[CRITIQUE] : Ollie
Acteurs : Kristen Billon, Théo Christine, Emmanuelle Bercot, Cédric Kahn,...
Distributeur : Wayna Pitch
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h42min.
Synopsis :
À 13 ans, Pierre revient vivre à la ferme de son père après le décès brutal de sa mère. Harcelé à l'école, il se réfugie dans sa passion : le skate. Il rencontre Bertrand, un marginal qui cache un passé d'ancien skateur, et qui le prend sous son aile. Ensemble, ils vont tenter de se reconstruire.
Le jeu des comparaison est, sensiblement, toujours un poil vulgaire - voire putassier, d'autant plus quand il n'est pas usé avec pertinence - quand bien même plus d'un cinéaste assume, avant même que leurs œuvres ne soient placés devant le regard critique (plus où moins affûté) du spectateur, des affiliations/références qui poussent, justement, à la comparaison.
Dans ce sens, et à la simple vue de son pitch, difficile de ne pas tisser quelques liens de concordances entre Ollie, estampillé premier long-métrage du wannabe cinéaste Antoine Besse, et 90s, premier effort extrêmement attachant d'un Jonah Hill dont on avait pas encore pleinement connaissance de la toxicité : les deux sont des œuvres personnelles qui jouent la carte du récit initiatique, tout en s'attachant à plonger plus où moins franchement dans l'univers du skateboard (Ollie doit son titre à une figure de base du skate, petit instant Wikipedia), le premier film bien de chez nous a s'y consacrer.
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Copyright Wild Bunch Distribution |
Mais heureusement, le film trouve son propre groove comme sa propre route au bitume cabossé, celle d'un simili-buddy movie dramatique vissée sur deux âmes brisées par la vie mais liés par l'amour de la planche et de l'asphalte, un marginal qui cache un passé d'ancien skateur (et émotionnellement écrasant) et son jeune compagnon endeuillé, qui vient vivre à la ferme de son père après le décès brutal de sa mère.
C'est son odyssée à la fois désespérée et touchante, sa manière de gérer comme il le peut les conflits de l'adolescence comme du deuil avec les manquements de ses aînés et l'incompréhension - voire la violence - des autres jeunes (en traitant sans prendre de gants, de la notion de harcèlement, totalement décomplexée à l'heure des réseaux sociaux), qui sert de moteur vulnérable mais empathique à ce joli et modeste bout de cinéma, qui évite soigneusement quelques poncifs - quitte à, il est vrai, sensiblement se perdre dans d'autres -, pour mieux cartographier avec délicatesse et subtilité les passages obligées du dur apprentissage de la vie d'adulte, vissé sur l'énergie folle d'un gosse fabuleusement ordinaire, qui tente de se reconstruite dans un monde rural où il n'arrive pas à trouver sa place.
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Sans péter dans la soie de l'originalité et un brin chargé comme une mule dans sa narration, Ollie n'en reste pas moins un beau et sensible premier effort, une chronique vibrante à hauteur de cœur, délicate et droite sur son skate, dominé de la tête et des roues par un solide tandem Kristen Billon/Théo Christine.
Jonathan Chevrier