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[CRITIQUE] : Sept Jours


Réalisateur : Ali Samadi Ahadi
Acteurs : Vishka Asayesh, Majid Bakhtiari, Tanaz Molaei, Sam Vafa,...
Distributeur : L'Atelier Distribution
Genre : Drame.
Nationalité : Allemand.
Durée : 1h53min

Synopsis :
Myriam, activiste et militante pour les droits de l’Homme, est emprisonnée depuis des années en Iran loin de son mari et de ses enfants. Lorsqu’elle obtient enfin une permission pour raisons médicales, elle a 7 jours pour décider de fuir le pays et retrouver sa famille ou de rester en Iran pour continuer sa lutte. Commence alors une véritable course contre la montre.




Quand bien même il est assez facile de l'étiquetter comme tel, le cinéma iranien n'est pourtant pas uniquement articulé autour des réponses, nécessaires et souvent implacables, de nombreux cinéastes engagés (des papes que sont Jafar Panahi, Mohammad Rasoulof où encore Asgar Farhadi, aux jeunes loups tels que Saeed Roustaee, Ali Asgari, Massoud Bakhshi où même Majid Majidi) envers les violences et les injustices sociales qui caractérisent la politique en place.

Si ce versant n'en reste pas moins important dans sa production, il lui arrive parfois d'atteindre nos salles obscures avec des œuvres plus délicates, moins frontales et radicales dans leurs discours politiques (ce qui ne les empêche pas pour autant d'être infiniment pertinentes, évidemment), toutes rappelant avec plus où moins d'assurance, le désespoir sourd et paradoxalement solaire à fois, du cinéma de feu Abbas Kiarostami.

Sept Jours d'Ali Samadi Ahadi, co-écrit par Mohammad Rasoulof, s'inscrit totalement dans cette mouvance, lui qui se fait in fine moins un thriller politique qu'un douloureux drame familial sauce road movie férocement tendu, vissé sur le portrait vibrant d'une mère et militante iranienne emprisonnée, Maryam (le récit s'inspire de la vie bien réelle de Narges Mohammadi, lauréate du prix Nobel de la paix et militante pour la lutte des droits humains, détenue à de multiples reprises depuis 1998), qui se voit offrir une semaine de " liberté " pour raisons médicales, période clé où elle doit décider si elle veut fuir et rejoindre sa famille en Allemagne, où rester en Iran pour poursuivre son combat, pour lequel elle a tout sacrifié.

C'est son conflit existentiel et idéologique comme son incroyable résilience, qui est au cœur d'une narration tout en émotions et en empathie, où Maryam doit tout autant supplicier son corps (à travers la route difficile qu'elle arpente et subit, en chemin pour rejoindre les siens une dernière fois) que son cœur (avec des retrouvailles aussi touchantes que complexes, notamment avec une fille qui ne comprend pas que son engagement passe avant sa famille), alors que la pression invisible mais constante, du régime en place, n'a de cesse de l'oppresser.

Portrait à la fois intime et intense d'une femme déchirée entre loyauté et devoir, tout du long dominé par la prestation habitée de la remarquable Vishka Asayesh, Sept Jours se fait un drame joliment humain et prenant dans sa manière de scruter les limites de l'engagement militant, quand bien même il n'est pas toujours frappé par le sceau de la subtilité - au point que la vraisemblance du récit peut parfois être remis en doute.


Jonathan Chevrier