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[CRITIQUE] : 22 Jump Street


Réalisateur : Phil Lord et Chris Miller
Acteurs : Jonah Hill, Channing Tatum, Ice Cube, Peter Stormare, Amber Stevens,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : 50 000 000 $
Genre : Comédie, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h52min.

Synopsis :
Les deux policiers Schmidt et Jenko, après être retournés au lycée pour mettre à découvert un nouveau réseau de trafiquants, retournent cette fois-ci à la fac pour démanteler un trafic de drogues.



Critique :

Carton imposant outre-Atlantique à sa sortie mais surtout vraie surprise comique de l'année 2012, 21 Jump Street, adaptation de la série culte éponyme sur grand écran (qui révéla, on le répète, Johnny Depp) faisait parti des jolis petits plaisirs coupables que le cinéma ricain nous balance en plein été des blockbusters chaque année.

Mieux, dans son étonnante qualité, il démontrait non seulement que le beau-gosse Channing Tatum était plutôt doué pour la comédie et qu'il savait rire de son image mais surtout, que le duo de réalisateurs Chris Miller et Phil Lord étaient des cinéastes à suivre de très, très près - impression d'ailleurs confirmée cette année avec le sublime et délirant La Grande Aventure Lego.

Annoncée quasiment dans la foulée, 22 Jump Street, suite direct aux aventures du premier film, même si elle n'aura cette fois pas l'avantage de l'effet de surprise, avait tout de même tout en elle sur le papier, pour allécher les amateurs de séries B potaches et burnées que nous sommes, surtout que la campagne promotionnelle de la bande laissait présager un divertissement encore plus barré, boosté à la surenchère et délirant que l'opus original.


22 Jump Street ou on reprend les mêmes et on recommence (de la bouche même du boss campé par Ice Cube, " Les gars, on refait la même chose que la dernière fois, exactement pareil, bien compris ? "), puisqu'on retrouve deux ans plus tard nos bons vieux Schmidt et Jenko, toujours fidèle au poste.
Après avoir démantelé un réseau de vendeurs de drogue dans un lycée et régler leur compte avec leur adolescence, ils sont affectés à une mission identique, mais à l’université cette fois.

Pendant leur infiltration - ou ils sont considérés comme flics des le départ -, si l’athlétique Jenko devient la star de l’équipe de football et Schmidt, lui, lassé de suivre son fidèle acolyte, passe du temps avec la bombe du bahut, la belle Maya, une étudiante en arts qui cache bien des secrets...

Autant le dire tout de suite histoire d'ôter tout suspens inadéquat, malgré quelques défauts dommageable, 22 Jump Street surpasse aisément de la tête et des épaules 21 Jump Street, dans un enchainement de surenchère aussi bien de moyens, d'idées, de vannes et de clins d'oeils référencés qui si il pourra paraitre redondant voir exaspérant pour certains, incarnera le sel du film pour les initiés.

Dans ce sens, on pourrait donc clairement comparé 22 Jump Street à Bad Boys 2 qui, en son temps, dynamitait littéralement la sauce du succès de l'opus original, pour encore plus plonger dans la surenchère visuelle.
Sauf que si Michael Bay est le roi du rentre-dedans et du Kaboom à Hollywood, Lord et Miller eux, sont les génies de l'ironie ayant une capacité presque hors norme, de pouvoir déconstruire les genres avec humour tout en racontant leurs histoires avec une sincérité dévoilant constamment leur amour pour le septième art.


Du coup, presque par défi (c'est la première suite qu'il tourne, puisqu’ils ont refusés Tempête de Boulettes Géantes 2 et La Grande Aventure Lego 2), ceux-ci prennent à bras le corps le concept qui veut que chaque second volet soit plus impressionnant que le précédent, pour en parodier tous les excès et travers ridicules - quitte à même parfois, y tomber la tête la première - et cornaquer la suite la plus décomplexée et jouissive de ses dernières années dans le cinéma ricain.

Complétement moderne, libéré de son modèle télévisé et over the top, autoréférentiel à outrance (rien que sans son introduction), calquant volontairement son pitch sur celui du précédent et jouant sur la même dynamique des contraires mais surtout, creusant encore un petit peu plus le sillon déjà entamé avec La Grande Aventure Lego - à savoir dézinguer le système tout en produisant une œuvre qui le sert -, le film épouse tous les clichés pour mieux les dénoncer et s'autorise tous les excès, même les plus trash (d'un poulpe vengeur à un tripotage de testicule en plein air pour trouver une grenade, en passant par un trip Oui-Fi mémorable...) et les plus attachants.

Parce que dans le fond, plus qu'une parodie potache des actionners Hollywoodiens, plus qu'un détournement des codes des teens et buddy movies, plus qu'un portrait déformant d'une Amérique au gigantisme et à l'égo surdimensionné, 22 Jump Street c'est avant tout et surtout une bromance complétement déphasée, ou l'amitié vacharde et virile du premier opus laisse ici place à une vraie histoire romantique à tendance (très) crypto-gay et d'une ironie hautement délirante.

Dans la peau des deux losers attachants et réjouissants, s'imaginant incarner des héros typiquement américains du type John McClane, Channing Tatum - encore une fois incroyable dans l'humour - et Jonah Hill - plus désopilant que jamais -, font une nouvelle fois des merveilles et leur alchimie comique est toujours aussi convaincante (voir même plus) tandis qu'Ice Cube y parait plus vénère que jamais.


De manière globale, le seul vrai défaut que l'on pourrait reprocher au final à la péloche est maigre : sa longueur - plus d'une heure quarante-cinq -, dont il n'aurait pas été superflus de tailler un bon petit quart d'heure de bout de gras, pour rendre son rythme un poil moins mou et plus soutenu.

Profondément méta et honnête puisqu'il rit constamment de sa propre nature et de son exagération - jusque dans son démentiel générique final, à ne surtout pas manquer -, percutant (même avec un gros budget, ces cinéastes ont toujours quelque chose à dire et implique toujours autant son spectateur), aussi malin qu'idiot, hilarant que pertinent et pétaradant (jusque dans des scènes d'action improbables), 22 Jump Street est une avalanche de gags aussi créatifs et déjantés que variés.

Une suite qui hausse grandement le niveau de l'original tout en étant ce que toute suite se doit d'être - supérieur au premier film -, et qui incarne ni plus ni moins que la meilleure comédie US de l'été 2014, bien devant Albert à l'Ouest de Seth MacFarlane mais surtout Nos Pires Voisins de Nicholas Stoller (dans lequel Dave Franco y joue également les seconds-rôles).


Inutile de dire que l'on attend donc méchamment de pied ferme que Sony commande un 23 Jump Street au plus vite.

Bref, une franche réussite de la part de deux cinéastes pétri de talents, qui peuvent se targuer d'être bien les seuls aujourd'hui, à être capable de sortir deux excellents films dans la même année...


Jonathan Chevrier


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