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[CRITIQUE] : Apprenti Gigolo


Réalisateur : John Turturro
Acteurs : John Turturro, Woody Allen, Sharon Stone, Sofia Vergara, Vanessa Paradis, Liev Schreiber,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h30min.

Synopsis :
Deux amis, l'un libraire, l'autre fleuriste, ont des problèmes d'argent. Le premier devient le mac du second. Ils feront le bonheur de leurs clientes.



Critique :

Que ce soit sur le papier, dans sa bande annonce ou même dans sa campagne promotionnelle, tout Apprenti Gigolo flaire bon le précieux cinéma de ce bon vieux Woody Allen, et pas seulement parce que l'on sait que celui-ci campe dans la péloche, un second couteau majeur.

En effet, ce cinquième long signé par l'excellent John Turturro, squatteur d'exception dans les filmographie de Spike Lee et des frangins Coen, pourrait clairement laisser penser qu'il fait parti de la filmographie du célèbre cinéaste New-Yorkais, si l'on ne savait pas de prime abord, qu'il en était l'unique instigateur.

A la fois scénariste, vedette et réalisateur de la bande, le big John étonnement très rare ces derniers temps devant la caméra, nous revient donc avec une triple casquette pas forcément très aisé à porter, mais surtout avec une histoire au ressort comique-intello alléchant.

On y suit celle d'un pimpant quadra, Fioravante, fleuriste de métier qui se trouve, crise financière oblige, au bord de la faillite.
Mais le bonhomme est bien entouré, en effet, il se voit offrir un job en or par un vieil ami excentrique, Murray, un libraire new-yorkais tout aussi dans la merde niveau pépette que lui : devenir un gigolo haut de gamme pour quelques femmes riches et mariées en manque de passion.


Parce que si il a un physique des plus banales, le bonhomme a pourtant plus d'une flèche à son arc, il est timide, visiblement bien gaulé et sait très bien écouter les femmes, et ça mine de rien, c'est plutôt sexy.
Et si au début le timide grand gaillard rechigne un peu à la tache, en éternel romantique qu'il est, il finira finalement par prendre très vite un certain plaisir à œuvrer au près des dames nécessiteuses et esseulées, et organisera un petit business du plaisir tarifé qui sortira clairement de la panade financière lui et son poto mac...

La jungle urbaine New-Yorkaise, les femmes, le sexe sous toutes ses formes (surtout spirituelle et physique), le mystère des relations entre la gente masculine et la gente féminine, le jazz, les grands benêts timides, les formidables joutes oratoires, la bande son jazzy, le rapport au judaïsme...

Plus qu'un louchage abusif à celui qui lui a, presque, mis le pied à l'étrier à ses débuts - il avait eu un tout petit rôle dans le culte Hannah et ses sœurs -, c'est un véritable hommage appuyé à Woody Allen qu'opère ici Turturro avec son Apprenti Gigolo, classique rom-com qui cependant n'atteint jamais les cimes de la qualité du cinéma de son illustre ainé, pourtant ici présent au casting.

Pire, si l'histoire emprunte pas mal à feu la série Hung avec le mésestimé Thomas Jane, l'écriture elle, manque cruellement de l'acidité qui rend si cher le cinéma d'Allen - quand celui-ci est en forme bien entendu -, se résume à une accumulation de saynètes plates et manquant d'originalité, et trouve son apogée dans une incongrue romance entre le fameux gigolo et une fragile veuve juive orthodoxe.
C'est bordélique, cela manque cruellement de chair, de profondeur et même de sensibilité malgré un humour plus ou moins efficace, et on peine tout du long à croire en cette métaphore par le marché du sexe, des relations amoureuses entre quadra et quinqua aujourd'hui.



Reste néanmoins que si le John est transparent sur tous les fronts - en somme le vrai échec de la bande -, le casting qu'il a convoqué pour le secondé fait salement le boulot pour empêcher son long de se gaufrer dans les grandes largeurs, au fond du caniveau.

En mac improvisé, Woody Allen s'éclate et ravit dans un rôle que l'on aurait pas forcément penser pour lui (Woody en PIMP comme dirait 50 Cent, qui l'eut cru ?), soit celui du poto bien gentil qui pousse son meilleur ami à jouer au prostitué de luxe moyennant de sacrés bénéfices pour sa personne.
A ses côtés, on envie clairement Turturro de s'être fait plaisir avec les foutrement sexy Sofia Vergara (pour qui on aurait jouer les prostitués gratis) et Sharon Stone, plus belles que jamais dans la peau de deux cougars qui se partagent justement, les faveurs de Fioravante.

Mais la vraie surprise du métrage vient de la performance tout en délicatesse et justesse d'une Vanessa Paradis lumineuse - même si elle est affublée d'une perruque ridicule - en veuve hassidim que les plaisirs de la chair rend toute chose.

Belle, touchante et émouvante, on ne l'avait pas vu aussi délicate face caméra depuis (trop) longtemps.


Sans ses clientes le gigolo n'est rien, et il en est de même pour Apprenti Gigolo, péloche bourrée de clichés, d'imperfections et à la morale grosse comme une montgolfière (le sexe s'achète, pas l'amour).

Ou une déception au moins à la hauteur des talents engagés à sa conception, c'est dire donc comment elle est immense à nos yeux...



Jonathan Chevrier


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