[CRITIQUE] : Karate Kid : Legends
Réalisateur : Jonathan Entwistle
Acteurs : Ben Wang, Jackie Chan, Ralph Macchio, Joshua Jackson, Sadie Stanley, Ming-Na, Aramis Knight,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Comédie, Drame, Arts Martiaux.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h34min.
Synopsis :
Après avoir vécu une tragédie personnelle, le jeune prodige de kung-fu Li Fong est arraché à sa famille à Pékin et contraint de s’installer à New York avec sa mère. Il tente de tirer un trait sur son passé tout en cherchant à s’intégrer dans son nouveau lycée. Et même s’il ne cherche pas la bagarre, il semble constamment s’attirer des ennuis. Lorsqu’un ami dont il vient de faire la connaissance sollicite son aide, Li accepte de participer à une compétition de karaté, mais il comprend qu’il ne peut pas seulement compter sur son talent. Son professeur de kung-fu, M. Han, engage alors le premier Karaté Kid, Daniel LaRusso, en renfort. Li découvre un nouveau style de combat réunissant leurs deux approches dont il se servira pour l’affrontement ultime...
Petit miracle sorti de nulle part où plutôt, d'une plateforme éphémère qui n'aura produit de bon qu'elle (YouTube Premium, petit ange coûteux parti trop tard), Cobra Kai a su savamment titillé la nostalgie des 80s de son auditoire tout en développant assez solidement la mythologie d'une saga Karate Kid qui, au-delà du film original et d'une première suite plutôt défendable, ne méritait pas forcément qu'on la déterre - ne parlez pas du remake d'Harald Zwart, s'il vous plaît.
Un show à la mue un peu particulière, un temps tourné vers ce que l'on peut résumer à un " The Johnny Lawrence Show " (peut-être sa meilleure période, posons tout de suite les termes car plus que tous, Johnny est le personnage pivot du show), où la version adulte/père ivre mais touchant du karatéka nemesis de Daniel LaRusso (un personnage totalement hors du temps, comme John McClane, le chômage et le karaté en plus sur le CV), avant de devenir un divertissement plus choral suite aux rachats d'une Netflix qui lui a instinctivement collé à la tronche sa formule.
Une mutation pas si désagréable, puisque les rivalités intestines et parfois violentes entre les deux adultes profondément immatures, mais aussi entre les élèves de leurs propres dojos Cobra Kai et Miyagi-Do, ont permis à cette nouvelle monture d'à la fois développer plusieurs micro-mélodrames plutôt bien amenés, de pérenniser son statut auprès d'un jeune public avec son (gros) pendant teen show, mais aussi et surtout de ramener toutes les figures phares de la saga - John " No Mercy " Kreese, Terri Silver, Chozen Toguchi et même Mike Barnes.
Une bénédiction (surtout avec l'humour génial apporté par Yuji Okumoto), tant la rivalité Lawrence/LaRusso ne pouvait pas éternellement durer, d'autant que leur dynamique buddy moviesque contre le tandem Silver/Kreese a apporté bons nombres de scènes succulentes.
Plus où moins clôturée de la meilleure des manières en février dernier, dans le sens où Netflix préparerait déjà plusieurs spin-offs pour capitaliser au maximum sur son succès, la saga Karate Kid était pourtant appelée depuis trois ans maintenant, à également renaître de ces cendres sur grand écran de la manière la plus opportuniste et futile qui soit, fruit d'une volonté de Sony Pictures à loucher justement sur le succès de Cobra Kai, pour créer un pont tout autant qu'une continuité, entre toutes les branches du bonsaï qu'incarne la saga : la trilogie originelle et - un peu - Cobra Kai d'un côté, et le remake de l'autre, entre karaté et kung-fu.
Complètement débile sur le papier, même si l'idée de voir interagir Ralph Macchio et Jackie Chan titillait gentiment notre nostalgie (spoilers, ce n'est jamais vraiment à ma hauteur des attentes), Karate Kid : Legends de Jonathan Entwistle, qui se déroule trois ans après l'ultime saison de Cobra Kai, tisse avec une paresse abyssale la même narration d'un outsider - avec des bases un poil plus solides, certes -, d'un jeune artiste martial cette fois expérimenté, Li Fong, qui déménage avec sa mère de Pékin à New York où sa tentative de nouveau départ sera perturbé par une brute épaisse, Connor Day, qui se trouve être l'ex-petit ami de son crush ultime, Mia Lipani, dont le père est un ancien boxeur qui a des soucis avec la mafia.
