[CRITIQUE] : T'as pas changé
Réalisateur : Jérôme Commandeur
Avec : Jérôme Commandeur, Laurent Lafitte, François Damiens, Vanessa Paradis,...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h45min.
Synopsis :
Suite à un événement aussi loufoque que tragique, quatre anciens lycéens cabossés se télescopent et font face à leur passé. La force du groupe suffira-t-elle à les remettre droits ?
Véritable déclaration d’amour aux années 90, T'as pas changé dresse le portrait hilarant et grinçant de ces quinquas que des retrouvailles vont bouleverser à jamais…
Après Ma famille t'adore déjà ! et Irréductible, l'acteur et humoriste Jérôme Commandeur revient derrière la caméra avec T'as pas changé, librement inspiré du film suédois Klassfesten de Måns Herngren (2002). Le pitch de ce film ne se distingue pas par son originalité, comme vous le verrez en lisant ces quelques lignes. Hervé, Maxime et Jordy approchent doucement mais sûrement la cinquantaine et leur vie n'est pas un long fleuve tranquille. Hervé (Laurent Lafitte) est un chanteur has-been qui souhaite rester libre comme l'air. Maxime (François Damiens) est un avocat en colère, se sentant en compétition avec sa femme, également avocate. Quant à Jordy (Jérôme Commandeur), aux idées sombres, il vit sous le même toit que son ex-femme, son nouveau compagnon et son ancienne belle-mère. Plus tard, ils retrouvent Anne (Vanessa Paradis), une brillante chirurgienne en pleine procédure de divorce. Ces quatre personnages se sont connus au lycée, où ils ont probablement vécu leurs meilleures années. Ils se revoient tous au moment des funérailles de Daniel (incarné par Mickaël Abiteboul), un ancien camarade de classe. Comment honorer la mémoire de ce père de famille ? En réunissant tous les anciens élèves ! Une belle idée sur le papier mais Hervé et sa bande semblent oublier un détail crucial : derrière leur apparente coolitude d'adolescents, ils harcelaient en réalité certains camarades (le terme « harcèlement » n'est jamais explicitement mentionné). Parmi eux, Marion, devenue influenceuse, a mal vécu cette période. Bref, réunir tous les anciens lycéens ne sera pas une tâche aisée pour cette bande de (presque) quinquagénaires.
On vous l'avait bien dit : dans les grandes lignes, on a déjà vu maintes fois des losers vieillissants en proie à la nostalgie. Les années 90 seront évidemment mises à l'honneur, avec leur lot de clins d'oeil et de guest stars plus ou moins improbables (c'est toujours un petit plaisir quand on ne se fait pas spoiler). Le film n'échappe pas à certains clichés habituels : les amours de jeunesse qui se rapprochent pour de bon, des vérités qui refont surface sans oublier la traditionnelle dispute entre vieux amis avant la réconciliation finale etc... Cependant il faut reconnaître que T'as pas changé s'en sort plutôt bien. Certes, le film ne marquera pas les esprits mais on passe un moment tout à fait honnête devant. Pour le dire simplement : ça fait le job. On apprécie le film tant qu'on n'est pas trop exigeant. La belle brochette d'acteurs réunie par Jérôme Commandeur contribue grandement à s'attacher à ce lot de personnages pathétiques. Laffite est impeccable en vieille star ringarde tandis que Damiens se montre très convaincant en homme frustré, colérique et jaloux de la réussite de son épouse (son cas pourrait même faire l'objet d'un long-métrage à lui seul). Commandeur s'en sort aussi plutôt bien dans le rôle d'un dépressif, sans chercher à voler la vedette de ses partenaires. Cependant, je dois admettre avoir été déconcertée qu'il l'appelle Jordy, comme le personnage d'acteur X de son récent sketch dans Le Monde Magique de Jérôme Commandeur – un sketch qui me fait littéralement mourir de rire. On apprécie Vanessa Paradis lorsqu'elle se lâche et révèle toute sa détresse affective. A noter également la prestation de Delphine Baril, très drôle en influenceuse qui n'a pas complètement résolu certaines histoires survenues durant son adolescence.
