[CRITIQUE] : The Neon People
Réalisateur : Jean-Baptiste Thoret
Acteurs : -
Distributeur : Lost Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 2h04min.
Synopsis :
Sous le célèbre Strip de Las Vegas, des milliers de sans-abris vivent dans un immense réseau de tunnels obscurs et insalubres. The Neon People s’intéresse à une poignée d’entre eux et décrit leurs conditions de vie. Mais aussi leurs espoirs.
C'est fou, tu ne le savais peut-être pas mais il n'y a pas que Gifi qui a des idées de génies, le documentariste et historien du cinéma - mais pas que, go sur Wikipedia - Jean-Baptiste Thoret en a tout autant (il est tard au moment où l'on écrit ce billet, même pas sponsorisé en plus, pardonnes-nous, on essaye juste d'être un peu original mais on a définitivement besoin d'un break automnale... et de quelques raclettes avec), lui qui délaisse cette fois les sacro-saintes figures du septième art qui le fascine, pour mieux renouer avec le regard introspectif de son magnifique We Blew It, pour sonder la vérité d'une Amérique (littéralement) underground et rarement sous les radars, tout dû moins ceux - relativement - saints et expurgés de tout regard sensationnaliste (pensez Enquêtes Exclusives qui, justement avait déjà survolé - tout est dit - le sujet).
Avec The Neon People, c'est tout simplement l'envers du décor, méchamment a l'envers pour le coup, de la Ville du Péché, Las Vegas, qu'il pointe du bout de sa caméra toujours aussi enlevée, une plongée en enfer, dans le monde souterrain de son célèbre Strip où des milliers d'âmes cabossées, à l'abri des regards et du tourisme de masse, (sur)vivent dans la pénombre, la crasse et la précarité la plus totale.
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Un véritable labyrinthe de béton d'une plusieurs centaines de kilomètres (et qui s'étend jusqu'au désert du Nevada), censé n'être à la base qu’un immense réseau d’évacuation d’eau pluviale et qui, par la violence aveugle et sourde d'un capitalisme qui dévore tout, est devenue une ville sous la ville, l'ombre à la réalité crue d'une inhumanité tout en consumérisme et fausseté pailletée.
Sur un petit peu plus de deux heures, le cinéaste va à la rencontre de ses invisibles que l'on invisibilise, de ses rejetés des fausses promesses vantées par un " american dream " auquel une bonne frange de la population ne croit plus (voire n'a même jamais cru), recueillant leur témoignage avec une honnêteté difficilement discutable, tout en dressant le portrait pluriel de leur quotidien désespéré mais pourtant pas dénué d'espoir même dans la misère la plus totale (et à laquelle s'ajoute la crainte constante d’être arrêté par la police), aux antipodes du simulacre prospérant fièrement à quelques mètres d'eux.
Tournant en CinémaScope (l'Amérique en Scope, une évidence, même si c'est pour sonder ses travers), Thoret prend intelligemment son temps pour graver dans le marbre de la pellicule sa volonté de rendre dignité et parole à ses fantômes injustement persécutés, pour laisser l'humanité reprendre fébrilement l'espace de deux heures, ses droits sur un capistalisme brutal et aliénant à la boulimie dévorante.
The Neon People n'en est que plus fort, douloureux mais aussi et surtout profondément amer.
Jonathan Chevrier







