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[CRITIQUE] : Yves Saint Laurent


Réalisateur : Jalil Lespert
Acteurs : Pierre Niney, Guillaume Gallienne, Charlotte Le Bon, Laura Smet,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Drame, Biopic.
Nationalité : Français.
Durée : 1h46min.

Synopsis :

Paris, 1957. A tout juste 21 ans, Yves Saint Laurent est appelé à prendre en main les destinées de la prestigieuse maison de haute couture fondée par Christian Dior, récemment décédé. Lors de son premier défilé triomphal, il fait la connaissance de Pierre Bergé, rencontre qui va bouleverser sa vie. Amants et partenaires en affaires, les deux hommes s’associent trois ans plus tard pour créer la société Yves Saint Laurent. Malgré ses obsessions et ses démons intérieurs, Yves Saint Laurent s’apprête à révolutionner le monde de la mode avec son approche moderne et iconoclaste.




Critique :

Il serait logique de trouver cela totalement mal placé, de voir débarquer dans les salles obscures un biopic sur une figure aussi imposante et populaire qu'Yves Saint Laurent, à peine deux ans après sa disparition.

Ce serait logique donc sauf que si il y a bien une personnalité sur qui il serait très facile de réaliser plusieurs péloches, c'est bel et bien YSL, grand homme de la mode aussi fascinant que mystérieux (d'ailleurs, un second long métrage sur le bonhomme débarquera en 2014, signé Bertrant Bonello avec Gaspard Ulliel en vedette), qui a tout pour inspirer le septième art, comme Coco Chanel qui eut les honneurs de deux films sur sa vie, sorties quasiment simultanément.

C'est qu'il y a beaucoup à dire sur le Yves en fait, et Jalil Lespert l'a bien compris, en se focalisant sur les années de gloire du couturier, et de son histoire passionnelle d'avec Pierre Bergé, il signe ni plus ni moins que son plus beau film, et un hommage aussi fidèle que classieux sur cette icone de la mode.

Si le metteur en scène se permet, bien sur, quelques libertés par rapport à la réalité, sa copie est dans la globalité, hautement respectueuse et précise.
En effet, tous les hauts et les bas de la vie du " petit prince de la haute couture " sont épargnés, même sa période de débauche en pleine sixties, entre sexe, alcool, drogues et médocs à gogos.


YSL, c'est une rockstar comme Jimi Hendrix, une légende dont la décadence à un impact direct sur son existence, et si Lespert le capte avec intelligence et dignité, force est d'admettre que le tout manque justement un peu, d'impact.
Car a trop vouloir respecter l'homme, le cinéaste dénote complètement avec l'image de dandy trash qu'à toujours véhiculé le couturier, preuve en est la scène des backrooms, épurée et très (trop) lisse.

Une volonté de ratisser un large public, de faire un film " tout public " gentil et propret qui, si elle contentera la majorité, laissera un petit gout d'inachevé dans la gorge des cinéphiles endurcis, qui s'attendait à une oeuvre plus bouillante et marquante.

Une légère déception, que le cinéaste s’évertuera à corriger tout du long, grâce à une photographie et une reconstitution léchée mais surtout grâce à un parti-pris audacieux et salutaire : la grande histoire d'amour entre Saint Laurent et Bergé.

Digne d'un couple de légende, et campé par deux acteurs absolument prodigieux - Pierre Niney, époustouflant et bouleversant de fragilité, et Guillaume Gallienne, incroyable de justesse -, les deux amants vibrent d'un amour à la fois pure et dévastateur, qui les nourrit, les transcende autant qui les dévore.
Un amour bouleversant, qui aura autant porté au firmament le jeune et timide artiste, que l'empire imposant YSL.


Romantique, sensible, beau et d'une émotion toujours sincère, Yves Saint Laurent est un biopic intime et léchée sur un homme fragile et fascinant, auquel chacun peut s'identifier.

Très proche d'Amadeus dans son traitement (comme le chef d'oeuvre de Milos Forman, le génie est décrit sous l’œil observatoire d'un autre, ici Bergé), bienveillant et magistralement interprété - s'en est même troublant, les comédiens ne jouent pas, ils sont littéralement leurs personnages -, il est un pari osé mais assurément réussi, de la part d'un jeune metteur en scène qui met lourdement la pression sur la concurrence au sein des sorties françaises de cette nouvelle année ciné.

On tient là le grand favoris des césars avec La Vie D'Adèle et Les Garçons et Guillaume, à Table !


Jonathan Chevrier

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