Ah et, évidemment, il y a un méchant dojo plein d'antagonistes, un grand tournoi final et une technique spéciale que le jeune héros accompli au moment le plus critique... Du déjà-vu, pas vrai ?
Totalement décomplexé dans sa manière de loucher comme un sagouin sur les opus précédents, presque à la manière d'une production The Asylum sur chaque blockbuster du moment, tout autant qu'il prend sensiblement son temps pour ramener à l'écran ses seules attractions, aussi bien Han/Chan et LaRusso/Macchio (à peine plus que du fan service pour le second), Legends reproduit la même recette familière sans jamais avoir la saveur de ce qui faisait de la trilogie d'Avildsen (et, par extension, de sa suite directe Cobra Kai), une œuvre certes perfectible mais surtout follement empathique : des personnages complexes (surtout Miyagi, certes, qui ne s'est jamais véritablement remis de la mort de sa famille et qui voyait en Daniel, le fils qu'il n'a jamais pu avoir et, inversement pour lui, la figure parentale qui lui a toujours manqué) et finement caractérisés, avec une réelle symbiose entre eux - on tente même de maladroitement lier Miyagi à Han.
Pire encore, la relation entre l'élève et son sensei, le cœur même de toute la saga (même dans le mal-aimé Miss Karate Kid), est à peine esquissé (quelques flashbacks, qui vienne également mentionner le traumatisme passé de Li après la mort de son frère), rendant de facto encore plus ridicule le retour d'un Ralph Macchio qui, malgré son alchimie folle avec Jackie Chan (l'un des seuls points forts du film), ne semble jamais réellement savoir ce qu'il fait dans cette suite de trop.
Même ses séquences d'entraînements ont tout de montages TikTok incroyablement rushés, ce qui ne rend jamais justice à l'engagement physique d'un Ben Wang (LA révélation du long-métrage), mais également à tout un héritage d'une saga qui savait prendre le temps pour célébrer ses figures, rendre émotionnelle et impactante leurs évolutions tout autant que leurs victoires.
Reste alors de jolies scènes de combats, bien montées et chorégraphiées, mais qui ne sauve jamais réellement cette étrange et opportuniste suite où peu de choses ont du sens, et qui a oublié le plus important des préceptes de Miyagi : " Toute la vie, il faut équilibre et tout va mieux. "
Jonathan Chevrier
Acteurs : Ben Wang, Jackie Chan, Ralph Macchio, Joshua Jackson, Sadie Stanley, Ming-Na, Aramis Knight,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Comédie, Drame, Arts Martiaux.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h34min.
Synopsis :
Après avoir vécu une tragédie personnelle, le jeune prodige de kung-fu Li Fong est arraché à sa famille à Pékin et contraint de s’installer à New York avec sa mère. Il tente de tirer un trait sur son passé tout en cherchant à s’intégrer dans son nouveau lycée. Et même s’il ne cherche pas la bagarre, il semble constamment s’attirer des ennuis. Lorsqu’un ami dont il vient de faire la connaissance sollicite son aide, Li accepte de participer à une compétition de karaté, mais il comprend qu’il ne peut pas seulement compter sur son talent. Son professeur de kung-fu, M. Han, engage alors le premier Karaté Kid, Daniel LaRusso, en renfort. Li découvre un nouveau style de combat réunissant leurs deux approches dont il se servira pour l’affrontement ultime...
Petit miracle sorti de nulle part où plutôt, d'une plateforme éphémère qui n'aura produit de bon qu'elle (YouTube Premium, petit ange coûteux parti trop tard), Cobra Kai a su savamment titillé la nostalgie des 80s de son auditoire tout en développant assez solidement la mythologie d'une saga Karate Kid qui, au-delà du film original et d'une première suite plutôt défendable, ne méritait pas forcément qu'on la déterre - ne parlez pas du remake d'Harald Zwart, s'il vous plaît.
Un show à la mue un peu particulière, un temps tourné vers ce que l'on peut résumer à un " The Johnny Lawrence Show " (peut-être sa meilleure période, posons tout de suite les termes car plus que tous, Johnny est le personnage pivot du show), où la version adulte/père ivre mais touchant du karatéka nemesis de Daniel LaRusso (un personnage totalement hors du temps, comme John McClane, le chômage et le karaté en plus sur le CV), avant de devenir un divertissement plus choral suite aux rachats d'une Netflix qui lui a instinctivement collé à la tronche sa formule.
