretté le désistement de Peter Berg, premier metteur en scène sur le projet - et clairement plus talentueux que Ratner.

Et si il est vrai qu'Hercule n'a jamais réellement brillé en salles (des séries Z fauchées avec Lou Ferrigno et même Arnold Schwarzenegger, à la médiocre adaptation Disney), force est d'admettre que le genre péplum à pris un sacré coup dans son fondement ses derniers mois, avec cet Hercule mais également les deux DTV de luxe signé Paul WS Anderson - Pompéi - et Renny Harlin - La Légende d'Hercule.


Reste que tout n'est pas à jeter dans The Thracian Wars, plaisir coupable pas plus honteux qu'un autre et dont il est facile d'avoir l'esprit moqueur à sa vision.

Son humour premier degré fait parfois mouche, les décors signés Jean-Vincent Puzos sont absolument somptueux, tout autant que la photographie du talentueux  Dante Spinotti, et difficile de ne pas être un minimum impressionné par l'implication et l'investissement physique d'un Dwayne Johnson attachant, qui fait ce qu'il peut pour convaincre - il aurait clairement mérité un meilleur metteur en scène pour s'épanouir pleinement -, dans la peau d'un personnage héroïque mais un brin naïf et qui, on le voit, lui tenait réellement à cœur.

Bref, si on en est limite à préférer le pourtant très brouillon Le Choc des Titans de Louis Leterrier - qui lui au moins s'assumait, mythologiquement parlant -, c'est qu'il y a réellement quelque chose qui ne tourne pas rond avec cet Hercule qui était pourtant si alléchant sur le papier...


Jonathan Chevrier


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