T'as pas changé séduit par la tendresse que Jérôme Commandeur porte à ses personnages confrontés au temps qui passe. Le film assume de ne pas être une pure comédie, et il n'y a pas de problème avec son côté dramatique, qui est davantage accentué. Cependant, il reste finalement sage sur les deux côtés, tant sur le ton comique que sur le ton dramatique, comme si Commandeur redoutait la noirceur de ses personnages. Par exemple, bien que les idées suicidaires de Jordy remontent à la surface pour favoriser un rapprochement avec Anne, le sujet même de la santé mentale mentale de ce personnage semble rapidement désamorcé. De même, le sort de Maxime, dont le caractère empoisonne littéralement la vie de sa famille, se termine presque un peu trop bien pour lui, comme si le film n'osait pas assumer qu'il est en réalité un véritable connard. Revenons aussi sur les révélations sur ce qui s'est passé lors de la soirée célébrant le baccalauréat des personnages, véritable fil conducteur du film qui rythme le récit. Sans trop en dévoiler, ces révélations atténuent quelque part l'idée que Hervé, Maxime et Jordy n'étaient finalement pas de si gros emmerdeurs. On pourra même aller plus loin : aucune victime n'est finalement parfaite et cache son lot de secrets. Si la nuance n'est pas à négliger, la démarche sur le thème du harcèlement semble finalement maladroite avec du recul. Enfin, une autre maladresse, si l'on veut être pointilleux, concerne la relation entre le jeune Hervé et sa professeure d'allemand. Certes, le film pourrait éventuellement souligner que dans les années 90 on se posait moins de questions sur la morale et la loi concernant les relations sexuelles entre enseignant et élève. Toutefois, il semble condamner davantage l'élève que la professeure elle-même, posée en victime d'un Dom Juan. En y repensant, difficile de ne pas s'interroger sur le malaise que ce point-là du scénario peut susciter.
Porté par une remarquable distribution d'acteurs, T'as pas changé se révèle être une comédie dramatique indéniablement sympathique. Bien que parsemé de quelques clichés et de situations prévisibles, le film parvient à toucher grâce à la tendresse de ses personnages. Malgré certaines maladresses dans le traitement de certains thèmes, il propose un moment de divertissement sincère, abordant avec sensibilité les sujets de la vieillesse et de la nostalgie.
Tinalakiller
Avec : Jérôme Commandeur, Laurent Lafitte, François Damiens, Vanessa Paradis,...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h45min.
Synopsis :
Suite à un événement aussi loufoque que tragique, quatre anciens lycéens cabossés se télescopent et font face à leur passé. La force du groupe suffira-t-elle à les remettre droits ?
Véritable déclaration d’amour aux années 90, T'as pas changé dresse le portrait hilarant et grinçant de ces quinquas que des retrouvailles vont bouleverser à jamais…
Après Ma famille t'adore déjà ! et Irréductible, l'acteur et humoriste Jérôme Commandeur revient derrière la caméra avec T'as pas changé, librement inspiré du film suédois Klassfesten de Måns Herngren (2002). Le pitch de ce film ne se distingue pas par son originalité, comme vous le verrez en lisant ces quelques lignes. Hervé, Maxime et Jordy approchent doucement mais sûrement la cinquantaine et leur vie n'est pas un long fleuve tranquille. Hervé (Laurent Lafitte) est un chanteur has-been qui souhaite rester libre comme l'air. Maxime (François Damiens) est un avocat en colère, se sentant en compétition avec sa femme, également avocate. Quant à Jordy (Jérôme Commandeur), aux idées sombres, il vit sous le même toit que son ex-femme, son nouveau compagnon et son ancienne belle-mère. Plus tard, ils retrouvent Anne (Vanessa Paradis), une brillante chirurgienne en pleine procédure de divorce. Ces quatre personnages se sont connus au lycée, où ils ont probablement vécu leurs meilleures années. Ils se revoient tous au moment des funérailles de Daniel (incarné par Mickaël Abiteboul), un ancien camarade de classe. Comment honorer la mémoire de ce père de famille ? En réunissant tous les anciens élèves ! Une belle idée sur le papier mais Hervé et sa bande semblent oublier un détail crucial : derrière leur apparente coolitude d'adolescents, ils harcelaient en réalité certains camarades (le terme « harcèlement » n'est jamais explicitement mentionné). Parmi eux, Marion, devenue influenceuse, a mal vécu cette période. Bref, réunir tous les anciens lycéens ne sera pas une tâche aisée pour cette bande de (presque) quinquagénaires.
