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[CRITIQUE] : Rumours, nuit blanche au sommet


Réalisateurs : Guy Maddin, Evan et Galen Johnson
Acteurs : Cate Blanchett, Alicia Vikander, Denis Ménochet, Charles Dance, Roy Dupuis, Nikki Amuka-Bird,...
Budget : -
Distributeur : ED Distribution / Potemkine Films
Genre : Comédie, Drame, Science-fiction.
Nationalité : Canadien, Allemand.
Durée : 1h42min

Synopsis :
Réunis dans un château en Allemagne pour leur sommet annuel, les dirigeants des pays du G7 s'installent en bordure d'une forêt pour préparer leur déclaration. A la nuit tombée, le groupe constate que le personnel qui les entourait a disparu. En voulant tenter de les retrouver, les sept politiciens s'enfoncent plus avant dans une forêt qui s'avère pleine de périls et de mystères.




Le fait que la reine Cate Blanchett soit capable de tout jouer (une vérité aussi indiscutée qu'indiscutable, nous ne sommes pas ouvert au débat) est à la fois une bénédiction comme une malédiction : comme il est évident qu'elle n'a plus rien à prouver, elle peut donc, plus où moins fréquemment, se laisser aller à plus penser à son compte en banque où à l'idée même de s'éclater sur des projets improbables, qu'à flatter les lignes de sa filmographie.
L'équivalent du cheat meal dominical après une semaine à se serrer la ceinture, dans l'espoir d'avoir ton summer body près aux premières lueurs de juillet.

Pas forcément de quoi lui faire gagner au loto (ni totalement à incarner, à la différence du tout récent The Insider de son cinéaste fétiche Steven Soderbergh, l'un des plus hauts faits de sa carrière)  Rumours, nuit blanche au sommet du trio Guy Maddin/Evan et Galen Johnson se classait donc, potentiellement, dans la galerie gaudriole, en grande partie dû à son pitch résolument pimenté et séduisant sur le papier, qui laissait à penser que l'on pourrait avoir droit à une satire affûté, si ce n'est un tant soit peu cocasse... monumentale erreur.

Copyright Bleecker Street

Flairez plutôt : quelque part en pleine Allemagne (la ville fictive de Dankerode... pourquoi pas), tous les dirigeants du G7 se réunissent, aux côtés d'une haute-commissaire de l'Union européenne, dans un château en bordure d'une forêt pour leur réunion annuelle, et rédiger un discours un tant soit peu solide face à une crise mondiale de grande ampleur.
Si tout débutent par quelques petites blagues plus où moins bien senties, ils découvrent une fois la nuit tombée que tout le personnel qui les entourait a disparu, la faute à une sorte de catastrophe qui s’est produite dans le monde extérieur.
Pas malin pour un sou, les politiciens commencent à s'enfoncer dans la forêt et font face à plusieurs menaces - dont un immense cerveau.

Et c'est là que ça commence à méchamment patauger dans la semoule, et pas qu'un peu.
Sorte de gloubi-boulga experimentalo-potache à la frontière entre Romero et Buñuel, dont la narration est in fine aussi perdue que ses personnages, à la fois satire politique jamais aussi mordante ni intelligente qu'elle se pense être dans sa prise en grippe de la vacuité de la politique actuelle (sur tous les fronts, pas uniquement écologique, tant notre réalité est encore plus absurde que la fiction elle-même), et cauchemar science-fictionnel formellement mou de la pellicule (malgré quelques plans inspirés d'un Maddin sensiblement sur la retenue), que ne vient même pas relever le cabotinage consenti sa jolie distribution, et encore moins un humour aux saillies plates et puériles.

Copyright Bleecker Street

Exit donc la rencontre au sommet apocalyptique et psychédélique, bonjour le pétard mouillé, odyssée satirico-frustrante, vintage et dispensable dont les élans caricaturaux ne sont jamais assez réalistes ni provocateurs.
Pas de fausses rumeurs, ça faisait déjà plouf à Cannes l'an dernier, ça le fait encore plus en salles aujourd'hui...


Jonathan Chevrier