[CRITIQUE] : Chroniques d'Haïfa - Histoires palestiniennes
Réalisateur : Scandar Copti
Actrice : Manar Shehab, Toufic Danial, Wafaa Aoun, Raed Burbara,...
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Palestinien, Allemand, Français, Qatari, Italien.
Durée : 2h04min
Synopsis :
Dans une famille palestinienne de Haïfa, Fifi 25 ans, est hospitalisée après un accident de voiture qui risque de révéler son secret. Son frère, Rami, apprend que sa petite amie juive est enceinte. Leur mère, Hanan, tente de préserver les apparences tandis que le père affronte des difficultés financières. Quatre voix, une maison, entre conflits générationnels et tabous, dans une société où tout peut basculer à tout moment.
Il y a quelque chose de puissant et de profondément déchirant dans l'idée que, même au coeur de l'horreur de la guerre, le désir de créer, de partager des histoires (même lorsqu'ils ne restent plus que cela) demeure, quand bien même l'art et son expression sont presque futiles face aux tourbillons de destructions et de meurtres.
Et la souffrance humaine, comme les destructions, sont absolument incommensurables dans un conflit israélo-palestinien dont les médias (à la vision indiscutablement partiale et révoltante) relativisent et minimisent grandement - pour rester poli - les ravages.
En ce sens, et même sous ses contours de mosaïque humaine résolument simpliste, une œuvre telle que Chroniques d'Haïfa - Histoires palestiniennes de Scandar Copti est, au-delà de l'essentiel, l'expression de la résistance d'une culture que l'on cherche à éradiquer et qui voit toute création comme un vrai acte de protestation politique.
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Embaumé dans une sorte de désenchantement à la fois mélancolique, tendre et profondément amer, ce second long-métrage choral (conçu dans la douleur, entre la guerre et la pandémie), divisé en quatre chapitres bien distincts et noué autour des atermoiements d'une famille palestinienne d'Haïfa plongée physiquement comme psychologiquement - à l'image de leur nation - dans une violence plurielle et omniprésente, se fait un puzzle socialo-générationnel complexe explorant la définition toute aussi dense et ambivalente de la notion de liberté où être libre est, justement, défini par la nécessité d'être dans la contradiction entre une nation à l'hostilité (et au conservatisme) aussi décomplexée que ses idéologies sont oppressantes, et les impositions d'un héritage culturel rigide (encore plus pour des figures féminines acculée par le patriarcat ambiant, la xénophobie et même la pression familiale).
Un sentiment d'oppression constant renforcé par une mise en scène toute aussi intime qu'intrusive, une approche documentaire ne laissant pas où peu d'espace à ses personnages (dont le naturalisme du jeu de ses interprètes non-professionnels, renforce joliment l'authenticité de l'exposé de Copti), qui fait de Chroniques d'Haïfa - Histoires palestiniennes un drame sociologique à la fois subtile et torturée, brûlante et captivante.
Jonathan Chevrier