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[CRITIQUE] : Ghostlight


Réalisatrice • teur : Kelly O'Sullivan et Alex Thompson
Acteurs : Keith KupfererDolly de Leon, Katherine Mallen Kupferer, Tara Mallen,...
Budget : -
Distributeur : Survivance
Genre : Comédie Dramatique, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h55min

Synopsis :
Dan travaille sur des chantiers de voirie à Chicago et ses environs. Un peu par hasard, et à l’insu de sa famille, il intègre une troupe de théâtre amateur qui met en scène Roméo et Juliette. Peu à peu, la tragédie qui se monte sur scène commence à lui renvoyer le reflet de sa propre vie.




Il y a des oeuvres qui, au cœur d'une distribution annuelle de plus en plus dense, ce qui est à la fois une bénédiction (on ne compte plus les belles découvertes au fil des mercredis, des sorties traditionnelles aux ressorties occasionnelles) et une source de frustration incroyable (car il est humainement impossible de tout voir, sauf cas exceptionnels), nous cueillent sans qu'on ne les voit forcément venir, des petites surprises que l'on se doit de chérir tout autant que de partager, à l'image des paris souvent (très) risqués opérés par des petits distributeurs courageux.

Copyright IFC

Ghostlight, estampillé premier long-métrage en tandem d'Alex Thompson (qui s'était déjà aventure à la réalisation en solo avec la comédie dramatique Saint Frances) et Kelly O'Sullivan, est indiscutablement de celles-là, magnifique comédie dramatique prenant les courbes d'une sincère et délicate invitation à embrasser le pouvoir réconfortant et guérisseur du théâtre amateur.

Il y a une pureté délicate, presque crue dans la manière dont les deux wannabes cinéastes affirme les racines théâtrales de leur effort comme celle avec laquelle ils scrutent méticuleusement l'essence même des relations humaines, cloués qu'ils sont aux basques d'un ouvrier du bâtiment quinquagénaire et taiseux (formidable Keith Kupferer, qui joue également avec sa propre famille à l'écran) qui, de façon un poil forcée et à l’insu de sa famille, intègre une troupe de théâtre amateur qui met en scène Roméo et Juliette, une pièce dont la tragédie légendaire va, non sans humour, lui renvoyer le reflet de sa propre vie, plongée dans le deuil (il ne s'est jamais remis de la mort de son fils), la solitude et la colère aussi bien professionnellement qu'intimement, d'autant qu'il refuse d'aborder - et encore plus affronter - ses propres sentiments  comme sa vulnérabilité machiste.

Copyright IFC

Mêlant brillamment humour et émotion au cœur d'une narration certes cousue de fil blanc (on s'en moque, littéralement) mais surtout savamment lancinante et riche en allusions Shakespeariennes, qui laisse respirer son histoire comme ses personnages, Ghostlight se fait une séance tout autant douce-amère que profondément humaine sur la puissance cathartique de l'art et sa capacité à guérir/reconstuire même les âmes les plus meurtries.

Clairement, l'une des séances les plus douces et attachantes du moment.


Jonathan Chevrier