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[CRITIQUE] : Mandela : Un Long Chemin vers la Liberté


Réalisateur : Justin Chadwick
Acteurs : Idris Elba, Naomie Harris, Tony Kgoroge,...
Distributeur : Pathé  Distribution
Budget : 35 000 000 $
Genre : Fantastique, Aventure.
Nationalité : Briatnnique, Sud-Africain.
Durée : 2h19min.

Synopsis :
Né et élevé à la campagne, dans la famille royale des Thembus, Nelson Mandela gagne Johannesburg où il va ouvrir le premier cabinet d’avocats noirs et devenir un des leaders de l’ANC.
Son arrestation le sépare de Winnie, l’amour de sa vie qui le soutiendra pendant ses longues années de captivité et deviendra à son tour une des figures actives de l’ANC.
À travers la clandestinité, la lutte armée, la prison, sa vie se confond plus que jamais avec son combat pour la liberté, lui conférant peu à peu une dimension mythique, faisant de lui l’homme clef pour sortir son pays, l’Afrique du Sud, de l’impasse où l’ont enfermé quarante ans d’apartheid. Il sera le premier Président de la République d’Afrique du Sud élu démocratiquement.


Critique :

Dire que le destin est parfois aussi hasardeux que cruel est un doux euphémisme.
Que Mandela : Un Long Chemin vers la Liberté sorte dans les salles hexagonales à peine quelques jours après la disparition tragique de Madiba, procure à ce biopic vérité une dimension hautement puissante et particulière, lui qui s'annonçait pourtant déjà, comme l'un des événements ciné les plus importants de la fin d'année.

Car comme dit plus haut, outre d'avoir le (très) bon gout de faire du génialement précieux - oui, il l'est - Idris Elba, le nouveau Mandela sur grand écran après les immenses Sidney Poitier et Morgan Freeman, le film s'annonçait surtout comme un biopic vérité et total sur le prix Nobel de la Paix, une œuvre portrait qui n'occulterait ni ne masquerait rien de la vie de l'homme, et de la figure éternel de tout un peuple.

Soit LE film ultime sur Nelson Rolihlahla Mandela.


Ce qui est, en soi, une sacrée performance, car condenser une existence aussi extraordinaire que connu de beaucoup, dans une bande d'à peine deux heures trente, relevait en tout point de la mission impossible que même l'agent Ethan Hunt n'aurait pas eu la folie d'accepter.


Mais le sympathique Justin Chadwick est un homme de défi, et tant pis si sa grammaire cinématographique n'es pas des plus riches et pointues, le script de William Nicholson (Gladiator) est suffisament conséquent pour rendre l'entreprise follement enthousiasmante et instructive.
Ce qu'est en tout point A Long Walk To Freedom, qui rend le plus sincèrement et fidèlement possible, hommage à son sujet, même si le résultat final a de quoi partager ses spectateurs.

De sa jeunesse, de ses débuts d'avocat et ses combats politiques à son investiture présidentielle, sans oublier sa longue case prison, ses déboires affectifs et son évolution psychologique et idéologique, le métrage n'omet rien et suit de tout son long sa volonté première de ne zapper aucun aspect de l'existence de Mandela (on l'y voit mari infidèle et père absent, lors de son premier mariage).
Si cette assiduité est fort louable sur la durée, elle peine cependant a réellement fonctionné dans une première partie aux fausses allures d'accumulations d'éléments fondateurs, certes pleine de clarté mais manquant cruellement de mesure.

Mandela décolle donc vraiment au moment ou Madiba est emprisonné, période ou le leader de l'African National Congress s'éloigne aussi bien de son idéologie radical que de sa seconde femme, l'aimante et battante Winnie.
C'est dans le prisme de cette confrontation entre les deux amants, l'activisme radicale et emplit de haine de l'une - qui subira durant les trente années d'emprisonnement de son mari, des sévices raciales atroces -, et les volontés pacifistes de l'autre, que ce biopic tire sa puissance, bien aidé par les compositions prodigieuses de Naomie Harris et Idris Elba.



Si l'idée de voir un acteur aussi grand, massif et peu ressemblant physiquement au personnage, pouvait en faire tiquer plus d'un, Elba, avec le talent et le charisme qu'on lui connait, arrivera pourtant à rendre sa composition impressionnante et lumineuse, en se faisant oublier sous l'aura magique de Mandela - et ce même si son Madiba vieux, atrocement maquillé, nous rappelle vite à l'ordre.
Naomie Harris quand à elle, explose littéralement sous les traits merveilleux de la " mère de la nation ", d'une posture remarquable, elle habite avec conviction une Winnie Mandela battante de l'ombre, au destin tout aussi captivant que celui de son mari.

Loin de la fresque historique colossal et imposante que laissait présager sa jolie campagne promotionnelle, ne tirant que trop peu parti de la tension d'un pays tiraillé entre ses désirs de vengeance et le pardon qu'inspire et demande son leader, Un Long Chemin vers la Liberté n'en reste pas moins un efficace et divertissant biopic débordant d'émotion (n'hésitant jamais à alterner entre les moments brutaux et les moments purement intimes), certes un chouïa trop scolaire (aussi bien dans sa bonne volonté d'instruire son spectateur que dans sa mise en scène trop sobre et sans relief), mais d'une sincérité et d'une honnêteté remarquable.

Beau (certains plans de l'Afrique du Sud sont à tomber), fort, cohérent et fluide malgré sa longue durée, mais ne prenant que trop peu de risques pour vraiment marquer, le film aurait certainement eu plus d'impact avec un cinéaste plus chevronné à son bord.


Dans l'état, si il n'est pas l'hommage ultime qui rend justice à Nelson Mandela à la perfection, il est - au minimum - l'écrin d'exception pour deux talents infiniment mésestimés, Idris Elba et Naomie Harris, pour leur permettre d'éclabousser l'écran comme rarement ils ont eu l'occasion de le faire jusqu'à aujourd'hui.

Et rien que pour cela, A Long Walk To Freedom se doit de posséder une valeur toute particulière pour les cinéphiles endurcis que nous sommes.


Jonathan Chevrier