Une mutation pas si désagréable, puisque les rivalités intestines et parfois violentes entre les deux adultes profondément immatures, mais aussi entre les élèves de leurs propres dojos Cobra Kai et Miyagi-Do, ont permis à cette nouvelle monture d'à la fois développer plusieurs micro-mélodrames plutôt bien amenés, de pérenniser son statut auprès d'un jeune public avec son (gros) pendant teen show, mais aussi et surtout de ramener toutes les figures phares de la saga - John " No Mercy " Kreese, Terri Silver, Chozen Toguchi et même Mike Barnes.
Une bénédiction (surtout avec l'humour génial apporté par Yuji Okumoto), tant la rivalité Lawrence/LaRusso ne pouvait pas éternellement durer, d'autant que leur dynamique buddy moviesque contre le tandem Silver/Kreese a apporté bons nombres de scènes succulentes.
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Plus où moins clôturée de la meilleure des manières en février dernier, dans le sens où Netflix préparerait déjà plusieurs spin-offs pour capitaliser au maximum sur son succès, la saga Karate Kid était pourtant appelée depuis trois ans maintenant, à également renaître de ces cendres sur grand écran de la manière la plus opportuniste et futile qui soit, fruit d'une volonté de Sony Pictures à loucher justement sur le succès de Cobra Kai, pour créer un pont tout autant qu'une continuité, entre toutes les branches du bonsaï qu'incarne la saga : la trilogie originelle et - un peu - Cobra Kai d'un côté, et le remake de l'autre, entre karaté et kung-fu.
Complètement débile sur le papier, même si l'idée de voir interagir Ralph Macchio et Jackie Chan titillait gentiment notre nostalgie (spoilers, ce n'est jamais vraiment à ma hauteur des attentes), Karate Kid : Legends de Jonathan Entwistle, qui se déroule trois ans après l'ultime saison de Cobra Kai, tisse avec une paresse abyssale la même narration d'un outsider - avec des bases un poil plus solides, certes -, d'un jeune artiste martial cette fois expérimenté, Li Fong, qui déménage avec sa mère de Pékin à New York où sa tentative de nouveau départ sera perturbé par une brute épaisse, Connor Day, qui se trouve être l'ex-petit ami de son crush ultime, Mia Lipani, dont le père est un ancien boxeur qui a des soucis avec la mafia.
Ah et, évidemment, il y a un méchant dojo plein d'antagonistes, un grand tournoi final et une technique spéciale que le jeune héros accompli au moment le plus critique... Du déjà-vu, pas vrai ?
Totalement décomplexé dans sa manière de loucher comme un sagouin sur les opus précédents, presque à la manière d'une production The Asylum sur chaque blockbuster du moment, tout autant qu'il prend sensiblement son temps pour ramener à l'écran ses seules attractions, aussi bien Han/Chan et LaRusso/Macchio (à peine plus que du fan service pour le second), Legends reproduit la même recette familière sans jamais avoir la saveur de ce qui faisait de la trilogie d'Avildsen (et, par extension, de sa suite directe Cobra Kai), une œuvre certes perfectible mais surtout follement empathique : des personnages complexes (surtout Miyagi, certes, qui ne s'est jamais véritablement remis de la mort de sa famille et qui voyait en Daniel, le fils qu'il n'a jamais pu avoir et, inversement pour lui, la figure parentale qui lui a toujours manqué) et finement caractérisés, avec une réelle symbiose entre eux - on tente même de maladroitement lier Miyagi à Han.
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Pire encore, la relation entre l'élève et son sensei, le cœur même de toute la saga (même dans le mal-aimé Miss Karate Kid), est à peine esquissé (quelques flashbacks, qui vienne également mentionner le traumatisme passé de Li après la mort de son frère), rendant de facto encore plus ridicule le retour d'un Ralph Macchio qui, malgré son alchimie folle avec Jackie Chan (l'un des seuls points forts du film), ne semble jamais réellement savoir ce qu'il fait dans cette suite de trop.
Même ses séquences d'entraînements ont tout de montages TikTok incroyablement rushés, ce qui ne rend jamais justice à l'engagement physique d'un Ben Wang (LA révélation du long-métrage), mais également à tout un héritage d'une saga qui savait prendre le temps pour célébrer ses figures, rendre émotionnelle et impactante leurs évolutions tout autant que leurs victoires.
Reste alors de jolies scènes de combats, bien montées et chorégraphiées, mais qui ne sauve jamais réellement cette étrange et opportuniste suite où peu de choses ont du sens, et qui a oublié le plus important des préceptes de Miyagi : " Toute la vie, il faut équilibre et tout va mieux. "
Jonathan Chevrier