[CRITIQUE] : Lilo & Stitch
Réalisateur : Dean Fleischer-Camp
Acteurs : Maia Kealoha, Chris Sanders (voix), Sydney Elizabeth Agudong, Courtney B. Vance, Zach Galifianakis, Billy Magnussen, Tia Carrere,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Aventure, Comédie, Famille, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h48min
Synopsis :
L’histoire touchante et drôle d’une petite fille hawaïenne solitaire et d’un extra-terrestre fugitif qui l’aide à renouer le lien avec sa famille.
Bien que certains des remakes en prises de vues réelles et à (très) gros budget des classiques du catalogue animation de Disney aient bien performé au box-office, ils ont presque tous uniformément lutté sur le plan créatif pour exister par eux-mêmes, englués dans les eaux de l'opportunisme d'une firme aux grandes oreilles créativement plus lessivée que jamais.
Seul le fantastique Peter et Elliott le Dragon de David Lowery (on peut également cité Jean-Christophe et Winnie de Marc Forster, bien qu'il ne s'inspire pas directement d'un film d'animation) peut se targuer d'avoir apporté un vrai vent de fraîcheur et une émotion bouleversante, à une histoire que l'on pensait pourtant connaître sur le bout des doigts.
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Mais puisque cette plate - et le mot est faible - formule fonctionne, pourquoi Disney changerait de disque et annihilerait son processus de franchisation à outrance/auto-canibalisation assumée ?
Nouvelle pièce à son édifice de destruction massive sucrupuleusement bien orchestré, après l'incident industriel Blanche-Neige de Marc Webb, dont les séquelles iront bien plus loin qu'un simple flop critique et public, bonjour Lilo & Stitch d'un Dean Fleischer-Camp qu'on aurait aimé ailleurs (le papa du magnifique Marcel le coquillage (avec ses chaussures), c'est lui), un temps destiné à Disney Plus avant d'être finalement rédirigé vers des salles pas assez obscures où le milliard de dollars de recettes, lui est déjà promis - où pas loin, tant Stitch est l'un des personnages les plus emblématiques et adorés du lore Disney.
Ne tardant pas trop pour rentrer dans le vif du sujet, avec une narration qui ne diffère absolument pas de son matériau d'origine signé Chris Sanders et Dean DeBlois (un petit extraterrestre tout en poil anarchique atterrit sur une île hawaïenne où il est rapidement adopté par Lilo, une fillette solitaire dont l'excentricité correspond totalement à l'énergie chaotique de son nouveau compagnon), le film laisse tout aussi vite transparaître toutes les fêlures inhérentes à ses transpositions à la fois paresseuses et opportunistes, chères à la firme : un besoin impérieux et risible de recréer et/ou de recontextualiser toutes les scènes et dialogues mémorables du dessin animé titre (quitte à ce qu'elles perdent de leur sens dans un contexte manquant sérieusement de développement), tout en apportant quelques disgressions/ajustements aussi futiles que maladroits (excepté peut-être son climax, bien plus réussi).
Le tout avec un humour totalement devitalisé (la faute à une dynamique Lilo/Stitch totalement plombé par le réel, malgré la douceur et la fougue de la toute jeune Maia Kealoha), comme son émotion, et une animation certes fluide, mais expurgé de toutes les couleurs pétillantes et vivantes du film original (les aléas du photoréalisme, certes, qui perd toute la saveur artisanale initiale), que ne vient pas aider un rythme férocement décousu qui ne se sert pas des quelques minutes supplémentaires en comparaison du dessin animé, ironiquement plus ramassé mais surtout approfondit.
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Plus une recréation bâclée qui ne se suffit pas à elle-même (tant elle implique que son auditoire connaisse le film de 2002, pour raccrocher tous les wagons d'une écriture qui se limite au strict minimum) et qui assume tout du long sa nature dispensable (mais prompt à faire péter le box-office), qu'une vraie adaptation pensée et authentique, Lilo & Stitch démontre une fois de plus que la nostalgie à ses limites, aussi chouette soit l'idée de voir un Stitch bien animé laisser s'exprimer sa folie chaotique et taquine.
On a vu pire certes, mais il ne fallait pas s'attendre non plus à un miracle, avec ce qui est un fantastique dessin animé qui n'a jamais été fait ni conçu pour sauter le pas de l'adaptation en prise de vues réelles...
Jonathan Chevrier