[CRITIQUE] : Steve
Réalisateur : Tim Mielants
Acteurs : Cillian Murphy, Jay Lycurgo, Emily Watson, Tracey Ullman,...
Budget : -
Distributeur : Netflix France
Genre : Drame.
Nationalité : Irlandais, Britannique.
Durée : 1h33min
Synopsis :
24 heures dans la vie de Steve, un directeur d'une école qui lutte pour garder ses élèves dans le droit chemin.
On avait laissé le trio Tim Mielants/Cillian Murphy/Emily Watson il y a une poignée de mois, en avril dernier - et en salles - avec Tu ne mentiras point aka Little Things Like These, adaptation du roman éponyme de l'écrivaine Claire Keegan, flanquée dans une Irlande des 80s où les " couvents de la Madeleine " avaient encore leurs portes grandes ouvertes.
Un drame tranquille et tout en intériorité qui se faisait moins The Magdalene Sisters de Peter Mullan que Philomena de Stephen Frears, en ne s'attarde pas tant sur les nombreux abus subit par les jeunes femmes de l'époque, que leur dommages collatéraux au travers de la psyché d'un modeste marchand de charbon quadragénaire et père aimant, dont on scrutait au plus près de son désir de rédemption comme sa lente transgression de l'ordre établi, par souci de justice et d'humanité.
Étrangement, Steve, chapeauté dans la foulée pour la firme au Toudoum Netflix, se structure plus où moins sur le même type d'édifice, même si la mise en scène se fait ici sensiblement plus affirmée (ou, tout du moins, moins impersonnel) : une adaptation/réappropriation de roman - Shy de Max Porter, également derrière le scénario -, flanqué dans le passé (les 80s pour Tu ne mentiras point, les 90s ici), un rythme lancinant (même si ici, le montage se fait bien plus dynamique, hyperactif même, et qui cite directement les premières heures du cinéma de Danny Boyle), et une narration qui se revendique, encore une fois plus franchement ici, comme une poignante médiation sur des institutions défaillantes et incapable de répondre à la fragilité d'une jeunesse en difficulté.
Le tout au détour du portrait d'une figure frontalement liée à cette vérité - ici un professeur d'une école de redressement -, capturé au détour d'une journée particulièrement chaotique, un enseignant mentalement et physiquement au bord de la rupture qui tente désespérément de tout gérer (du financement d'une école qui porte son usure sur ses murs à un canevas d'élèves turbulents qui ne laisse pas une seule seconde de répit, en passant par une équipe de tournage venue chapeauter un documentaire sur place), tout en empêchant un jeune ado perturbé, Shy, de s'enfoncer tout comme lui dans son propre chaos intérieur.
La faute à une volonté de Mielants de privilégier la forme - tape-à-l'œil donc, mais assez efficace - au fond, plus restreint encore que le corps enseignant dont il tente de mettre en valeur la résilience comme la persévérance dans la souffrance, jusqu'à un final particulièrement doux-amer.
Si l'on ne peut évidemment pas remettre en cause ses bonnes intentions comme sa bienveillance - réelle -, ni la partition investie d'un Cillian Murphy toujours impeccable, comme celle du jeune et talentueux Jay Lycurgo (qui fait beaucoup avec un rôle douloureusement mal écrit), c'est dans son manque de profondeur comme son manque de clarté au cœur du chaos, que le film frustre et loupe le coche, en excluant partiellement de la salle de classe, un spectateur qui ne demandait juste qu'à être dans la même pièce.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Cillian Murphy, Jay Lycurgo, Emily Watson, Tracey Ullman,...
Budget : -
Distributeur : Netflix France
Genre : Drame.
Nationalité : Irlandais, Britannique.
Durée : 1h33min
Synopsis :
24 heures dans la vie de Steve, un directeur d'une école qui lutte pour garder ses élèves dans le droit chemin.
On avait laissé le trio Tim Mielants/Cillian Murphy/Emily Watson il y a une poignée de mois, en avril dernier - et en salles - avec Tu ne mentiras point aka Little Things Like These, adaptation du roman éponyme de l'écrivaine Claire Keegan, flanquée dans une Irlande des 80s où les " couvents de la Madeleine " avaient encore leurs portes grandes ouvertes.
Un drame tranquille et tout en intériorité qui se faisait moins The Magdalene Sisters de Peter Mullan que Philomena de Stephen Frears, en ne s'attarde pas tant sur les nombreux abus subit par les jeunes femmes de l'époque, que leur dommages collatéraux au travers de la psyché d'un modeste marchand de charbon quadragénaire et père aimant, dont on scrutait au plus près de son désir de rédemption comme sa lente transgression de l'ordre établi, par souci de justice et d'humanité.
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© Robert Viglasky/Netflix |
Étrangement, Steve, chapeauté dans la foulée pour la firme au Toudoum Netflix, se structure plus où moins sur le même type d'édifice, même si la mise en scène se fait ici sensiblement plus affirmée (ou, tout du moins, moins impersonnel) : une adaptation/réappropriation de roman - Shy de Max Porter, également derrière le scénario -, flanqué dans le passé (les 80s pour Tu ne mentiras point, les 90s ici), un rythme lancinant (même si ici, le montage se fait bien plus dynamique, hyperactif même, et qui cite directement les premières heures du cinéma de Danny Boyle), et une narration qui se revendique, encore une fois plus franchement ici, comme une poignante médiation sur des institutions défaillantes et incapable de répondre à la fragilité d'une jeunesse en difficulté.
Le tout au détour du portrait d'une figure frontalement liée à cette vérité - ici un professeur d'une école de redressement -, capturé au détour d'une journée particulièrement chaotique, un enseignant mentalement et physiquement au bord de la rupture qui tente désespérément de tout gérer (du financement d'une école qui porte son usure sur ses murs à un canevas d'élèves turbulents qui ne laisse pas une seule seconde de répit, en passant par une équipe de tournage venue chapeauter un documentaire sur place), tout en empêchant un jeune ado perturbé, Shy, de s'enfoncer tout comme lui dans son propre chaos intérieur.
Du velours pour dresser une étude de personnage à la fois bouleversante et pertinente, ce que Steve n'arrive jamais véritablement à offrir, totalement plombé qu'il est par un ton furieusement bordélique et une narration maladroite, tentant de lier un réalisme à l'emporte-pièce (dont quelques interviews face caméra, dans un esprit de docu-fiction vérité résolument creux) à quelques brèves séquences onirico-déglinguée, sans jamais rendre prenante son histoire et encore moins empathique une galerie de personnages taillés à la serpe (plus des symboles que de véritables figures à part entière).
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© Robert Viglasky/Netflix |
La faute à une volonté de Mielants de privilégier la forme - tape-à-l'œil donc, mais assez efficace - au fond, plus restreint encore que le corps enseignant dont il tente de mettre en valeur la résilience comme la persévérance dans la souffrance, jusqu'à un final particulièrement doux-amer.
Si l'on ne peut évidemment pas remettre en cause ses bonnes intentions comme sa bienveillance - réelle -, ni la partition investie d'un Cillian Murphy toujours impeccable, comme celle du jeune et talentueux Jay Lycurgo (qui fait beaucoup avec un rôle douloureusement mal écrit), c'est dans son manque de profondeur comme son manque de clarté au cœur du chaos, que le film frustre et loupe le coche, en excluant partiellement de la salle de classe, un spectateur qui ne demandait juste qu'à être dans la même pièce.
Jonathan Chevrier