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[CRITIQUE] : Yoroï


Réalisateur : David Tomaszewski
Acteurs : Orelsan, Clara Choï, Kazuya Tanabe, Alice Yanagida,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Aventure, Fantastique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h55min

Synopsis :
Après une dernière tournée éprouvante, Aurélien décide de s'installer au Japon avec sa femme Nanako, enceinte de leur premier enfant. Alors que le jeune couple emménage dans une maison traditionnelle dans la campagne japonaise, Aurélien découvre dans un puits une armure ancestrale qui va réveiller d'étranges créatures, les Yokaïs.





Quand bien même il ne faut jamais vraiment juger un film avant de l'avoir vu, ce que beaucoup d'entre-nous ont tendance à oublier (même si plusieurs éléments peuvent, dans ce sens, nous pousser à ne pas le voir), gageons que Yoroï partait quand-même méchamment du mauvais pied, pas tant dans ses contours de wannabe fable bordélique et - un poil - égocentrée (qui, neanmoins, s'inscrivait assez logiquement dans le parcours créatif du tandem Orelsan/David Tomaszewski) que dans sa volonté de mélanger comme de défricher des terrains encore vulnérables dans un septième art hexagonal qui, de sa production comme sa distribution, peine encore à prendre des risques - même si quelques exceptions récentes, viennent infirmer cette vérité.

Copyright Sony Pictures Releasing France

Des sentiments mitigés que sa campagne promotionnelle, moins ses affiches il est vrai que deux bandes annonces loin d'être folichonnes (pour ne pas dire un poil rebutante), venait sensiblement conforter totalement malgré elle.
Et pourtant après vision, aussi diamétralement opposés soient-ils, Yoroï incarne une vraie continuité à l'excellent Comment c'est loin, solide bromance intime sur deux jeunes adultes immatures encore " Bloqués " dans leur procrastination exacerbée, tant les deux films sont marqués aussi bien par les codes de la comédie complice, que par les réflexions existentielles d'un Orelsan qui sait toujours aussi bien parler de lui-même, de ses craintes comme de ses inspirations - mais beaucoup moins des autres, et encore moins d'autre chose, tout simplement.

Un déséquilibre narratif qui ne nuit pas forcément à l'entièreté de la balade (à la différence d'un autre trip de rappeur sous influences, L'Homme aux poings de fer de RZA), odyssée potacho-fantastique et méta-parodique qui reprend à son compte et de manière décomplexée les codes du shōnen à la sauce Yōkai, pour mieux structurer la psychanalyse cinématographique délirante et sur-explicative d'un Orel futur papa et - littéralement - bouffé par des démons intérieurs qu'il pensait fuir de l'autre côté du globe.
Monumentale erreur donc, puisqu'il sera flanqué d'une armure maudite qui ne lui servira pas à grand chose, si ce n'est l'obliger à affronter crescendo des monstres symbolisant la moindre de ses angoisses - même les plus délirantes.

Copyright Sony Pictures Releasing France

Samouraïs de Giordano Gederlini n'est parfois pas si loin (on exagère un peu... où pas), Jack Burton dans les griffes du Mandarin encore moins (réappropriation des influences HK oblige), mais Tomaszewski garde tout du long le cap (suetout dans une première moitié joliment régressive) de ce gros clip géant et un chouïa éreintant à la morale aussi fragiles que ses VFX, bien aidé par un enthousiasme non feint et une Clara Choï gentiment badass.
Perfectible donc mais comme tout bon OFNI qui assume son concept jusqu'au bout, quitte à glisser du côté obscur, ça mérite amplement son pesant de pop-corn


Jonathan Chevrier