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On vous l'avait bien dit : dans les grandes lignes, on a déjà vu maintes fois des losers vieillissants en proie à la nostalgie. Les années 90 seront évidemment mises à l'honneur, avec leur lot de clins d'oeil et de guest stars plus ou moins improbables (c'est toujours un petit plaisir quand on ne se fait pas spoiler). Le film n'échappe pas à certains clichés habituels : les amours de jeunesse qui se rapprochent pour de bon, des vérités qui refont surface sans oublier la traditionnelle dispute entre vieux amis avant la réconciliation finale etc... Cependant il faut reconnaître que T'as pas changé s'en sort plutôt bien. Certes, le film ne marquera pas les esprits mais on passe un moment tout à fait honnête devant. Pour le dire simplement : ça fait le job. On apprécie le film tant qu'on n'est pas trop exigeant. La belle brochette d'acteurs réunie par Jérôme Commandeur contribue grandement à s'attacher à ce lot de personnages pathétiques. Laffite est impeccable en vieille star ringarde tandis que Damiens se montre très convaincant en homme frustré, colérique et jaloux de la réussite de son épouse (son cas pourrait même faire l'objet d'un long-métrage à lui seul). Commandeur s'en sort aussi plutôt bien dans le rôle d'un dépressif, sans chercher à voler la vedette de ses partenaires. Cependant, je dois admettre avoir été déconcertée qu'il l'appelle Jordy, comme le personnage d'acteur X de son récent sketch dans Le Monde Magique de Jérôme Commandeur – un sketch qui me fait littéralement mourir de rire. On apprécie Vanessa Paradis lorsqu'elle se lâche et révèle toute sa détresse affective. A noter également la prestation de Delphine Baril, très drôle en influenceuse qui n'a pas complètement résolu certaines histoires survenues durant son adolescence.
T'as pas changé séduit par la tendresse que Jérôme Commandeur porte à ses personnages confrontés au temps qui passe. Le film assume de ne pas être une pure comédie, et il n'y a pas de problème avec son côté dramatique, qui est davantage accentué. Cependant, il reste finalement sage sur les deux côtés, tant sur le ton comique que sur le ton dramatique, comme si Commandeur redoutait la noirceur de ses personnages. Par exemple, bien que les idées suicidaires de Jordy remontent à la surface pour favoriser un rapprochement avec Anne, le sujet même de la santé mentale mentale de ce personnage semble rapidement désamorcé. De même, le sort de Maxime, dont le caractère empoisonne littéralement la vie de sa famille, se termine presque un peu trop bien pour lui, comme si le film n'osait pas assumer qu'il est en réalité un véritable connard. Revenons aussi sur les révélations sur ce qui s'est passé lors de la soirée célébrant le baccalauréat des personnages, véritable fil conducteur du film qui rythme le récit. Sans trop en dévoiler, ces révélations atténuent quelque part l'idée que Hervé, Maxime et Jordy n'étaient finalement pas de si gros emmerdeurs. On pourra même aller plus loin : aucune victime n'est finalement parfaite et cache son lot de secrets. Si la nuance n'est pas à négliger, la démarche sur le thème du harcèlement semble finalement maladroite avec du recul. Enfin, une autre maladresse, si l'on veut être pointilleux, concerne la relation entre le jeune Hervé et sa professeure d'allemand. Certes, le film pourrait éventuellement souligner que dans les années 90 on se posait moins de questions sur la morale et la loi concernant les relations sexuelles entre enseignant et élève. Toutefois, il semble condamner davantage l'élève que la professeure elle-même, posée en victime d'un Dom Juan. En y repensant, difficile de ne pas s'interroger sur le malaise que ce point-là du scénario peut susciter.
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Porté par une remarquable distribution d'acteurs, T'as pas changé se révèle être une comédie dramatique indéniablement sympathique. Bien que parsemé de quelques clichés et de situations prévisibles, le film parvient à toucher grâce à la tendresse de ses personnages. Malgré certaines maladresses dans le traitement de certains thèmes, il propose un moment de divertissement sincère, abordant avec sensibilité les sujets de la vieillesse et de la nostalgie.
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