[CRITIQUE] : Belle et Sébastien
Réalisateur : Nicolas Vanier
Acteurs : Félix Bossuet, Tchéky Karyo, Margaux Chatelier,...
Distributeur : Gaumont Distribution
Budget : -
Genre : Famille.
Nationalité : Français.
Durée : 1h44min.
Synopsis :
Ça se passe là-haut, dans les Alpes. Ça se passe là où la neige est immaculée, là où les chamois coursent les marmottes, là où les sommets tutoient les nuages. Ça se passe dans un village paisible jusqu'à l'arrivée des Allemands. C'est la rencontre d'un enfant solitaire et d'un chien sauvage. C'est l'histoire de Sébastien qui apprivoise Belle. C'est l'aventure d'une amitié indéfectible. C'est le récit extraordinaire d'un enfant débrouillard et attendrissant au coeur de la Seconde Guerre mondiale. C'est l'odyssée d'un petit garçon à la recherche de sa mère, d'un vieil homme à la recherche de son passé, d'un résistant à la recherche de l'amour, d'une jeune femme en quête d'aventures, d'un lieutenant allemand à la recherche du pardon. C'est la vie de Belle et Sébastien...
Critique :
Qu'on se le dise, il n'était qu'une question de temps avant que Belle et Sébastien ne se voit lourdement happer par un cinéma français de moins en moins original - quoique dans un état nettement moins critique que celui Hollywoodien -, pour se voir offrir les honneurs (enfin, on se comprend) d'une adaptation pimpante sur grand écran.
C'est qu'il ne restait plus beaucoup de séries télés cultes des 60's/70's à faire passer à la casserole, les adaptations foireuses de Vidocq, Belphégor, Les Brigades du Tigre ou encore des Chevaliers du Ciel auront quand même pas mal bousillés le catalogue, attentions dont ce seraient bien passées leurs fans nostalgiques.
Mais comparé à ses nombreuses banqueroutes, Belle et Sébastien laissait quand même un minimum rêveur, ne serait-ce que pour son metteur en scène, Nicolas Vanier, dont la caméra aura su, dans ses deux précédentes œuvres magnifiques - Loup et Le Dernier Trappeur -, capter la beauté de mère nature avec maestria.
Prouesse qu'il renouvelle une nouvelle fois ici, avec une réussite encore plus imposante.
Maitrisant les grands espaces comme peu en son capable dans l'hexagone, le Vanier ne fait pas que seulement magnifier le cadre majestueux des Alpes franco-suisse, il en saisit tout simplement toute la puissance et la beauté sauvage, au point de faire de chaque montagne, chaque animal, un personnage à part entière.
Une précision clinique ahurissante qui légitime presque à elle seule cette adaptation qui, pour le coup, joue intelligemment la carte de la réinvention - histoire d'éviter toute comparaison qui pouvait lui être fatal -, en transposant son récit à l'année 1944, en pleine période sombre de la seconde guerre mondial face aux vilains nazis.
Mais la plus grande force de la péloche est également sa plus grande faiblesse, car en donnant à son film un genre quasi-documentaire, Vanier rend de facto ridicule, toute prise de parole de ses personnages.
En effet, si le novice Félix Bossuet - première apparition sur grand écran -, bouffe littéralement la bande de son naturel débordant, il en devient très vite horripilant quand il se borne a essayer de jouer la comédie.
Souvent faux, il a certes une jolie bouille mais aucun talent d'acteur, ce qui n'est en soi, pas un frein dans une carrière cinématographique aujourd'hui - plusieurs de ses ainés s'en sorte avec les mêmes attributs...
Mais qu'il se rassure, si lui joue comme un pied, le reste du casting se règle sur son pas, des seconds-couteaux transparents à un Tchéky Karyo aussi merveilleux qu'il en fait des tonnes en papy ronchon accro à la bouteille, tous se ramassent au gré de dialogues purement indigestes.
Une richesse visuelle qui s'oppose donc pendant une heure trente à une pauvreté de jeu, à un ton aussi simpliste que caricatural.
Un tic maladif qui se ressent même dans sa musique, ou s'oppose un score somptueux d'Armand Amar et une bande originale chantée, notamment par Zaz...
Un grand écart maladroit - et pas qu'un peu - qui fait de ce Belle et Sébastien un conte de noël populaire aussi beau que d'une naïveté désagréable.
Si c'est la réponse du cinéma français aux grosses artilleries familiales made in US du réveillon 2013 - La Reine des Neiges et La Désolation de Smaug -, autant dire que ce n'est pas demain la veille qu'Hollywood sentira ses chevilles se fragilisées.
Charmant visuellement mais sans plus, de quoi faire salement tirer la gueule aux fans nostalgiques du feuilleton...
Jonathan Chevrier