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[CRITIQUE] : Man of Tai Chi


Réalisateur : Keanu Reeves
Acteurs : Keanu Reeves, Tiger Hu Chen, Simon Yam, Iko Uwais,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : 25 000 000 $
Genre : Action, Arts Martiaux.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h45min.

Synopsis :
Tiger, un talentueux combattant de Tai Chi, livreur en dehors du ring, se voit offrir des combats excessivement rémunérés par un riche entrepreneur à Hong-Kong. Pour sauver le temple de son maître et faire reconnaître le Tai Chi comme discipline de combat, le jeune Tiger ferme les yeux sur la légalité de ces rencontres et tombe sous le joug de Donaka Mark, son étrange et mystérieux bienfaiteur.



Critique :

Voilà plus d'un an maintenant que ce cher bon vieux Keanu Reeves nous allèche salement avec sa première réalisation, Man of Tai Chi, qui commençait sérieusement à peiner pour trouver sa place au sein de nos salles obscures hexagonales, la faute certainement, au gadin retentissant qu'il a subit lors de sa sortie outre-Atlantique, il y a quelques mois de cela.

Mal aimé, le Keanu ?

Autant dire que la question se pose là, vu son impopularité constante auprès du public et au box-office international depuis le dernier opus de la trilogie Matrix datant, déjà, de 2003.
On ne dénombre plus ses flops, et ce n'est pas le tout récent 47 Ronin, officiellement gros accident industriel pour Universal, qui aura changé cette donne.


Pourtant, force est d'admettre qu'il s'est toujours donné beaucoup de mal pour contenter les cinéphiles que nous sommes et oser des paris salement opportunistes, la preuve en est avec son premier passage derrière la caméra, film d'arts martiaux fleurant bon les péloches de combats HK et les séries B burnés comme on les aime.

Surtout que pour bien foutre la trique et teaser son œuvre comme il se doit, il avait annoncé en grande pompe que la bande compterait dix-huit scènes de baston pour quarante minutes, minimum, d’action...

Promesse tenue haut la main, car si Man of Tai Chi pâti, un peu, d'une certaine rigueur scénaristique, il n'en est pas moins un divertissement salement jubilatoire bourré jusqu'à la gueule de fights étourdissants s'enchainant à une vitesse folle, dans un respect total aussi bien des arts martiaux que du cinéma asiatique auquel il emprunte nombreux de ses thèmes.

Tout comme l'aura de son metteur en scène, Man of Tai Chi à un petit côté insaisissable, imprévisible qui le rend instinctivement attachant, autant par sa sincérité profonde que par sa volonté, louable, de toujours vouloir proposer plus que son simple postulat de départ, de péloche d'action.


Car plus qu'un jouissif film de combat, par le prisme de l’évolution d’un jeune maître de Tai-chi en devenir, le métrage de Keanu Reeves est avant tout une déclaration d'amour au Tai-chi, art qui a vraisemblablement marqué au fer rouge l'existence de l'acteur/réalisateur depuis la trilogie Matrix, puisqu'il tente ici d'en illustrer tout son symbolisme avec le plus grand respect possible.

Au point même de lui offrir tout un cadre propice à sa description, que ce soit de son choix des lieux tournages à l'équipe technique employée, allant de l'ancien cascadeur Tiger Chen en tant que rôle-titre, au légendaire Yuen Woo Ping pour la chorégraphie et la coordination des combats.

Que ce soit dans sa chair ou dans son âme, Man of Tai Chi incarne donc quoiqu'il arrive, une œuvre foutrement ovni dans l'univers Hollywoodien contemporain, puisque si l'affiche n'en faisait pas mention, on douterait fortement que celle-ci soit signée par Keanu Reeves et non un cinéaste asiatique - le film est tourné en Asie, en partie en Cantonais et en Mandarin, et avec des acteurs " locaux ".

Conscient de sa marginalité puisqu'il assume son sujet du début jusqu'à la fin avec une rigueur étonnante - il ne calque pas la culture asiatique, il se fond littéralement dedans -, le bonhomme déballe alors son talent sur un petit peu plus d'une heure et demie, entre scènes de combats crédibles et nerveuses ou les coups sont secs et font mal (limite presque autant qu'un The Raid en comparaison) et ou l'histoire, même si elle ne rend pas forcément honneur à tous ses personnages, parait toujours un poil plus maline qu'elle n'en à l'air.


Se réservant le rôle de grand vilain majeur, sorte de puissant milliardaire à la fois mono-expressif, charismatique et incarnation du mal à l'état pur (bref, un bon boss de fin de jeu de combats sur console, qui apparait constamment pour jauger et provoquer le héros), il cite joliment ses rôles les plus sombres et à contre-emploi, notamment celui que lui avait offert Sam Raimi dans son mésestimé et génial Intuitions, et offre un rôle d'envergure au méconnu - mais plus pour très longtemps - Tiger Chen.

De tous les combats (ou presque), il bouffe littéralement l'écran par sa force et son talent martial proprement hallucinant, au point que l'on crève d'envie de le retrouver au plus vite dans une production estampillée HK.
A ses côtés, on retrouve même des visages plutôt connus dans des rôles à l'importance frisant lourdement avec l'anecdotique, que ce soit le talentueux et bondissant indonésien Iko Uwais - que l'on attend de pied ferme dans The Raid 2 : Berandal -, Karen Mok (Black Mask) en flic déterminée ou encore Sam Lee (Invisible Target) en hacker pour la police.

Côté technique, le Keanu montre qu'il n'est pas un manche non plus, sa mise en scène est inventive et fluide - surtout dans les scènes de fights -, alternant découpage énergique et plan large, prenant à bras le corps l'action pour placer le spectateur au plus près des combattants.

Alors certes, si c'est dans les clichés les plus éculés et les facilités et raccourcis scénaristiques les plus abracadabrants que le film perd clairement de sa superbe, il n'en reste pas moins un film martial de luxe, une série B dynamique et jouissive qui nous ferait presque regretter, avec nostalgie, l'époque bénie des 80's ou les tataneurs maniaques Chuck Norris, Jean-Claude Van Damme, Steven Seagal et autres Michael Dudikoff et Sho Kosugi nous en mettait plein les mirettes pour pas un rond.


Humble, spirituel, épique, nerveux et salement bien emballé, Man of Tai Chi est un premier long aussi enthousiasmant que surprenant de la part d'un Keanu Reeves que l'on n'aurait pas cru aussi efficace derrière une caméra.

De quoi nous faire baver d'impatience quand à la suite qu'il donnera à sa carrière de metteur en scène...


Jonathan Chevrier


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