[CRITIQUE] : Trans Memoria
Réalisatrice : Victoria Verseau
Acteurs : -
Distributeur : Outplay Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Suédois, Français.
Durée : 1h12min.
Synopsis :
Victoria remonte le temps pour comprendre ce qui la définit en tant que femme et se confronte alors au deuil de son amie Meril. Le film devient un espace pour partager sa douleur et les souvenirs de son opération avec Athena et Aamina, elles-mêmes au début de leur propre parcours de transition. En retournant en Thaïlande, elles partent à la recherche des fantômes du passé et d’un futur meilleur.
Il y a des titres qui, au-delà de toute familiarité voire d'un quelconque rapprochement - plus où un moins pertinent - à une identité populaire, ne mentent pas ou, d'une manière disons moins vulgaire, n'ont pas la prétention d'affirmer autre chose que ce que le long-métrage peut ou s'apprête à proposer à son auditoire.
En ce sens, celui qu'arbore le documentaire Trans Memoria de Victoria Verseau est particulièrement clair comme de l'eau de roche, lui qui se fait l'autoportrait tout aussi vibrant que captivant de la réalisatrice même du film, une exploration sans fard de sa transition d'un genre à l'autre, des risques d'une telle opération à ses angoisses légitimes face à l'avenir, en passant par les les défis physiques et émotionnels à affronter qui mènent à une affirmation sans entrave de son identité.
Le tout noué au détour de son retour en Thaïlande, sept ans après avoir été opérée dans un hôpital local.
Une exhumation de ses souvenirs à la double résonance douloureuse, puisque ce retour en terres thaïlandaises où elle tente d'exorciser ses propres démons tout en exposant de manière sensiblement crue la réalité de la transition, la confronte à sa gestion du deuil et à la tentative de compréhension face à la disparition tragique de son amie Meril, avec qui elle avait partagé son parcours de transition avant de se donner la mort, et dont l'absence laisse un vide immense dans son existence.
Fusion hybride entre le journal intime filmé et le documentaire poético-artistique, entre l'expérience individuelle introspective et nuancée et l'analyse sociale aux thématiques universels (impossibilité de faire son deuil, résilience, quête identitaire,...), où passé et présent s'entremêlent sans vampiriser l'autre dans une Thaïlande à la beauté singulière (qui reflète pleinement le parcours émotionnel des protagonistes), Trans Memoria incarne un beau documentaire introspectif qui se fait tout autant l'expression d'un deuil impossible qu'un puissant récit de résilience et de survie sous fond de quête permanente de soi.
Jonathan Chevrier






